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C - Notes du mont Royal

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TRISTES, LÏV. IV, ÉLÉG. X. a63<br />

maîtres les plus célèbres à Rome par leur talent. Mon<br />

frère dès sa jeunesse se destinait à l'art de la parole, et<br />

semblait né pour la lutte et les combats bruyans <strong>du</strong> barreau.<br />

Mais pour moi, dès l'enfance, les mystères sacrés<br />

furent pleins de charmes , et les muses m'attirèrent<br />

-en secret à leur culte. Souvent mon père me disait :<br />

Pourquoi tenter une étude stérile? Homère lui-même<br />

mourut dans l'indigence. J'étais ébranlé par ces paroles;<br />

je disais adieu à FHélicon, et tâchais d'écrire sans m'astreindre<br />

au rbytlime poétique : les mois veuaienl d'euxmêmes<br />

remplir le cadre de la mesure, et chaque pensée<br />

que j'exprimais était un vers.<br />

Cependant les années s'écoulaient insensiblement: mon<br />

frère et moi, nous prîmes la toge, emblème d'une liberté<br />

plus grande; nos épaules-revêtent la pourpre <strong>du</strong> iaticlave<br />

: mais nos goûts restent ce qu'ils étaient auparavant.<br />

Déjà mon frère venait d'atteindre deux fois dix ans,<br />

lorsqu'il me fut enlevé : je perdis en lui la moitié de moimême.<br />

Je gérai alors les premiers honneurs accordés à la jeunesse<br />

: je fus créé triumvir. Restait encore le sénat:<br />

mais je me contentai de l'angusticlave : le fardeau eût<br />

été trop pesant pour ma faiblesse, incompatible avec ma<br />

santé ; et mon esprit, peu propre à un Iravail suivi, fuyait<br />

les soucis de l'ambition. Les nymphes de l'Àonieme conviaient<br />

à goûter de paisibles loisirs, qui toujours eurent<br />

pour moi mille charmes.<br />

Je cultivai, je chéris les poètes de cette époque : quand<br />

j'étais auprès d'eux, je croyais être auprès des dieux mêmes.»<br />

Souvent le vieux Macer me lut ses Oiseaux, quel serpent<br />

donne la mort, quelles simples rendent la vie : souvent

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