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Dehors, on continuait à s’agiter sous la pluie fine. Un jeune garçon<br />
venait d’arriver. Il secoua sa veste pour la sécher avant de rejoindre la<br />
fi<strong>le</strong>. Il était essoufflé et inquiet après avoir couru quelques kilomètres. Il<br />
n’avait ni so<strong>le</strong>x, ni vélo.<br />
« Salut Marc ! lui lança un grand qui était déjà dans l’entrée. Alors ton<br />
père t’a laissé sortir ce soir ? »<br />
Marc répondit par un signe affirmatif du menton. Puis il pinça <strong>le</strong>s lèvres<br />
de colère. Le grand Jacques Lapôtre faisait la fi<strong>le</strong> à quelques mètres<br />
devant lui.<br />
« Il est arrivé avant toi, lui dit un copain. Il va te prendre Nathalie. Il<br />
sera <strong>le</strong> premier à l’inviter à danser »<br />
Marc haussa <strong>le</strong>s épau<strong>le</strong>s, sûr de lui.<br />
« El<strong>le</strong> n’en voudra pas !»<br />
Ils étaient à présent sous <strong>le</strong> couvert de la bâche d’entrée. Marc aperçut<br />
Nathalie auprès de sa mère. El<strong>le</strong> semblait inquiète et jetait des coups<br />
d’œil furtifs vers l’entrée. El<strong>le</strong> l’aperçut et lui sourit.<br />
Lapôtre arrivait à son niveau. Il fit une courbette ridicu<strong>le</strong>, sourit à la<br />
mère de Nathalie et invita la jeune fil<strong>le</strong>. La mère donna un léger coup de<br />
pouce dans <strong>le</strong> dos de Nathalie en murmurant …<br />
« Vas-y. Il est bien. »<br />
Mais Nathalie regardait au loin et refusa d’un geste impatient. Lapôtre<br />
passa son chemin, la colère dans <strong>le</strong>s yeux.<br />
Marc arriva au niveau de Nathalie et l’invita à danser. Ils se sourirent<br />
simp<strong>le</strong>ment, avec tendresse. La mère haussa <strong>le</strong> sourcil. El<strong>le</strong> aurait voulu<br />
mieux pour sa cadette mais Nathalie était déjà partie.<br />
Ils dansèrent devant l’orchestre, ignorant <strong>le</strong> regard de Lapôtre qui restait<br />
figé dans la fi<strong>le</strong>. Puis ils s’encoururent vers l’extérieur, main dans la<br />
main. Ils s’abritèrent sous l’auvent de la buvette.<br />
« Je suis si contente que tu aies pu venir, Marc, lui dit-el<strong>le</strong>. Comment<br />
as-tu fait pour obtenir l’autorisation de ton père ? On <strong>le</strong> dit si sévère !<br />
-Mon père n’était pas si dur autrefois quand ma mère vivait encore.<br />
C’est depuis qu’il s’est remarié avec cette…<br />
-Bel<strong>le</strong>-mère ! Dit Nathalie en riant.<br />
-El<strong>le</strong> voulait que je reste à la maison pour garder mes sœurs.<br />
-Ce sont des bébés ! C’est à el<strong>le</strong> de s’en occuper.<br />
-Bien sûr ! J’ai déjà tel<strong>le</strong>ment de travail avec <strong>le</strong>s vignes…»<br />
Lapotre se glissait derrière eux comme une ombre fébri<strong>le</strong>.<br />
« Tu ne l’aimes pas ta bel<strong>le</strong>-mère, alors? Demanda Nathalie.<br />
-C’est une pimbêche emmerdeuse et jalouse! Mon père s’est remarié<br />
avec une profiteuse.<br />
-El<strong>le</strong> ne t’aime pas alors ?<br />
-C’est une marâtre qui n’aime que ses fil<strong>le</strong>s»<br />
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