Passe Murailles n° 35 : Rester debout au trou - Webnode
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« MMaattoonn qquuii pplleeuurree...... »<br />
S’il y avait un consensus ces<br />
dernières années <strong>au</strong>tour de la<br />
gestion des cantines, c’était<br />
<strong>au</strong>tour de la gestion complètement<br />
aléatoire et inégale des cantines<br />
sur l’ensemble du territoire<br />
français, contrevenant de manière<br />
absolument incontrôlée sur un<br />
principe fondamental de l’action<br />
de l’État : l’égalité de tous devant le<br />
service public.<br />
En 1998, un rapport de l’administration<br />
pénitentiaire faisait déjà<br />
état de fortes disparités dans les<br />
prix des produits cantinables 1 , prix<br />
fixés dans certains établissements<br />
en prenant en compte des frais de<br />
gestion et d’investissements (achat<br />
de matériel bure<strong>au</strong>tique, de congélateurs).<br />
Ayant posé l’harmonisation<br />
des prix à la baisse comme un<br />
objectif, le gouvernement devait<br />
répondre de ses avancées en 2001, à la suite d’une question<br />
posée par le parlementaire Emmanuel Hamel 2 : pour<br />
les établissements à gestion publique, les chefs d’établissements<br />
avaient alors reçu une note rappelant les modalités<br />
de comptabilisation des frais, qui les enjoignait notamment<br />
d’appliquer un t<strong>au</strong>x réduit de ces frais sur les produits<br />
de première nécessité.<br />
Cependant, dix ans après le rapport de la commission<br />
d’enquête du Sénat 3 rappelant les conditions honteuses<br />
d’emprisonnement en France, et prônant <strong>au</strong> sujet<br />
des cantines que seule la réalisation des bons de cantine<br />
soit à la charge des détenus pour limiter les marges, les critiques<br />
de l’opacité du système sont renouvelées.<br />
En 2010, une enquête de fond est réalisée par la Cour des<br />
comptes 4 . Des écarts de prix entre établissements pénitentiaires<br />
allant jusqu’à 70 % sur des produits identiques sont<br />
alors mis en lumière, avec les prix les plus élevés re<strong>trou</strong>vés<br />
19<br />
par Martin Bég<strong>au</strong>d,<br />
trésorier national du GENEPI<br />
Depuis plusieurs années, la gestion des achats des produits par les personnes détenues<br />
<strong>au</strong> sein des établissements pénitentiaires, semblait décriée par de nombreux<br />
acteurs et observateurs de l’institution carcérale. Pourtant, alors qu’en début d’année,<br />
la direction de l’administration pénitentiaire décidait de réformer le système des<br />
cantines, des voix syndicales dénoncent – frisant la calomnie – cette modernisation<br />
d’un système opaque et profondément inique. Cela nous amène à interroger de nouve<strong>au</strong><br />
le rôle que se donnent certains syndicats pénitentiaires : promouvoir l’humain<br />
dans les relations professionnelles, ou soulever des tensions réactionnaires.<br />
le plus souvent dans les établissements où interviennent<br />
des délégataires privés de la gestion. Le « racket des cantines<br />
» 5 prend même des proportions indécentes dans certaines<br />
prisons : le chocolat est 129 % plus cher que le prix<br />
de la supérette voisine, et l’e<strong>au</strong>, 102 % 6 .<br />
Quand on sait que les personnes qui peuplent les<br />
prisons sont le plus souvent les citoyens les plus p<strong>au</strong>vres,<br />
le maintien de ces nive<strong>au</strong>x de marge reste profondément<br />
injuste 7 .<br />
Une fois n’est pas coutume, l’accord-cadre applicable<br />
le 2 avril est un pas en avant décisif pour tenir les<br />
engagements répétés dans le projet de loi de finances :<br />
harmoniser les prix, les réduire, et favoriser une règle simple<br />
de commande des produits en créant un catalogue<br />
national 8 . Ainsi ce sont 150 établissements à gestion<br />
publique qui modifieront leur système de cantine pour les<br />
200 produits les plus demandés par les personnes détenues.<br />
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