Passe Murailles n° 35 : Rester debout au trou - Webnode
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DRR CCléémmentt BBeernis<br />
réponse mais ont cependant permis à leurs <strong>au</strong>teurs de se<br />
poser en acteurs de la détention, d’affirmer ainsi leur<br />
volonté de recouvrer leur dignité bafouée.<br />
Par leurs revendications, que certains journalistes dont on<br />
peut penser qu’ils méconnaissent les conditions de détention<br />
ont réduit à la demande de PlayStation, ces détenus<br />
brisaient le tabou de la prison pour rappeler <strong>au</strong>x<br />
citoyens qu’ils n’avaient pas <strong>au</strong>tant de droits que ceux qui<br />
vivaient « à l’extérieur » des murs.<br />
Il semble donc bien que ce biais permette <strong>au</strong>x prisonniers<br />
de conserver leur dignité : à travers une véritable contestation,<br />
publique et pacifique.<br />
53<br />
Mais, de manière générale, quel que soit<br />
le type d’individus, l’arrivée dans l’univers carcéral<br />
est vécue comme un choc. Physique,<br />
d’abord, puisque l’on est privé de tous ses<br />
effets personnels lors d’une fouille, mais <strong>au</strong>ssi<br />
et surtout psychologique car l’on passe d’un<br />
monde à un <strong>au</strong>tre, en tous points différents.<br />
Si le retour « actif » sur sa peine permet de<br />
conserver un semblant de dignité pour soimême,<br />
il est très difficile de le faire dans un<br />
environnement où la dignité perd, pour be<strong>au</strong>coup,<br />
son sens. Ce peut être le cas pour des<br />
détenus à l’égard desquels surveillants ou<br />
codétenus se sont montrés brut<strong>au</strong>x. Ainsi, des<br />
humiliations et passages à tabac subis par des<br />
détenus ne peuvent que faire perdre, de jour en<br />
jour, sa dignité à un homme, qui en plus de<br />
vivre dans 9m² 22 heures par jour, ne peut plus<br />
vivre que sous la menace des <strong>au</strong>tres.<br />
La violence, bien souvent banale en prison,<br />
notamment dans les cours de promenade, peut<br />
donc affecter le détenu dans son être, et cela de<br />
manière irréversible.<br />
La conservation de la dignité est donc un combat<br />
risqué, où ceux qui s’opposent, ou même ne vont pas<br />
dans le sens de pensée des <strong>au</strong>tres détenus, seront rejetés,<br />
voire frappés.<br />
De plus, la dignité des prisonniers peut être malmenée<br />
par l’administration pénitentiaire elle-même, qui<br />
par les fouilles quasi-systématiques (à chaque déplacement<br />
de détenu hors de sa cellule) va déposséder le<br />
détenu du peu de fierté qu’il lui reste.<br />
Dès lors, ce regard que subissent les prisonniers peut se<br />
renouveler à chaque fouille : l’individu n’existe plus que<br />
comme détenu, comme un vulgaire matricule…<br />
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