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Le licenciement des salariés protégés (DE février 2006) (pdf - 1.1 Mo)

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"Je vais juste vous donner un petit détail sur pourquoi on s’est présenté : c’est Y qui, le premier, est allé<br />

chercher son mandat pour créer la cellule et se présenter aux élections. 15 jours après il avait une<br />

convocation pour <strong>licenciement</strong>." (Salarié protégé, délégué syndical, cadre, 42 ans, Bac, PME, demande de<br />

<strong>licenciement</strong> pour faute)<br />

Cette analyse est corroborée par <strong>des</strong> responsables syndicaux locaux : selon le secrétaire général d’une Union<br />

départementale CGT, P. Varelat, on a de plus en plus de recours, dans les entreprises moyennes, aux deman<strong>des</strong><br />

d’autorisation lors <strong>des</strong> pério<strong>des</strong> de revendication ; le <strong>licenciement</strong> apparaît alors lié à l’implantation syndicale.<br />

La vision d’un syndicat "belliciste" trouve un écho chez certains <strong>salariés</strong> <strong>protégés</strong> non-syndiqués qui, expliquant leur<br />

non-affiliation, font état de leur volonté de rester "neutre", <strong>des</strong> risques d’être "bloqué" par un syndicat. Pour un autre<br />

salarié protégé, le syndicat est synonyme d'agressivité.<br />

"Je pense qu’on se syndique quand on veut être beaucoup plus agressif, je pense qu’en s’expliquant bien,<br />

on n’en a pas besoin." (Salariée, membre du comité d’entreprise, déléguée du personnel, non-syndiquée,<br />

cadre, 54 ans, BEPC, PME, demande de <strong>licenciement</strong> économique)<br />

<strong>Le</strong> recours au syndicat intervient comme une arme défensive, ainsi que l’explique une salariée protégée secrétaire de<br />

comité d’entreprise.<br />

"Pour se défendre ; [ avant la succession de plans de <strong>licenciement</strong>s], je n’avais pas de raisons d’être<br />

syndicaliste […]. Je suis [à la CFDT] depuis 6 ans maintenant suite aux menaces que nous avons eues<br />

parce qu’il n’y a pas que moi, et avec plusieurs personnes ; pour se défendre on a crée un syndicat."<br />

(Secrétaire du comité d’entreprise, déléguée syndical, 58 ans, PME)<br />

De ce fait, le mandat sert aussi parfois les intérêts immédiats de celui qui l’occupe, qu’il s’agisse de petites ou de<br />

grosses entreprises. <strong>Le</strong> salarié peut chercher à se protéger, ce qui est le cas dans cette entreprise de type paternaliste,<br />

divisée en petits établissements répartis sur la France entière.<br />

"[<strong>Le</strong> PDG] nous a demandé pourquoi on s’était syndiqué, on lui a répondu que c’est parce qu’on voulait<br />

passer au 1 er tour et avoir une protection parce qu’on avait peur." (Salarié protégé, délégué syndical,<br />

cadre, 42 ans, Bac, PME, demande de <strong>licenciement</strong> pour faute)<br />

Un autre salarié protégé de la même entreprise confirme cette analyse.<br />

" Quand on s’est syndiqué, c’était uniquement pour être réglo, on n’en avait rien à foutre <strong>des</strong> syndicats,<br />

on ne savait même pas comment ça marchait vraiment, on était même assez sceptique par rapport à tout<br />

ça. On avait une image <strong>des</strong> syndicats qui n’était pas très bonne, pas très valorisante, mais on se disait que<br />

pour être élu, le meilleur moyen, c’était d’être syndiqué. On était aussi conscient que ça pouvait nous<br />

apporter aussi <strong>des</strong> ai<strong>des</strong> en termes de formation, en termes de soutien, de beaucoup de choses." (Salarié<br />

protégé, membre du comité d’entreprise, délégué du personnel, syndiqué, 37 ans, cadre, Bac+2, PME,<br />

demande de <strong>licenciement</strong> pour faute)<br />

<strong>Le</strong> salarié protégé peut également se servir de son statut de représentant du personnel afin de bénéficier <strong>des</strong> mesures<br />

qu’il a lui-même contribué à mettre en place par la négociation : c’est le cas dans un grand groupe ayant mis en place<br />

deux plans sociaux particulièrement attractifs. Si les <strong>salariés</strong> se servaient de leur mandat pour rester, aujourd’hui ils s’en<br />

servent pour partir. Il faut sans doute y voir, pour la responsable <strong>des</strong> relations sociales de ce groupe, le résultat d’une<br />

culture spécifique.<br />

"Une culture où tout se négocie amenée par les plans sociaux […] où les délégués […] se servent les<br />

premiers ". (Pourquoi avez-vous accepté les <strong>salariés</strong> <strong>protégés</strong> dans le plan, parce que ça fait quand même<br />

<strong>des</strong> procédures en plus ?) Je pense que si on avait refusé, on se serait fait lyncher vu le niveau de<br />

deman<strong>des</strong> et de pression qu’il y avait. <strong>Mo</strong>i ça me posait vraiment beaucoup de questions, la réunion de<br />

DP tournait à de la consultation individuelle, les DP étaient là et posaient <strong>des</strong> questions pour eux. Il y en<br />

avait un en particulier, qui est parti dans le cadre de ce plan et dont je me souviendrai pendant très<br />

longtemps, ils étaient dans une logique qui me rappelle la revue "<strong>Le</strong> Particulier", de comment je peux<br />

gagner encore plus, comment je peux faire encore plus. Donc ils grattaient, ils étaient tous avec leur<br />

logiciel Excel dans tous les sens, ils faisaient <strong>des</strong> simulations, et ils revenaient avec <strong>des</strong> questions très<br />

pointues, c’était impressionnant parce que du coup, on retrouvait toute la force de [l’entreprise]. Ils<br />

faisaient <strong>des</strong> groupes de travail (C’était l’autogestion ?) Oui, mais dans l’esprit de [l’entreprise], c’est<br />

normal, dans la culture qualité de [l’entreprise], quand quelque chose ne va pas, on fait un groupe de<br />

travail, alors en plus, comme c’était <strong>des</strong> anciens, ils étaient piqués à cette culture-là. Donc ils ont fait<br />

exactement comme ils auraient fait avec un problème business de base, dans lesquels ils faisaient <strong>des</strong><br />

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