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poussière blanche de la route ressemb<strong>le</strong> à une épaisse brume. Les<br />

garçons reçoivent la poussière si<strong>le</strong>ncieuse sur <strong>le</strong>urs visages brûlés par <strong>le</strong><br />

so<strong>le</strong>il et <strong>le</strong>urs beaux habits neufs. Ils toussent et se grattent la gorge.<br />

Ils sortent de <strong>le</strong>ur torpeur dans la demi-obscurité du crépuscu<strong>le</strong> avec des<br />

étirements de chats qui s’éveil<strong>le</strong>nt. Ils se lèvent tour à tour, hébétés, <strong>le</strong>s<br />

membres douloureux. Ils se frottent <strong>le</strong>s yeux car la poussière <strong>le</strong>s fait<br />

p<strong>le</strong>urer. Les larmes creusent de longs sillons dans la farine de <strong>le</strong>ur<br />

maquillage poussiéreux qui fait penser à celui des vierges du Transkei.<br />

«Here we’re guys!» S’écrie Bill, en claquant sa portière.<br />

Cédric jette un coup d’œil nerveux sur la platitude sombre et<br />

inquiétante des a<strong>le</strong>ntours. Il tourne <strong>le</strong>ntement la tête vers l’avant du<br />

véhicu<strong>le</strong>. Il ouvre la mâchoire comme pour respirer un air pur mais il<br />

ressemb<strong>le</strong> à une statue de stuc avec la gueu<strong>le</strong> ouverte.<br />

«Putain ! C’est pour ça qu’on est venu ?» Grogne-t-il avec un ton de<br />

déception amère.<br />

Gonzague tourne <strong>le</strong> buste puis la tête. On dirait <strong>le</strong> mime Marceau qui<br />

vient de p<strong>le</strong>urer.<br />

« La misère ! J’en crois pas mes yeux !<br />

-La déchéance tota<strong>le</strong> !<br />

-C’est foutu !»<br />

Chapitre 13 Le tonton<br />

Devant eux s’allonge une vieil<strong>le</strong> maison de ferme aux murs chaulés,<br />

sertie entre quelques jacarandas et sau<strong>le</strong>s p<strong>le</strong>ureurs. Le toit est de tô<strong>le</strong><br />

ondulée rouillée par endroits et cuite par <strong>le</strong> so<strong>le</strong>il sans pitié du semidésert.<br />

Le ‘stoep’, étroite véranda, court sur toute la façade, éventré en<br />

son milieu par un escalier de plusieurs marches usées par <strong>le</strong>s décennies.<br />

Une silhouette descend l’escalier dans la lueur du couchant. C’est un<br />

homme de grande tail<strong>le</strong> qui semb<strong>le</strong> avoir atteint la soixantaine.<br />

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