26.06.2013 Views

Le licenciement des salariés protégés (DE février 2006) (pdf - 1.1 Mo)

Le licenciement des salariés protégés (DE février 2006) (pdf - 1.1 Mo)

Le licenciement des salariés protégés (DE février 2006) (pdf - 1.1 Mo)

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

B) <strong>Le</strong> management intégratif ou paternaliste ne supporte pas l'opposition<br />

Il en va tout autrement dans les organisations plus petites, dont l'archétype est une entreprise créée par sont dirigeant et<br />

dont il est encore souvent encore le seul propriétaire. Nous avons déjà, en creux à partir de la <strong>des</strong>cription du<br />

comportement <strong>des</strong> <strong>salariés</strong> <strong>protégés</strong> qui personnalisent leur mandat, ébauché le management qui y règne habituellement.<br />

Un salarié protégé le résume de manière saisissante.<br />

"Je ne vais pas dire que c’est de l’esclavage mais il faut être disponible et surtout bien rentrer dans le<br />

moule, il y a un moule et il faut rentrer dedans" (Salarié protégé, membre du comité d’entreprise et du<br />

CHSCT, syndiqué, agent de maîtrise, 28 ans, BTS, PME, demande de <strong>licenciement</strong> pour inaptitude)<br />

En effet, chez les dirigeants, la confusion est souvent faite entre leur individualité et leur entreprise, qui leur apparaît<br />

comme un prolongement d'eux-mêmes.<br />

"<strong>Le</strong> patron de K., de droit divin, était seul manager d’une entreprise qui a très vite augmenté ses effectifs<br />

et son activité. Ce qu’il sait faire c’est du paternalisme autoritaire, c’est tout ce qu’il sait faire, comme<br />

beaucoup de fondateurs d’entreprises, c’est plutôt familial. […] C’est une boîte familiale donc il y a<br />

plusieurs membres de sa famille qui sont également dans les cadres dirigeants de la société." (Inspecteur<br />

du travail)<br />

Cette conception de l'organisation a pour corollaire une restriction importante de l'accès aux informations, et une<br />

absence de discussion sur les finalités et les objectifs de l'entreprise.<br />

"Ils étaient déjà tellement défavorables au syndicat […] C’est surtout (le dirigeant) et c’est surtout une<br />

politique qui est basée sur la non-divulgation d’informations, c'est-à-dire que les <strong>salariés</strong> ne doivent pas<br />

savoir comment fonctionne l’entreprise, ce n’est pas leur boulot. Donc à partir de ce moment-là, à partir<br />

du moment où en tant que CE on veut connaître parce que ça fait partie de notre travail de connaître<br />

comment fonctionne l’entreprise, comment est géré la machine pour pouvoir le diffuser aux <strong>salariés</strong> dans<br />

une certaine mesure, lui ne supporte pas ça, il ne supporte pas qu’on vienne mettre le nez dans ses<br />

affaires. Donc <strong>des</strong> gens comme nous, pour lui, on est vraiment <strong>des</strong> fouilles merde, il ne supporte pas <strong>des</strong><br />

mecs comme nous, c’est viscéral." (Salarié protégé, membre du comité d’entreprise, délégué du personnel<br />

, syndiqué, 37 ans, cadre, Bac+2, PME, demande de <strong>licenciement</strong> pour faute)<br />

En effet, toute intervention externe est vécue comme une intrusion intolérable. C'est par exemple le cas d'une<br />

responsable de production pour qui l'enquête que nous réalisons ne saurait recueillir que <strong>des</strong> informations générales et<br />

ne pas se mêler du <strong>licenciement</strong> en cours car elle soupçonne tous ces acteurs externes, comme elle l'affirme en ce qui<br />

concerne l'inspecteur du travail, d'avoir <strong>des</strong> a priori en défaveur de l'entreprise.<br />

"Je ne veux pas parler du <strong>licenciement</strong>, je ne veux pas revenir sur le <strong>licenciement</strong>, j’ai été claire là-<strong>des</strong>sus.<br />

[…] C’était très clair, je ne voulais même pas qu’on se rencontre parce que je sais que ça va être stérile au<br />

final. […] L’inspecteur du travail, c’est défense à 100% du salarié, ce n’est absolument pas neutre, c’est<br />

certain." (Responsable de production, PME)<br />

Cette crainte de remise en cause <strong>des</strong> orientations patronales et hiérarchiques s'applique aussi à toute organisation<br />

collective et a fortiori syndicale qui pourrait porter la contestation.<br />

"Il y avait une grande peur de la direction par rapport aux syndicats" (Membre du comité d’entreprise,<br />

syndiqué, PME)<br />

Cette crainte et ce désaccord prennent leur source dans une conception particulière <strong>des</strong> relations sociales, qui devrait,<br />

d'après eux, rester cantonnée aux œuvres sociales.<br />

"Donc pendant 2 ans, il n’y a eu aucun avancement social dans cette société tout simplement parce que<br />

les gens ne venaient pas faire de l’avancement social, ils venaient chercher un conflit permanent." (DRH,<br />

PME)<br />

En outre, cette opposition de principe aux syndicats se double d'un rapport particulier aux représentants du personnel<br />

qui tentent d'assumer leur mandat. Ceux qui se sont présentés de leur propre initiative sont immédiatement perçus<br />

comme <strong>des</strong> ennemis et traités comme tels, comme l'indiquent les extraits d'entretiens ci-<strong>des</strong>sous.<br />

50

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!