"Ce qui nous intéressait avec un collègue, c'était le côté comité d’entreprise pas tellement délégué du personnel. Et à ce moment-là, comme personne ne s'est présenté, on l'a fait. <strong>Le</strong> directeur de l'époque nous y a incité aussi." (Salarié protégé, membre comité d’entreprise, délégué du personnel, non-syndiqué, 29 ans, cadre, Bac+2, PME, demande de <strong>licenciement</strong> économique) "(Pourquoi vous dîtes que vous avez été obligée de faire partie du CHSCT ?) Parce qu’en fait il n’y a eu personne dans la société pour se présenter dans ce truc-là. […] La DRH nous a expliqué qu’à défaut… (Salariée protégée, délégué du personnel, membre du CHSCT, non-syndiquée, 33 ans, CAP, agent de maîtrise, PME, demande de <strong>licenciement</strong> économique) <strong>Le</strong>s registres argumentaires <strong>des</strong> directions sont repris par les <strong>salariés</strong> pour décrire l'historique de l'entreprise. La responsabilité <strong>des</strong> dirigeants, par exemple, n'est pas, dans ce cas, interrogée par les <strong>salariés</strong>. C'est le poids <strong>des</strong> contraintes qui s'expriment ici et qui pèsent indifféremment sur l'entreprise (la hiérarchie) et les <strong>salariés</strong>. 32
1) Un positionnement facilité par l'absence de référence aux organisations syndicales Ce type de positionnement est particulièrement marqué chez les représentants du personnel qui n'appartiennent pas à une organisation syndicale. Or, alors que les règles et procédures qui régissent les relations collectives <strong>des</strong> <strong>salariés</strong> ont été construites sur l'idée d'une représentation de ceux-ci par les organisations syndicales, force est de constater que la représentation <strong>des</strong> <strong>salariés</strong> se fait largement en dehors d'organisations syndicales, donc en dehors d'organisations structurées. Cependant, les statistiques existant sur les candidatures aux élections professionnelles et la ventilation entre syndiqués et nonsyndiqués doivent être lues attentivement. Sur une longue période, qui s’achève en 1991, l'audience syndicale n'a cessé de s'éroder en même temps que le taux de participation baissait. En 1991, presque un tiers <strong>des</strong> suffrages exprimés s’est reporté sur une liste non syndicale. Depuis, la tendance s'est plutôt inversée et les listes syndicales CGT et CFDT font jeu égal avec les listes non syndicales 1 . Ce retournement de tendance semble en grande partie être conjoncturel, car lié à la mise en place de la réduction du temps de travail et au large mouvement de négociation <strong>des</strong> accords d'entreprise qu'elle a entraîné. En outre, les informations obtenues dans notre enquête qualitative montrent la présence de nonsyndiqués dans <strong>des</strong> listes syndicales, soit que celles-ci n'arrivent pas à accueillir suffisamment de candidats au sein de chaque organisation, soit que la présentation de candidats non-syndiqués constitue une stratégie d'ouverture de la part <strong>des</strong> syndicalistes. De plus, on constate que l'implantation syndicale ou l'audience syndicale est très fortement segmentée : tandis que les gran<strong>des</strong> entreprises demeurent le terrain d'implantation <strong>des</strong> organisations syndicales (les listes non-syndiquées n'y représentent qu'un part marginale : 3,2% <strong>des</strong> suffrages exprimés en 2001), il en va tout autrement dans les petites entreprises : l'audience syndicale diminue en parallèle à la taille de l'entreprise et pour les entreprises de moins de 50 <strong>salariés</strong>, les non-syndiqués recueillent plus de la moitié <strong>des</strong> suffrages (56,8% en 2001) 2 . Cette segmentation joue aussi, mais à un degré moindre, selon les secteurs d'activité : les non-syndiqués sont, pour ces élections, quasi inexistants dans l'énergie (1,5%) ou dans l'industrie automobile (5,5%), les activités financières (6,6%) et dans l'administration (7,5%) alors que leurs suffrages dépassent le tiers dans l'agriculture, sylviculture, pêche (44,2%), la construction (37,9%) et le commerce (37,4%) 3 . Un autre indicateur révèle la même tendance : sur une longue période, le nombre de conflits se traduisant par une cessation du travail s'inscrit à la baisse : le nombre de jours de grève a été divisé par 4 entre 1975 et 1991 (passant de presque 4 millions de jours de grève à moins d'un million dans le secteur privé) et reste stable depuis, hormis le pic de 1995 (plus de 2 millions de jours de grève) 4 . Pour autant, ce basculement de la représentation syndicale vers <strong>des</strong> listes non-syndiquées, tout comme la diminution <strong>des</strong> grèves, ne signifie pourtant pas que nous entrons dans une ère de paix et de consensus entre les <strong>salariés</strong> et leurs employeurs. <strong>Le</strong>s nombreux débats autour de la souffrance au travail ou encore l’inscription, dans la loi, de la notion de harcèlement attesteraient plutôt du contraire. Plus certainement, les formes de représentation, les références <strong>des</strong> individus qui y postulent, comme les affrontements entre <strong>salariés</strong> et dirigeants doivent être ré-analysés à partir de notions et d'outils différents de ceux qui étaient utilisés pour comprendre les rapports <strong>salariés</strong> – dirigeants dans la période où le modèle fordiste servait de référence. Tandis que <strong>des</strong> pans entiers de l'économie et du salariat étaient très loin de s'inscrire dans ce modèle, c'est pourtant sur lui que se focalisaient les étu<strong>des</strong> sur la représentation syndicale et sur l'analyse <strong>des</strong> rapports antagonistes <strong>salariés</strong>-patronat. 2) Des références personnelles à l'intérêt collectif <strong>Le</strong> choix <strong>des</strong> "gens" et la méconnaissance ou le rejet <strong>des</strong> syndicats On ne doit pourtant pas comprendre ce mode d'occupation comme une orientation purement individualiste ou utilitaire de certains <strong>salariés</strong>. <strong>Le</strong>s <strong>salariés</strong> <strong>protégés</strong> font en effet souvent référence à un intérêt collectif, mais il est très faiblement formalisé et se décrit de manière vague. "J’avais envie d’aider les gens tout simplement […] Quelqu’un qui a un problème, pouvoir l’aider avec mes maigres moyens, pouvoir lui accorder du temps et essayer de solutionner ça, ça a toujours été mon rêve de faire du social, c’était un moyen comme un autre.» (Salariée protégée, délégué du personnel, 1 <strong>Le</strong> <strong>Mo</strong>igne C. (2003), "Elections aux comités d'entreprise en 2001", Premières informations, octobre 2003 n°43.2. 2 Ibid. 3 Ibid. 4 Merlier R. (2003), "<strong>Le</strong>s conflits en 2001 : une légère baisse", Premières informations, août 2003 n°34.1. 33
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