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protéger des rayons brûlants, ils avancent pénib<strong>le</strong>ment vers la sortie du<br />

village.<br />

« Comment on va faire pour rentrer ? Se plaint soudainement Olivier.<br />

On n’a pas d’essence…<br />

-On a trois bouteil<strong>le</strong>s d’alcool, répond Cédric »<br />

Une silhouette frê<strong>le</strong> et sèche comme un bâton de cane à sucre paraît au<br />

bout du chemin de poussière. El<strong>le</strong> avance comme un mirage derrière une<br />

ligne de cactus. El<strong>le</strong> marche vers eux à pas <strong>le</strong>nts et réguliers. C’est une<br />

gamine famélique, vêtue d’une robe b<strong>le</strong>ue en lambeaux qui porte un gros<br />

fagot de branches sèches sur la tête. Ses seins pointent à peine contre <strong>le</strong><br />

tissu rouge. El<strong>le</strong> est à la limite de l’innocence, à l’âge où ni la drogue<br />

nigérienne, ni l’argent de la concupiscence, ni <strong>le</strong>s désirs vio<strong>le</strong>nts des<br />

ado<strong>le</strong>scents ne l’ont corrompue.<br />

Un sourire candide tord sa lèvre inférieure. Gonzague la fixe de ses<br />

yeux gloutons. El<strong>le</strong> <strong>le</strong>s croise et poursuit son chemin. Il se gratte la<br />

nuque, figé comme une statue.<br />

« Je me la ferais bien ! Lance-t-il brusquement.<br />

-Arrête ! Répond son frère. T’es barjot !<br />

-Discutes pas mes envies !<br />

-C’est peut-être la fil<strong>le</strong> du mafioso nigérian.<br />

-Tiens, prend <strong>le</strong>s bouteil<strong>le</strong>s. Attendez-moi. Ça n’sera pas long !<br />

-Et tu vas faire ça comment ? Demande Olivier, toujours préoccupé par<br />

<strong>le</strong> côté pratique des choses.<br />

-Comme tu n’l’as jamais fait, Sanchez de mon cul!<br />

-Comme avec <strong>le</strong>s chèvres, réplique Cédric en haussant <strong>le</strong>s épau<strong>le</strong>s.<br />

Al<strong>le</strong>z, viens Olivier. On continue sans lui! »<br />

153<br />

Gonzague s’élance pour rattraper la petite et sort quelques bil<strong>le</strong>ts de sa<br />

poche pour l’amadouer. Cent euros ! Une bagatel<strong>le</strong> pour un désir en rade<br />

depuis si longtemps. Pour la fil<strong>le</strong>tte, la cou<strong>le</strong>ur des beaux bil<strong>le</strong>ts a plus de<br />

charme que <strong>le</strong>ur va<strong>le</strong>ur. Les Nigérians ou <strong>le</strong> Chinois <strong>le</strong> changeront en<br />

rand pour un centième de sa va<strong>le</strong>ur et el<strong>le</strong> sera contente.<br />

Gonzague la libère de son fardeau avec affabilité et l’attire vers un<br />

fossé, derrière un épineux touffu. Le sol est jonché de détritus, de sachets<br />

plastique, de bouteil<strong>le</strong>s cassées. L’endroit idéal pour un lit nuptial ! Mais<br />

<strong>le</strong> désir impatient de Gonzague se fiche du décor.<br />

Les autres ont poursuivi <strong>le</strong>ur chemin, au rythme de tortues, engourdis<br />

par trop de cha<strong>le</strong>ur. Gonzague <strong>le</strong>s rejoint vingt minutes plus tard. Fier de<br />

lui satisfait, heureux….<br />

« Alors el<strong>le</strong> était bien la gonzesse à Gonzague, lui demande son frère<br />

avec dérision »

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