KACHEN #28 (Automne 2021) Édition française
Bienvenue chez KACHEN, le magazine premium luxembourgeois "food & lifestyle". Ici, vous pouvez avoir un premier regard sur le magazine. Si vous êtes intéressé vous pouvez le commander sur notre boutique en ligne (www.luxetastestyle.com/shop) KACHEN est également disponible dans les kiosques.
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LUXEMBOURG<br />
Parmi les nombreuses anecdotes passionnantes au sujet<br />
de la forteresse, de ses murs de défense, des anciennes<br />
douves et des oubliettes creusées dans la roche, certaines<br />
sont vraiment savoureuses.<br />
C’est le cas de l’histoire de Bernhard III, seigneur<br />
de Beaufort à partir de 1539. Sous la régence de son<br />
gendre Gaspard de Heu originaire de Metz, le château<br />
a brièvement servi de repaire à des corsaires et pillards<br />
hollandais.<br />
Après les premières phases de construction aux XI e et<br />
XIII e siècles, c’est un certain Jean Baron de Beck qui a su<br />
donner tout son lustre au château. D’origines modestes,<br />
Jean Beck a été anobli par l’empereur Ferdinand III en<br />
récompense de ses victoires militaires et de son accès au<br />
grade de général. Après les turbulences de la Guerre de<br />
Trente Ans, les derniers grands travaux ont été menés<br />
de son vivant.<br />
En tant qu’unique seigneur de Beaufort, le baron Freiherr<br />
von Beck s’est lancé en 1643 dans la construction<br />
d’un nouveau château de style Renaissance qui peut être<br />
visité en compagnie d’un guide.<br />
Au passage, c’est en 1932 qu’Edmond Linckels, le châtelain<br />
d’alors, a ouvert les portes de son manoir au grand<br />
public. Depuis 1750, l’ancienne forteresse connaissait<br />
un lent déclin. Edmond Linckels a libéré les ruines des<br />
gravats accumulés depuis des siècles et a fait de Beaufort<br />
le premier château luxembourgeois ouvert aux touristes<br />
au début des années 1930.<br />
Une délicieuse boisson à la robe carmin<br />
Sous l’impulsion d’Edmond Linckels, la distillerie, qui<br />
avait déjà installée par un ancien fermier dans les annexes<br />
du château, a été développée.<br />
En 1930, il s’est lancé dans la fabrication du Cassero,<br />
une liqueur de cassis. À l’époque, Linckels a fait planter<br />
les premiers champs de cassissiers. Sa femme Anne-Marie<br />
Linckels-Vormar a poursuivi son œuvre après sa mort.<br />
Selon Jacqueline Kuijpers, l’actuelle responsable de<br />
la production de Cassero, les cassis étaient alors entièrement<br />
cueillis à la main. Les habitants du village aidaient<br />
à la récolte. Ensuite, les seaux remplis étaient pesés<br />
devant la cave du château et payés au poids. Jacqueline<br />
Kuijpers, qui a également repris la gestion des bâtiments<br />
et la vente de billets pour les visites (voir les informations<br />
à la fin de l’article), se souvient encore très bien<br />
de cette fastidieuse cueillette manuelle. Aujourd’hui,<br />
explique-t-elle en souriant, cette tâche est assurée par une<br />
Schwaarzkréischelspléckmaschinn construite à cet effet,<br />
autrement dit une «machine à cueillir les cassis». Toutefois,<br />
même sans cueillette à la main, la production de<br />
cassis actuelle n’est pas une mince affaire. Nous nous en<br />
rendons vite compte quand Jacqueline Kuijpers se dirige<br />
vers les trois fûts rotatifs stockés dans la cave du château<br />
et actionne la manivelle. Il faut dire que chaque fût en bois<br />
de chêne contient entre 800 et 1.500 litres.<br />
Un produit naturel local et frais<br />
Habituellement, afin de préserver leur goût et leur qualité,<br />
les cassis sont congelés à -30 °C juste après la cueillette.<br />
Toutefois, autour du château et de la forteresse de Beaufort,<br />
les trajets sont si courts qu’on peut immédiatement<br />
transformer les fruits frais. Pour cela, l’exploitant Jean-<br />
Paul Friederes récolte sur la montagne d’Eppeldorf<br />
uniquement la quantité de cassis qui peut être traitée<br />
dans la journée. Le Cassis de Beaufort ne contient aucun<br />
additif chimique.<br />
Les fruits doivent être récoltés bien mûrs et gorgés de<br />
soleil. La qualité dépend également de la météo, qui varie<br />
tous les ans, tout comme la quantité récoltée. S’il n’est pas<br />
possible de récolter suffisamment de cassis de qualité au<br />
Luxembourg, le reste est acheté dans le sud de la France,<br />
dans le département de l’Ardèche.<br />
Une fois que les fruits plongés dans de l’alcool à 93 %<br />
ont reposé pendant deux mois dans des fûts de chêne<br />
pour permettre à l’alcool et aux arômes des fruits de bien<br />
se mélanger, les fruits sont pressés. Du sucre est alors<br />
ajouté et le breuvage ainsi obtenu vient remplir les fûts<br />
rotatifs qui sont retournés trois fois par jour à l’aide de la<br />
manivelle. Le retournement des fûts est essentiel pour<br />
activer la dissolution du sucre.<br />
Une mine de vitamine C<br />
Le cassis, un fruit riche en vitamine C qui pousse depuis<br />
le XVI e siècle dans les jardins d’Europe centrale, a un goût<br />
plus intense et un peu plus âpre que la groseille. Quand<br />
on lui demande le secret de la recette, Jacqueline Kuijpers<br />
répond que seule la qualité des fruits fraîchement récoltés<br />
fait du Cassero un produit naturel. Mais à en croire<br />
le sourire qui illumine son visage, on peut supposer que<br />
l’amour et la passion pour ce nectar carmin font partie de<br />
ses secrets de fabrication.<br />
Le Cassero affiche une teneur en alcool de 29 % et<br />
se déguste volontiers à l’apéritif sous la forme d’un kir<br />
au vin blanc ou au crémant. Par ailleurs, selon Jacqueline<br />
Kuijpers, «il permet de concocter de délicieux<br />
grogs en hiver.»<br />
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<strong>KACHEN</strong> No.28 | AUTOMNE 21