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promise: une manne extraordinaire qui consistait a l’epoque en troupeaux<br />
de plus de dix millions de springboks.<br />
Aujourd’hui, <strong>le</strong>s quelques pauvres famil<strong>le</strong>s qui constituent <strong>le</strong>s derniers<br />
Bochimans déplacés dans <strong>le</strong> Kalahari n’hésitent pas à rire quand on <strong>le</strong>ur<br />
par<strong>le</strong> du passé et déclarer : « Nous sommes des hommes libres et nous<br />
aimons <strong>le</strong> so<strong>le</strong>il » Ceux qui <strong>le</strong>s côtoient et comprennent <strong>le</strong>ur langue ne<br />
doutent pas un instant que ces petits êtres humains ont davantage de<br />
sagesse que ceux qui se vantent de dominer <strong>le</strong>s peup<strong>le</strong>s de la Terre.<br />
*<br />
Ce matin la, Bill réveil<strong>le</strong> <strong>le</strong>s garçons à quatre heures du matin et <strong>le</strong>s<br />
conduit avec la Landcruiser à vingt kilomètres, aux pieds des montagnes<br />
du sud. Raphaël a préféré poursuivre ses ballades habituel<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong>s<br />
collines avoisinantes. La chasse ne l’intéresse pas.<br />
Les trois garçons ont sauté allégrement sur la platte-forme arrière de la<br />
Landcruiser. Cette escapade de l’aurore <strong>le</strong>s excite copieusement. Bill a<br />
pris <strong>le</strong> fusil de chasse dans <strong>le</strong> coffre-fort scellé dans une armoire mura<strong>le</strong><br />
de la chambre de Marc et une boite de cartouche. Le fusil repose derrière<br />
lui dans la cabine. Debout à l’arrière, <strong>le</strong>s garçons hument l’air vif et frais<br />
du matin alors que <strong>le</strong>s phares balaient la route poudreuse. Un chacal<br />
traverse la route en courrant. Il n’a pas <strong>le</strong> temps d’être aveuglé par la<br />
lumière artificiel<strong>le</strong>. Quelques kilomètres plus loin, deux immenses<br />
koudous ma<strong>le</strong>s sont en train de se battre au milieu de la route. Leurs<br />
cornes s’entrechoquent dans la vio<strong>le</strong>nce du combat. Bill freine<br />
brusquement. Les garçons crient d’excitation. Les koudous ont entendu<br />
<strong>le</strong>urs voix et devinent la présence des humains. Bill n’a pas <strong>le</strong> temps de<br />
charger et de viser. Les antilopes se sont fondues dans l’encre de la nuit.<br />
«Next time shout louder, you bloody fools! marmonne Bill. Don’t you<br />
know the ru<strong>le</strong>s of the hunt?<br />
-Qu’est-ce qu’il dit? Demande Gonzague, perp<strong>le</strong>xe.<br />
-Je pense qu’on n’aurait pas du crier, répond Olivier. On a fait fuir la<br />
viande… »<br />
Ils entrent sur une mauvaise piste qui monte en zigzaguant sur <strong>le</strong><br />
versant de la colline. Ils cahotent pendant une autre demi-heure. L’aube<br />
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