Le licenciement des salariés protégés (DE février 2006) (pdf - 1.1 Mo)
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INSPECTION DU TRAVAIL<br />
20ème Section<br />
Nanterre, le 29 novembre 2002<br />
REF<br />
<strong>DE</strong>CISION<br />
L'Inspecteur du Travail, par intérim, soussigné XX.,<br />
Vu la demande d'autorisation de <strong>licenciement</strong> de <strong>Mo</strong>nsieur Y. Conseiller du salarié et ancien délégué<br />
syndical, présentée le 29 octobre 2002 par la société X sise […], au motif suivant: abandon de poste non justifié<br />
depuis le 14 octobre 2002,<br />
Vu les articles L 122-14-16, L 412-18 et R 436-1 et suivants du Code du Travail,<br />
Vu la convocation à l'entretien préalable du 22 octobre 2002,<br />
Vu la prolongation du délai d'enquête notifiée aux parties le 5 novembre 2002,<br />
Vu les éléments recueillis lors de l'enquête effectuée le 15 novembre 2002,<br />
Considérant que <strong>Mo</strong>nsieur Y., convoqué à fins d'enquête contradictoire par courriers <strong>des</strong> 5 et 19 novembre<br />
2002, n'a pas souhaité répondre à cette invitation,<br />
Considérant en conséquence, à défaut d'arguments présentés par le salarié, que résulte <strong>des</strong> éléments<br />
recueillis lors de l'enquête la réalité du motif invoqué,<br />
Considérant que ce motif constitue une faute de nature à justifier le <strong>licenciement</strong> de <strong>Mo</strong>nsieur T.,<br />
Considérant que la demande d'autorisation de <strong>licenciement</strong> est sans lien avec les mandats détenus par l'intéressé,<br />
<strong>DE</strong>CI<strong>DE</strong><br />
L'autorisation de procéder au <strong>licenciement</strong> de <strong>Mo</strong>nsieur Y. est ACCOR<strong>DE</strong>E<br />
L'Inspecteur du Travail par Intérim<br />
XX<br />
L’issue de l’enquête contradictoire est conditionnée par l’apport <strong>des</strong> parties, c’est-à-dire leur contribution et leur<br />
investissement personnels. <strong>Le</strong> contrôle de l’inspecteur du travail s’appuie sur les "contributions", inégales, <strong>des</strong> parties.<br />
Elles varient, dans les formes et sur le fond, suivant que l’on a affaire à l’employeur ou au salarié. Placé dans la<br />
situation juridique du demandeur, l’employeur est tenu de motiver sa demande et donc d’exposer les motifs qui<br />
justifieraient, selon lui, le <strong>licenciement</strong> du salarié protégé. Sa demande apparaît, par les analyses de dossiers déjà<br />
réalisées, étayée ; elle s’appuie sur un certain nombre de documents écrits fournis à l’inspecteur du travail et dont la<br />
nature et le nombre varient suivant le motif du <strong>licenciement</strong>. L’employeur peut ainsi se pré constituer un certain nombre<br />
de "preuves" à l’appui de sa demande (dont il maîtrise le déclenchement). Il arrive que <strong>des</strong> dossiers de deman<strong>des</strong> de<br />
<strong>licenciement</strong> apparaissent "construits", revêtus en quelque sorte d’un "habillage juridique". <strong>Le</strong> salarié se trouve, quant à<br />
lui, dans la position de défendeur. Exception faite <strong>des</strong> cas de discrimination syndicale ou de harcèlement professionnel,<br />
le salarié ne semble pas préparer de dossier. Ce faisant, l’entretien personnel réalisé avec l’inspecteur du travail se<br />
révèle alors être le lieu privilégié où le salarié va livrer sa version du litige. Face à une personne extérieure à<br />
l’entreprise, dans un lieu "neutre" et hors présence de l’employeur ou d’un de ses représentants, la parole du salarié se<br />
trouve libérée. L’analyse de certains dossiers montre que l’inspecteur du travail peut "fonder son intime conviction" à<br />
partir d’éléments qui, afin de préserver <strong>des</strong> intérêts tiers (<strong>salariés</strong> demeurés dans l’entreprise, par exemple) et<br />
conformément au droit, demeureront confidentiels et n’apparaîtront pas dans la motivation 1 . L’analyse <strong>des</strong> pratiques<br />
montre qu’une large partie de l’issue du conflit peut se jouer lors de l’entretien préalable dès lors qu’il permet que se<br />
libère la parole.<br />
"Il est évident que même si vous connaissez une partie <strong>des</strong> réalités de l’entreprise, il y a une bien plus<br />
grande partie qui vous échappe, mais cette partie-là, on compte aussi sur le salarié pour vous l’apporter<br />
lors de l’enquête contradictoire. C'est-à-dire que si lui pense qu’il y a un lien avec le mandat, vous lui<br />
1 Selon le Conseil d’Etat, l’inspecteur du travail, tenu d’un devoir de réserve, n’est pas "tenu de communiquer à la société l'ensemble<br />
<strong>des</strong> témoignages qu'il avait recueillis au cours de l'enquête contradictoire" (Conseil d'Etat 3 fév. 1992, Sté Bonny, n° 113890, non<br />
publié).<br />
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