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El<strong>le</strong> a coincé <strong>le</strong>s bourses du jeune homme avec la fermeture éclair de sa<br />
braguette. Il a hurlé, raté son virage et percuté un platane. Il est mort dans<br />
un orgasme. El<strong>le</strong> s’en est sortie sans égratignures. Tous <strong>le</strong>s torts furent<br />
portés sur <strong>le</strong> compte du chauffard vo<strong>le</strong>ur de voiture.<br />
Quelques mois plus tard, el<strong>le</strong> accompagnait des amis pour une soirée<br />
d’anniversaire. Six dans une Renault 5. Deux garçons ayant entre eux<br />
cinq pilu<strong>le</strong>s d’ecstasy, trois fil<strong>le</strong>s ayant dans <strong>le</strong>urs sacs dix préservatifs,<br />
dix tab<strong>le</strong>ttes d’acide, cinquante grammes de hachisch et Dieu sait quoi<br />
d’autre. Contrô<strong>le</strong> de police. Sauve qui peut! On jette la camelote par <strong>le</strong>s<br />
vitres. Trop tard. On se retrouve en tô<strong>le</strong> avec des ennuis pas possib<strong>le</strong>s.<br />
Natacha est la candidate parfaite pour grossesse accidentel<strong>le</strong>, mariage<br />
forcé avec un type qui deviendra soûlard, vio<strong>le</strong>nt, inconsidéré, et qui ira<br />
faire des gosses aux autres pendant que sa femme accouchera de son<br />
huitième.<br />
Ne dit-on pas que dans la vie, ce sont toujours <strong>le</strong>s mêmes qui n’ont pas<br />
de chance ?<br />
*<br />
Ce matin-la, Gonzague s’est <strong>le</strong>vé à dix heures au lieu de onze. Il<br />
monopolise la sal<strong>le</strong> de bain pendant une demi heure et en sort rasé de<br />
près, poudré et parfumé au Lacoste sport, sapé pour un rendez-vous<br />
galant et prêt à jouer au toréador. Il trouve la porte de la chambre des<br />
fil<strong>le</strong>s ouverte. Les lits sont déjà faits. Il passe à la cuisine. Il n’y a<br />
personne. Dehors, <strong>le</strong> stoep est éga<strong>le</strong>ment désert. Il procède à l’inspection<br />
complète de la maison. Cédric dort encore. Olivier ronf<strong>le</strong>. Les autres<br />
sont tous partis.<br />
Ce n’est pas grave. Sa fébrilité érotique peut attendre. Il tombe dans <strong>le</strong><br />
grand canapé en osier de la véranda et contemp<strong>le</strong> l’horizon. Il guette <strong>le</strong><br />
retour de sa proie. Il a soudain des projets, un objectif, une raison de<br />
vivre. Le temps n’a plus d’importance et même la cha<strong>le</strong>ur ne <strong>le</strong> dérange<br />
plus.<br />
Une silhouette paraît au détour de la route. C’est Raphaël qui revient<br />
de sa promenade matina<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s collines. Il marche à son aise, comme<br />
un garçon qui n’a aucun souci et qui sourit à la vie.<br />
« Bonjour Gonzague ! Crie-t-il à son cousin dès qu’il <strong>le</strong> reconnaît.<br />
-Bonjour junior, répond l’aîné avec l’ombre d’un sourire sur <strong>le</strong>s lèvres.<br />
«Tiens, se dit Raphaël, il ne sait plus qu’il est au Karoo ? »<br />
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