Orthotypo-Lacroux.pdf - Liste Typographie
Orthotypo-Lacroux.pdf - Liste Typographie
Orthotypo-Lacroux.pdf - Liste Typographie
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
Espaces. On pourrait faire simple en affirmant qu’une espace insécable est obligatoire entre<br />
tous les composants non reliés par un trait d’union… L’accord sur ce point n’étant pas unanime,<br />
soyons (à mon sens inutilement) précautionneux :<br />
Une espace insécable est obligatoire pour séparer les composants non reliés par un trait<br />
d’union si l’un d’entre eux compte plus d’une lettre :<br />
p. ex., hist. nat., C. civ. [p.ex., hist.nat., C.civ.] *<br />
Si tous les composants sont réduits à une lettre initiale, l’espace insécable est<br />
— obligatoire si l’abréviation est seulement composée de deux minuscules initiales :<br />
p. i., p. o. [p.i., p.o.] *<br />
— facultative mais très recommandée dans tous les autres cas.<br />
Plus de deux minuscules initiales : b. d. c., s. l. n. d., plutôt que {b.d.c., s.l.n.d.}.<br />
Combinaison de majuscules et de minuscules initiales : Q. e. d., plutôt que {Q.e.d.}.<br />
Majuscules initiales : E. V., N. D. L. R., plutôt que {E.V., N.D.L.R.}. L’espace permet de<br />
distinguer graphiquement les abréviations (R. S. V. P.) des sigles (R.A.T.P.). Bien sûr, cela ne<br />
constitue pas une garantie contre l’épellation saugrenue…<br />
* Les Anglo-Saxons goûtent moins que nous les espaces insécables : e.g. (exempli gratia), m.p.<br />
(melting point), M.Ph. (Master of Philosophy), etc. Par contagion, elles tendent hélas à se raréfier<br />
dans l’abréviation française, y compris dans les formes où elles sont « obligatoires ».<br />
≠ Ramat 1994.<br />
10. Apostrophe. Régulière dans l’élision, admissible dans la troncation, l’apostrophe<br />
n’intervient jamais dans la formation de l’abréviation française. Il n’y a pas d’élision dans une<br />
réduction uniquement graphique. Tout juste tolérable (mais très déconseillée) dans certains noms<br />
propres étrangers {R’dam}, c’est un germanisme typographique dans l’expression tronquée des<br />
années : [’67] > 1967.<br />
11. Pluriel<br />
a. Les abréviations, en tant que telles, ne prennent généralement pas la marque du pluriel.<br />
Exceptions : ⇒ § 11 c, d.<br />
= Gradus 1980, Typog. roman 1948.<br />
≠ Doppagne 1991, Français pratique 1979, Typogr. roman 1993.<br />
b. Il est imprudent d’affirmer que certaines abréviations obtenues par retranchement médian<br />
sont des exceptions à cette règle. M mes n’est pas formé avec M me plus la marque du pluriel, c’est<br />
l’abréviation (par retranchement médian) de « M esda mes ». M lles n’est pas l’abréviation de<br />
« Mademoiselle » plus la marque du pluriel, c’est l’abréviation de « M esdemoise lles ». C ies est<br />
l’abréviation de « C ompagn ies ».<br />
c. Le pluriel par doublement de lettres initiales est réservée à quelques titres : M., MM., R.P.,<br />
RR.PP., etc. ⇒ Titre de civilité, titre honorifique. Sur le caractère inepte de M. et MM.<br />
⇒ Madame.<br />
≈ Aucun rédacteur de code ne peut cependant reprocher à Pierre Lusson, à Georges Perec et à<br />
Jacques Roubaud de s’être ainsi désignés : MM. les AA. du Petit Traité de go…<br />
Point abréviatif unique : MM. ; forme fautive très fréquente : [M.M.]<br />
Le traditionnel pluriel pléonastique par doublement de l’initiale des formes plurielles franchit<br />
les bornes du burlesque. Il est par bonheur réservé à des catégories sociales peu nombreuses et<br />
coutumières du fait : S. A. S. (Son Altesse Sérénissime), LL. AA. SS. (Leurs Altesses Sérénissimes).<br />
⇒ Titre honorifique.<br />
Tout le monde s’accorde sur la graphie de l. (ligne, lignes), de v. (vers), de t. (tome, tomes) :<br />
l. 3-5, v. 24-37, t. II-VI. Rien ne justifie que les pages (p.) et les feuillets (f.) soient traités<br />
différemment {pp., ff.}. Exemple : p. 15, 18 ; p. 3-12. Tout lecteur comprendra sans peine que la<br />
page 15 et la page 18 comptent bien pour deux pages, et que de la page 3 à la page 12 il y a en effet<br />
plusieurs pages. Inutile d’allonger une abréviation parfaitement claire. On peut objecter que pp.<br />
suiv. (pages suivantes) fournit une information non négligeable ; quant à la précision, elle est<br />
décisive : le lecteur est invité à consulter deux, ou trois, ou dix, ou cinquante « pages suivantes ».<br />
Le {ff os } (folios) du Code typ. 1993 est affublé d’un double pluriel étrange et inutile > f os .<br />
= Impr. nat. 1990, Vairel 1992.<br />
≠ Code typ. 1993, Doppagne 1991 {pp., ff.}, Typogr. rom. 1993 [pp.].<br />
d. Cas particulier. Redoublement, archaïque et très rare, d’une lettre qui n’est pas l’initiale :<br />
sq. (sequiturque), sqq. (sequunturque).<br />
12. •• Anonymat, discrétion, décence, euphémisme, initiales…<br />
Bien qu’elles transforment leur point abréviatif en points de suspension, les abréviations<br />
euphémiques ou de « décence » répondent le plus souvent à la définition de l’abréviation : on lit<br />
la forme complète. Je vais lui casser la g… se lit rarement je vais lui casser la gé.<br />
Les abréviations de discrétion sont plus capricieuses. D’abord parce qu’elles disposent de<br />
plusieurs signes abréviatifs : point, points de suspension, astérisques. (Un sieur Gauthier peut se<br />
dissimuler sous des graphies diverses : G., G…, G......., G*, G***.) Ensuite parce que cet<br />
anonymat interdit en principe la lecture de la forme complète — la réduction n’est pas<br />
uniquement graphique (> sigle) — ; mais il n’est pas toujours assuré et, dès lors, la forme<br />
complète est lue (> abréviation)…<br />
7