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Le licenciement des salariés protégés (DE février 2006) (pdf - 1.1 Mo)

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Malheureusement, donc, je ne peux pas me sentir lié et en plus il faudrait un comité d’entreprise<br />

extrêmement malin et qui ait extrêmement bien étayé le dossier pour qu’on puisse utiliser vraiment les<br />

éléments qu’il y a eu dans les débats du comité d’entreprise. Ce qui arrive de temps en temps ; ce sont les<br />

plus gros <strong>licenciement</strong>s économiques et ces malins savent nous procurer du biscuit pour qu’on puisse le<br />

faire mais c’est très rare." (Inspecteur du travail)<br />

L’analyse <strong>des</strong> avis rendus fait parfois ressortir le caractère quelque peu formel de la décision du comité d’entreprise. On<br />

ne peut, en effet, que s’étonner, à la lecture de certains dossiers de deman<strong>des</strong> de <strong>licenciement</strong>s pour motif économique,<br />

de constater que la réunion du comité d’entreprise au cours de laquelle l’avis doit être rendu constitue aussi le moment<br />

où la direction expose ses projets de restructuration. Cette concomitance est d’autant plus étonnante que le comité<br />

d’entreprise devait légalement avoir été déjà consulté sur <strong>des</strong> projets de ce type 1 . Dans d’autres dossiers, on ne<br />

comprend pas pourquoi il n’est fait aucune référence aux consultations et avis rendus antérieurement au projet de<br />

restructuration. On peut alors légitimement s’interroger sur la capacité d’appréhension, par le comité d’entreprise, de la<br />

situation globale de l’entreprise, tant au plan économique que social. Ce constat de "déconnexion" entre le volet<br />

économique et social peut donner à penser que le rôle du comité d’entreprise est alors quelque peu "formel".<br />

Cette faible prise <strong>des</strong> IRP sur les données économiques, notamment lors de successions de plans de sauvegarde de<br />

l’emploi, de fusions, de cessions… se révèle lors d’entretiens réalisés avec <strong>des</strong> secrétaires de comité d’entreprise. <strong>Le</strong>s<br />

représentants <strong>des</strong> <strong>salariés</strong> sont démunis;<br />

"On était assez perdus. […] On avait tellement entendu de choses avant. […] On ne savait plus ce que<br />

l’on devait croire" (Secrétaire de comité d’entreprise, PME)<br />

<strong>Le</strong>s représentants du comité d’entreprise connaissent <strong>des</strong> difficultés pour appréhender une réalité économique et<br />

juridique extrêmement complexe, qui échappe aux béotiens.<br />

"En France, dans l’opinion publique commune […] on finit presque par admettre que dès lors qu’on dit<br />

que c’est économique, il n’y a même pas à contrôler que ce soit fondé"." (Inspecteur du travail)<br />

<strong>Le</strong> recours à un avocat permet alors parfois de combler ces carences.<br />

Cette faible prise sur les contexte économique et social s’explique également, pour partie, par la faible culture<br />

économique et juridique <strong>des</strong> membres du comité d’entreprise qui demeurent insuffisamment formés malgré le droit à<br />

congé dont ils disposent 2 .<br />

Au bout du compte, la relativité de l’avis de comité d’entreprise s’explique aussi par l’absence d’effet contraignant.<br />

"[…] C’est vrai que souvent les entraves aux IRP c’est souvent du formalisme, d’autant plus que le<br />

comité d’entreprise n’a pas un pouvoir de blocage il n’a qu’un pouvoir de consultation, donc, allez<br />

expliquer [aux magistrats] que c’est porter gravement atteinte à l’ordre public social que de ne pas avoir<br />

consulté le comité d’entreprise en amont sur telle décision, alors que le comité d’entreprise ne peut que<br />

dire : on n’est pas d’accord mais l’employeur n’en a rien à foutre et il peut quand même continuer à<br />

avancer, c’est un petit exercice intellectuel." (Inspecteur du travail)<br />

B) L’organisation syndicale<br />

L’intervention, au cours du conflit, de l’organisation syndicale contribue à figer le conflit (1). Elle apparaît, dès lors que<br />

le litige est né, comme une ressource mobilisée par le salarié protégé (2).<br />

1) La présence syndicale cristallise le conflit<br />

L’analyse de terrain montre que la présence syndicale cristallise le conflit : elle produit <strong>des</strong> effets différents selon le<br />

moment auquel elle intervient. Incontestablement, l’affiliation à un syndicat par un salarié protégé est mal perçue par<br />

l’employeur, comme si le salarié faisait entrer l’ennemi dans l'entreprise. Cela peut être vécu comme une déclaration de<br />

guerre dont la réponse est le <strong>licenciement</strong> du salarié.<br />

1 Art. L. 432-1, 2 e al. du Code du travail.<br />

2 Suivant l’article L. 451-1, 4 e al. du Code du travail, les <strong>salariés</strong> désireux de participer à <strong>des</strong> stages ou sessions de formation<br />

économique, sociale ou syndicale ont droit à <strong>des</strong> congés rémunérés dont la durée totale ne peut excéder, par an et par salarié, "douze<br />

jours ou dix-huit jours pour les animateurs <strong>des</strong> stages et sessions et pour les <strong>salariés</strong> appelés à exercer <strong>des</strong> responsabilités syndicales.<br />

La durée de chaque congé ne peut être inférieure à deux jours".<br />

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