Passe Murailles n° 35 : Rester debout au trou - Webnode

# 35 MAARS//AAVRIL 2012
association
ment le fait de venir en tant que bénévole a aussi marqué
la distance. Le SPIP a très peu travaillé.
Le réseau s’est développé tout seul. Il est
aujourd’hui repris par un autre intervenant qui est professeur
de musique depuis douze ans en prison. Il a donc des
droits que moi, je n’avais pas !
Justement, par exemple, depuis janvier, il y a un détenu
qui enseigne le français à huit autres détenus. Ce qui est
intéressant, c’est qu’en tant que professeur de musique,
cet intervenant a depuis longtemps le droit de laisser des
détenus se retrouver pour faire de la musique entre eux.
Je pense qu’il a, petit à petit, brisé certaines frontières
entre les activités qui existent dans la prison.
Je lui ai demandé s’il pensait que le fait d’être là depuis
longtemps l’avait aidé. La réponse était clairement posi-
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tive. Au moment de reprendre le réseau, il y a eu beaucoup
de réticences. Il a alors organisé une réunion avec
tous les partenaires – parce que, maintenant, le réseau est
clairement sous l’association des détenus [ndlr : toutes les
personnes détenues qui participaient au réseau de Saint-
Mihiel appartenaient à l’association susvisée]. La situation
s’est débloquée, et, maintenant, il n’y a plus de crainte.
D’ailleurs, moi, je m’en suis rapprochée très tard de cette
association puisqu’il était impossible de savoir qui en était
le président. Personne ne le savait ! Aujourd’hui, c’est eux
qui prennent en charge le défraiement de l’animateur
grâce à la bourse Zoummeroff. Le réseau est autonome, de
même que l’association ; j’en suis aujourd’hui complètement
détachée.