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Passe Murailles n° 35 : Rester debout au trou - Webnode

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Avec ce projet de loi, le gouvernement prévoit en<br />

effet de créer, afin de réduire le nombre de peines<br />

en attente d’exécution 2 , 24 000 places de prison<br />

supplémentaires (dont 7 000 places dédiées <strong>au</strong>x condamnés<br />

à de courtes peines que la Loi pénitentiaire de 2009<br />

préconisait d’aménager 3 ) dans les<br />

cinq années à venir, mais <strong>au</strong>ssi d’ouvrir<br />

7 000 postes supplémentaires<br />

(dont 6 000 surveillants). Il est de<br />

plus question d’évaluer la « dangerosité<br />

» de tous les détenus.<br />

Selon Christine Lazerges,<br />

professeure de droit pénal à Paris-I<br />

et présidente du Club DJS – Droit<br />

Justice et Sécurité, cette loi élargit<br />

encore la figure du délinquant dan-<br />

Projet de loi sur l’exécution des peines<br />

gereux, notamment en généralisant le « diagnostic à visée<br />

criminologique » utilisé en prison pour adapter la prise en<br />

charge des détenus en fonction de leur passé et de leur<br />

risque de récidive. Selon elle, « des trav<strong>au</strong>x montrent<br />

<strong>au</strong>jourd’hui que ces notions de dangerosité stigmatisent<br />

Le Sénat sans voix<br />

Le 29 février dernier, l’Assemblée nationale a définitivement adopté le projet de loi sur l’exécution des peines.<br />

Ainsi, elle a rétabli l’intégralité du projet de loi que le Sénat, à majorité de g<strong>au</strong>che, avait vidé de son contenu, en<br />

première, puis en deuxième lecture, reprochant <strong>au</strong> gouvernement de privilégier « ll’’eennffeerrmmeemmeenntt », et de faire<br />

la part belle <strong>au</strong> secteur privé dans la construction des prisons, à travers un large recours <strong>au</strong> partenariat publicprivé<br />

1 .<br />

« DDEESS TTRRAAVVAAUUXX MMOONNTTRREENNTT<br />

AAUUJJOOUURRDD’’HHUUII QQUUEE CCEESS NNOOTTIIOONNSS DDEE<br />

DDAANNGGEERROOSSIITTÉÉ SSTTIIGGMMAATTIISSEENNTT EETT<br />

CCUUMMUULLEENNTT LLEESS HHAANNDDIICCAAPPSS PPOOUURR LLAA<br />

RRÉÉIINNSSEERRTTIIOONN DDEESS CCOONNDDAAMMNNÉÉSS.. EELLLLEESS<br />

NNEE SSEERRVVEENNTT EENN RRIIEENN LLAA LLUUTTTTEE CCOONNTTRREE<br />

LLAA RRÉÉCCIIDDIIVVEE.. CCEE NN’’EESSTT RRIIEENN DD’’AAUUTTRREE<br />

QQUU’’UUNN FFIICCHHAAGGEE TTOOUUTT AAUU LLOONNGG DDEE LLAA<br />

VVIIEE...... »<br />

15<br />

Par Claire vd Bogaard<br />

et cumulent les handicaps pour la réinsertion des<br />

condamnés. Elles ne servent en rien la lutte contre la récidive.<br />

Ce n’est rien d’<strong>au</strong>tre qu’un fichage tout <strong>au</strong> long de la<br />

vie... » 4<br />

Un article du projet de loi crée<br />

<strong>au</strong>ssi une obligation pour la justice<br />

d’informer les chefs d’établissements<br />

scolaire si un élève est placé<br />

sous contrôle judiciaire pour des<br />

crimes ou délits violents ou de<br />

nature sexuelle. Cette mesure fait<br />

suite <strong>au</strong> meurtre, en novembre dernier<br />

en H<strong>au</strong>te-Loire, d’une adolescente<br />

par un lycée de son internat<br />

qui avait été mis en examen pour<br />

viol en 2010. Le texte propose<br />

d’améliorer l’échange d’informations « entre la justice et<br />

les médecins qui suivent les personnes poursuivies ou<br />

condamnées pour des crimes ou délits violents ou de<br />

nature sexuelle ou justifiant un traitement et qui sont soumis<br />

à une obligation ou une injonction de soins ».<br />

NOTES<br />

1. « Il est anormal de se lier les mains avec trois opérateurs : Bouygues, Eiffage et<br />

Vinci », a jugé Dominique Raimbourg (PS).<br />

2. Grâce à ces nouvelles places de prison, le nombre de peines en attente d’exécution<br />

devrait être ramené, selon le gouvernement, à <strong>35</strong> 000 en 2017, contre 87 000<br />

à la fin de l’an dernier. Ce chiffre concerne uniquement les délits, les peines criminelles<br />

étant appliquées sans délai.<br />

3. La Commission nationale consultative des droits de l’Homme, dans son communiqué<br />

de presse du 29 février 2012, a ainsi constaté que « le projet discuté par<br />

l’Assemblée nationale entraine une véritable rupture doctrinale avec les précédentes<br />

réformes, notamment celle de 2009 [...] qui érigeait en principe l’aménagement<br />

des peines inférieures à deux ans ».<br />

4. « Avec cette loi, tout condamné devient un homme dangereux », Libération,<br />

21 février 2012.<br />

## 3<strong>35</strong>5 MMAARRSS/AVRRIILL 2201122

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