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Orthotypo-Lacroux.pdf - Liste Typographie

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intimement liée aux seules contraintes techniques des anciennes méthodes de<br />

composition ou qu’elle bridait stupidement les possibilités offertes par les<br />

techniques nouvelles. En revanche, j’ai respecté comme un bien inestimable la<br />

plupart des règles issues de la réflexion des typographes sur la langue française écrite.<br />

Ces gens-là connaissaient leur métier et leur langue, ils n’ont pas écrit que des<br />

bêtises. En refusant deux conforts périlleux, l’archaïsme corporatiste et l’oubli des<br />

maîtres, j’ai tenté de comprendre et de faire comprendre quelques conventions<br />

utiles et parfois belles.<br />

Prolepse (réfutation anticipée)<br />

Consacré à l’orthotypographie, cet ouvrage contient bon nombre de<br />

recommandations, de considérations, d’exemples et même de mots-vedettes qui<br />

sont nettement hors sujet. Si j’ai été contraint de traiter plusieurs points qui<br />

relèvent uniquement de la grammaire, de la lexicographie voire de la stylistique,<br />

c’est parce qu’ils sont traditionnellement abordés dans les codes et les manuels de<br />

composition. Hors des règles proprement typographiques et orthotypographiques,<br />

ces derniers devraient se contenter de répondre aux questions qui laissent<br />

indifférents les grammairiens et les lexicographes, ce qui n’est certainement pas le<br />

cas de l’accord des adjectifs de couleur ou de l’emploi du trait d’union dans les mots<br />

composés. Hélas, tout travail où intervient une part de compilation implique une<br />

extension aux limites du corpus compilé… Je m’en console faiblement en me<br />

persuadant qu’À Dieu vat ou une scolopendre vigoureuse, qui n’ont aucune raison<br />

légitime de figurer dans ces pages, donneront au lecteur, lors d’une consultation<br />

motivée par un autre objet, l’occasion de se remémorer des orthographes ou des<br />

accords parfois malmenés.<br />

La publication assistée par ordinateur étant aujourd’hui accessible à tous, j’ai cru<br />

utile de fournir des indications et des conseils relatifs à la mise en pages. Les<br />

graphistes et les typographes professionnels seront sans doute agacés par ce souci de<br />

définir ou d’expliquer des notions pour eux élémentaires, mais parfois méconnues<br />

des auteurs-compositeurs-maquettistes.<br />

Je n’ai pas toujours adopté les tours impersonnels et le détachement<br />

recommandés dans ce genre d’ouvrage. Cette infraction peut sembler surprenante,<br />

voire choquante dans des pages consacrées à l’étiquette ; il serait injuste d’y voir une<br />

provocation ou une manifestation d’outrecuidance : dans certains cas, une tournure<br />

familière m’a semblé le plus sûr moyen de faire entendre que j’exprime une opinion<br />

et non la Loi orthotypographique immanente.<br />

On pourra être choqué par le ton bêtement ironique de certains passages, par la<br />

tonalité polémique de quelques autres. Les premiers ont pour seule cause la volonté<br />

de divertir un peu le lecteur. Se gausser de l’Académie n’a rien de nouveau ni<br />

d’élégant ; contredire un éminent grammairien est un plaisir pervers ; relever les<br />

moindres erreurs dans un texte quelconque est facile, surtout lorsque l’on a fait de<br />

cette curieuse activité l’une de ses professions, et l’on trouvera dans ces pages, juste<br />

retour des choses, matière à quelques sarcasmes. Si un exemple facétieux, une<br />

citation perfide favorisent l’assimilation de règles indigestes, j’accepte tous les<br />

blâmes. Les passages véritablement polémiques ne sont pas destinés à amuser le<br />

lecteur, mais à le mettre en garde contre des conceptions désastreuses, en particulier<br />

lorsqu’elles sont professées avec suffisance. J’adopte alors un ton guère plus<br />

estimable que celui que je dénonce : cette contradiction-là, j’ai été incapable ou peu<br />

désireux de la résoudre.<br />

Il est certes scandaleux de l’utiliser à des fins décoratives mais je n’ai pu<br />

m’empêcher de confier à la littérature de nos divers siècles le soin d’agrémenter ces<br />

pages parfois pesantes : une citation, qui n’a pas valeur d’exemple, clôt chaque<br />

article. Les conceptions orthotypographiques de Rousseau n’ont jamais été<br />

exemplaires ; je n’y vois pas un motif suffisant pour refuser de l’inviter. (Les<br />

véritables exemples littéraires sont pour la plupart extraits d’œuvres françaises du xx e<br />

siècle.)<br />

Beaucoup de pages pour rien ?<br />

Il est vrai que les fautes et les entorses au bon usage relevées dans ces pages sont<br />

des broutilles en regard des solécismes et des barbarismes qui souvent les<br />

accompagnent. Les manquements à l’orthodoxie orthotypographique ne mettent<br />

pas le français en péril. N’est-il pas morbide d’espérer qu’un corps prétendument<br />

affaibli par des agents pathogènes demeure bien habillé ? Réfutons l’objection en<br />

filant la métaphore, sinon le lieu commun : conserver sa dignité a toujours favorisé<br />

les remises sur pied.<br />

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