68les grosses filatures britanniques et française pour la fabrication de leurs plus délicatesétoffes. Grâce à l’exportation de cette précieuse denrée et au riz qu’ils faisaient pousseren abondance, les propriétaires de l’archipel étaient devenus les plus riches de la Carolinedu Sud. L’affluence des étrangers qui, pendant la belle saison, venaient respirer la brisede la mer, contribuait encore à grossir leur fortune. Aussi presque tous les planteurspossédaient des centaines de Nègres assignés aux tâches domestiques et aux travaux deschamps. Sur les 40 000 habitants du comté, 33 000 étaient esclaves.Les planteurs de l’archipel de Port-Royal firent preuve d’une complète unanimité dansleurs sentimens de haine envers les gens du Nord et d’un dévouement absolu à la causequ’ils avaient embrassée. Appartenant à une caste de grands seigneurs qui se targuentd’une noble origine et qui méprisent souverainement les classes ouvrières et mercantilesde la Nouvelle-Angleterre, les habitants de Beaufort ne voulurent pas même se trouver encontact avec leurs vainqueurs et s’empressèrent de quitter l’archipel, accompagnés deleurs familles et de leur suite de Petits Blancs. En cette occasion, ils donnèrent un exemplequi a été peu suivi dans les États esclavagistes conquis par les Fédéraux : ils mirent le feuà leur coton, détruisirent tout ce qu’ils ne pouvaient pas emporter, commencèrent euxmêmesà saccager leurs demeures, et s’ils laissèrent sur pied les récoltes de coton déjàpresque mûres, ce fut uniquement parce qu’ils n’eurent pas le temps de les ravager.Toutefois il leur restait leur fortune vivante consistant en mulets, en bestiaux et surtouten esclave. Avant l’arrivée de la flotte fédérale, des planteurs avaient déjà expédié sur lecontinent une partie de leurs Nègres, d’autres en avaient prêté au gouvernement de l’Étatpour la construction des remparts de Charleston. Mais la majorité des esclaves setrouvaient encore dans l’archipel lorsque les forts de Port-Royal tombèrent entre les mainsdes Yankees. Aussitôt les planteurs songèrent à la retraite. Choisissant d’abord leursesclaves les plus robustes et les plus adroits, ceux dont les bras ou l’intelligencereprésentaient le plus fort capital, ils les poussèrent devant eux.Plus d’une fois, si l’on en croit le témoignage unanime des Noirs, ils firent usage deleurs carabines pour abattre les malheureux qui tâchaient de s’enfuir. Quoi qu’il en soit,l’approche des troupes fédérales ne permit pas aux sécessionnistes d’emmener tous leursesclaves. La plupart des domestiques vieux ou infirmes et les enfants en bas âge, quin’avaient qu’une faible valeur monétaire furent abandonnés dans les cases. Parmi lesesclaves des champs, un grand nombre trouvèrent le moyen de se cacher et ne semontrèrent qu’après le départ de leurs maîtres car ils leur racontaient que le seul but desféroces Yankees était de les vendre à des planteurs cubains. Dans leur incertitude, lesmalheureux préféraient rester sur les plantations, attendant leur destinée dans le voisinagedes cases qui constituaient leur unique foyer. Ils avaient au moins cette triste consolation,que dans aucun cas les nouveaux venus ne leur imposeraient une condition plus dure quecelle de leur précédent esclavage. On évalue à quelque huit mille le nombre des Noirs quirestèrent à Beaufort après la fuite de leurs propriétaires. Après avoir pris possession desforts, William T. Sherman qui, à ce moment-là, commande les forces de l’Union enCaroline du Sud, émit une proclamation destinée aux Blancs de cet État. Dans cemanifeste, conçu dans des termes très modérés, il adopta un raisonnement purementconstitutionnel qui l’obligeait encore à ne pas nier la légalité de l’esclavage. Il déclaradonc qu’il ne voulait en aucune manière léser les droits et les privilèges des citoyens oude s’immiscer dans leurs institutions locales et sociales, et protesta de son dévouementrespectueux envers le grand État souverain de la Caroline du Sud. Néanmoins, Shermanaffirma aussi que le devoir constitutionnel de sauvegarder l’Union primait tous les autres,et que le maintien des lois spéciales de l’État devait être subordonné aux nécessitésmilitaires créées par l’insurrection. En dépit de cette affirmation menaçante, il n’en restepas moins qu’il se croyait encore tenu de respecter la loi sur les esclaves fugitifs.
69Au-dessus et au-dessous (National Archives) :Deux vues du Beaufort résidentiel avant son occupation par l’armée fédérale.Le quartier des esclaves dans une plantation de Beaufort. (National Archives)
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