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Le licenciement des salariés protégés (DE février 2006) (pdf - 1.1 Mo)

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ça, et j'ai conduit l'employeur à me dire en fait que tout ce qu'il reprochait à l'employé, c'étaient<br />

<strong>des</strong> déductions et non pas <strong>des</strong> constatations. Donc je lui ai dit qu'il y avait bénéfice du doute pour le<br />

salarié. Et je lui ai proposé en fait, d'éviter d'être désavoué, donc pour lui, il était peut-être plus<br />

simple de retirer sa demande que d'attendre que je prenne une décision. Alors il me dit ça veut dire<br />

que vous allez me refuser. Je lui ai répondu avec toutes les questions que je vous ai posées, avec<br />

toutes les impasses sur lesquelles je vous ai conduit, vous pensez quoi ? Il répond que vous allez me<br />

le refuser. Alors je lui ai dit que le plus simple pour lui c'était de retirer sa demande et de prendre<br />

une sanction, éventuellement de mise à pied, sur laquelle je n'ai pas à me prononcer, plutôt que de<br />

recevoir une décision refusant son <strong>licenciement</strong> et que le salarié va brandir demain en disant :<br />

voyez, le patron voulait me licencier, il est désavoué, et c'est lui [le patron] qui perdrait la face."<br />

(Inspecteur du travail)<br />

Certains inspecteurs du travail utilisent cette connaissance du terrain afin d’élaborer de véritables stratégies obéissant à<br />

une certaine représentation de leur rôle.<br />

"Je pense qu’il faut qu’on soit capable, mais là, c’est un autre débat, ce n’est plus l’autorisation<br />

administrative ou le refus d’autorisation, c’est que si les gens ne supportent plus parce qu’ils ne sont pas<br />

en situation d’exercer leur mandat de délégué, il faut les protéger autrement y compris en mettant <strong>des</strong> PV,<br />

en menant <strong>des</strong> enquêtes pour délit d’entrave, etc… C’est un cadre contraignant, je sais qu’à un moment<br />

donné, je suis obligé de faire passer ce que je ramasse dans mes filets dans <strong>des</strong> mailles qui ont tel<br />

diamètre et qu’il faut présenter le bébé de telle façon, c’est tout. À la fois je ne m’affranchis pas de ça<br />

parce que je sais que je ne peux pas prendre de décisions qui ne tiennent pas compte de ça sinon, on<br />

flambe, et en même temps, je ne suis pas complètement polarisé là-<strong>des</strong>sus, parce qu’à l’occasion d’une<br />

enquête, par exemple, la révélation d’une situation de délit, je ne m’interdis jamais personnellement, bien<br />

que ça fasse débat dans le corps, de relever le PV. Ça m’est déjà arrivé de sortir d’une enquête en disant :<br />

j’autorise le <strong>licenciement</strong> ou je refuse le <strong>licenciement</strong>, et je vous mets un PV pour délit d’entrave, etc…<br />

Parce que j’ai constaté dans l’enquête qu’il y avait <strong>des</strong> problèmes. Évidemment, ça ne calme pas les<br />

choses, mais quand on n’a plus moyen de faire autrement, c’est ce qu’il faut faire." (Inspecteur du travail)<br />

C’est l’idée que l’on retrouve exprimée par un autre inspecteur du travail qui développe de véritables tactiques dans<br />

lesquelles les critères d'opportunité sont premiers :<br />

"Je m’étais dit que s’il y avait une difficulté autour du volontariat [suite au plan social], à savoir protéger<br />

<strong>des</strong> gens qu’on force à être licenciés, peut-être aussi pour préparer la suite <strong>des</strong> évènements, il était<br />

intéressant que je me saisisse de cette opportunité comme d’une fenêtre de tir, qui est le seul moment et la<br />

manière la plus claire dans laquelle l’inspecteur du travail peut venir dans le débat d’un <strong>licenciement</strong>."<br />

(Inspecteur du travail)<br />

Toutefois, les relations entre inspecteur du travail et <strong>salariés</strong> <strong>protégés</strong> ne vont pas toujours de soi. Par exemple dans la<br />

même entreprise, on peut avoir deux perceptions opposées du même inspecteur du travail.<br />

"C’est un garçon (l'inspecteur du travail), je ne l’ai vu qu’une fois, mais comme tous les inspecteurs du<br />

travail, on le sent hargneux." (PDG, PME)<br />

"Ce dont je suis sûr, c’est que (l'inspecteur du travail) n’est pas un type qui cherche à défendre les<br />

<strong>salariés</strong>.» (Salarié protégé, membre du comité d’entreprise, délégué du personnel, syndiqué, 37 ans, cadre,<br />

Bac+2, PME, demande de <strong>licenciement</strong> pour faute)<br />

3) <strong>Le</strong>s appréciations se fondent sur l'interrelation<br />

<strong>Le</strong>s positions de chacun, la reconnaissance ou non de la légitimité, de la compétence, ou plus généralement de la valeur<br />

sociale de l'interlocuteur, a pour effet de s'en faire soit un allié, soit un ennemi.<br />

C'est la création d'une inimitié qui nous est racontée ci-<strong>des</strong>sous. C'est la capacité supposée du salarié protégé<br />

d'intervenir dans le domaine d'expertise de l'inspecteur du travail et de lui dicter ce qu'il doit faire qui cristallise cette<br />

inimitié.<br />

"La 1 ère fois qu’on a rencontré (l'inspection du travail), je ne vais pas dire qu’on avait un énorme savoir,<br />

mais on avait une idée théorique sur le fonctionnement du comité d’entreprise et de comment fonctionne<br />

l’inspecteur du travail. Donc on est arrivé là fort de notre savoir. […] Donc on lui a dit : "on est venu vous<br />

voir pour que les choses avancent, pour que les <strong>salariés</strong> ne soient plus grugés, que ce soit les congés de<br />

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