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Entretien avec Mélanie Habart, du Rése<strong>au</strong> d’échanges réciproques de savoirs <strong>au</strong> centre de détention de Saint-Mihiel (Meuse) GENEPI / Pourriez-vous revenir sur les principes fondateurs des Rése<strong>au</strong>x d’échanges réciproques dans les années les 1970 ? Mélanie Habart / Les Rése<strong>au</strong>x sont un mouvement qui existe depuis quarante ans. Ils ont été expérimentés dans une école, ils partent donc d’une administration. C’est un système qui permet de s’échanger des savoirs, un système où la parité est la règle. Nous sommes tous détenteurs de savoirs, nous sommes tous en demande d’apprentissage tout <strong>au</strong> long de la vie et il n’y a pas de hiérarchie entre les savoirs. Tout savoir est intéressant dès lors qu’il intéresse quelqu’un. C’est un système qui est démonétisé, on n’a pas la monnaie fictive des systèmes d’échanges loc<strong>au</strong>x. Et puis, on est sur une démarche pédagogique, c’est-àdire que l’intérêt est de rendre l’<strong>au</strong>tre <strong>au</strong>tonome face à sa difficulté. Ce n’est pas faire à sa place quelque chose mais c’est bien lui apprendre à faire par lui-même. Le système est basé sur la réciprocité : « j’offre et je demande, je participe à l’organisation ». Le savoir est vu comme un bien universel et un bien commun : tout le monde peut, à un moment, avoir accès à un savoir. Par savoir, on entend des savoir-faire, des connaissances, des savoirs techniques, des expériences de vie <strong>au</strong>ssi. C’est très vaste. G / Les rése<strong>au</strong>x se sont-ils inspirés d’un mouvement ou d’une définition particulière de l’éducation populaire ? MH / Non, pas spécialement. Par exemple, pour Bar-le- Duc – puisque je coordonne un Rése<strong>au</strong> d’échanges sur la ville de Bar-le-Duc –, il s’est développé selon les besoins qui se sont faits jour sur la ville. Le centre social duquel il est parti, qui est, lui, ancré dans l’éducation populaire, a eu le souci de re-dynamiser la participation des habitants et de <strong>trou</strong>ver un billet pour qu’il y ait une vraie participa- 91 Par Manon Ve<strong>au</strong>dor Il est des prisons où les sourdes-oreilles se font moins pesantes, des lieux, donc, où l’expression des prisonniers semble moins tabou et où l’échange de savoirs n’est ni un mot creux, ni un vœu pieux. Mélanie Habart est coordinatrice d’un Rése<strong>au</strong> d’échanges réciproques de savoirs (RERS) à Barle-Duc, dans la Meuse. En 2009, elle a initié un Rése<strong>au</strong> en prison, <strong>au</strong> sein du centre de détention de Saint-Mihiel. Une « permanence » hebdomadaire s’est mise en place, laissant libre parole à l’offreur et <strong>au</strong> demandeur : « DDaannss uunn rréésseea<strong>au</strong>u dd’’éécchhaannggee,, iill yy aa llee tteemmppss ooùù ll’’oonn ddiitt ccee qquuee ll’’oonn vveeuutt ooffffrriirr oouu ttrraannssmmeettttrree.. PPuuiiss oonn pprrooccèèddee àà ccee qquuee ll’’oonn aappppeellllee uunnee mmiissee eenn rreellaattiioonn,, cc’’eesstt--àà--ddiirree qquuee ll’’ooffffrreeuurr eett llee ddeemmaannddeeuurr ssee rreennccoonnttrreenntt,, aavveecc uunn mmééddiiaatteeuurr,, qquueellqquu’’uunn ddee nneeuuttrree,, eett oonn ddiissccuuttee :: ““QQuuee cchheerrcchheess--ttuu ?? QQuuee vveeuuxx--ttuu aapppprreennddrree ?? QQuuee vveeuuxx--ttuu ooffffrriirr ??”” ». Le rése<strong>au</strong> s’est développé sur plusieurs mois, mêlé d’aléas, d’imprévus et de succès. tion active. Le rése<strong>au</strong> a répondu à ce besoin et s’est développé petit à petit. C’est-à-dire que le rése<strong>au</strong> va se développer selon les personnes qui sont dedans et selon le besoin <strong>au</strong>ssi qui sous-tend sa mise en place. G / D’où a émergé votre projet <strong>au</strong> sein de l’établissement de Saint-Mihiel ? Pourquoi avoir choisi le milieu carcéral ? Et quels ont été les liens entre les expériences que vous avez connues à l’extérieur et ce qui a été développé à Saint-Mihiel ? MH / L’idée est venue parce qu’en 2008, j’ai repris une cinquième année universitaire en Master 2 de sociologie, où il fallait faire un mémoire. Après, la question de la prise en charge des détenus m’intéresse à titre personnel depuis très longtemps. J’ai donc lié dans le cadre de mon mémoire mon expérience professionnelle de coordination d’un rése<strong>au</strong> ici, à mes aspirations personnelles. J’ai développé le rése<strong>au</strong> dans un centre de détention pour hommes qui se situe à <strong>35</strong> km de Bar-le- Duc, en pleine campagne, dans une petite ville de 5 000 habitants. J’avais à l’université des enseignements sur la vie en milieu carcéral et les projets qui ont pu être mis en œuvre. J’ai suivi l’intervention du Responsable de l’enseignement de la maison d’arrêt de Strasbourg. De ce qu’il a expliqué, lui travaillait sur l’illettrisme avec des détenus très jeunes. Sa façon de faire m’a complètement parlé et je n’étais pas encore très sûre de vouloir faire un rése<strong>au</strong> parce que je jouais mon année dessus, je pouvais <strong>au</strong>ssi échouer. Je suis donc allée le voir à la fin du cours en lui expliquant que j’avais l’intention de développer un rése<strong>au</strong>. Il m’a mis en contact avec ses homologues sur la Meuse, le Responsable local de l’enseignement de la maison d’arrêt de Bar-le-Duc et celui de Saint-Mihiel. Très vite, celui de Saint-Mihiel m’a téléphoné en me disant ## 3<strong>35</strong>5 MMAARRSS/AVRRIILL 2201122
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