Le chien des Baskerville 1902 Sir Arthur Conan Doyle - Lire Sherlock
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considérable pour notre jolie voisine. Sentiment qui n’a rien de surprenant, car<br />
dans ces lieux déserts le temps pèse lourd à un homme aussi actif ; par ailleurs<br />
elle est d’une beauté fascinante. Dans son charme il y a quelque chose de<br />
tropical, d’exotique, qui contraste singulièrement avec la froideur et l’insensibilité<br />
de son frère. Celui-ci pourtant donne parfois l’impression que certains feux<br />
couvent en lui. Il exerce certainement une forte influence sur sa sœur, car j’ai<br />
remarqué qu’elle le regardait constamment quand elle parlait comme si elle<br />
quêtait son approbation. J’espère qu’il est gentil avec elle. Dans son regard il y a<br />
une lueur sèche, et ses lèvres minces se contractent parfois : ce qui indiquerait<br />
un tempérament positif, peut-être dur. Vous le jugeriez digne d’une étude<br />
particulière.<br />
Il s’est présenté à <strong>Baskerville</strong> dès de premier jour, et le lendemain matin il<br />
nous a conduits à l’endroit où l’on croit qu’a pris naissance la légende du<br />
méchant Hugo. Ce fut une excursion de plusieurs kilomètres à travers la lande<br />
vers un cadre si lugubre que sa tristesse a peut-être suggéré l’histoire. Une<br />
courte vallée bordée de rocs déchiquetés aboutit à une clairière herbeuse. Au<br />
centre se dressent deux gran<strong>des</strong> pierres, usées et terminées en pointe ; on dirait<br />
les crocs énormes d’une bête monstrueuse. Chaque détail correspond à la scène<br />
légendaire. <strong>Sir</strong> Henry demanda plusieurs fois à Stapleton s’il croyait vraiment à<br />
l’intervention du surnaturel dans les affaires humaines. Il parlait sur un ton<br />
léger, mais il était très sérieux. Stapleton lui répondit évasivement ; certes il ne<br />
voulait pas exprimer toute son opinion par respect pour les sentiments du<br />
baronnet. Il nous cita d’autres exemples de familles qui avaient eu à souffrir<br />
d’une mauvaise influence, et il nous laissa sur l’impression qu’il partageait la<br />
croyance populaire sur l’affaire.<br />
Sur le chemin du retour, nous nous arrêtâmes pour déjeuner à Merripit ; <strong>Sir</strong><br />
Henry fit donc la connaissance de Mlle Stapleton. Du premier moment où il<br />
l’aperçut, il sembla charmé, et je me tromperais grandement si cette attraction<br />
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