02.07.2013 Views

Lire le livre

Lire le livre

Lire le livre

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Ce soir là, Gonzague inspecte plusieurs fois sous son oreil<strong>le</strong>r et tout<br />

autour de son lit. L’idée de se faire dévorer la joue par une araignée ne<br />

l’enchante guère. A partir de cette nuit ses rêves sont moins érotiques et<br />

davantage du genre cauchemars.<br />

*<br />

Le <strong>le</strong>ndemain soir, Marc Dutoit est allongé sur un transat près du feu<br />

de camp, à une dizaine de mètres de la maison. Il tire sur sa vieil<strong>le</strong> pipe et<br />

contemp<strong>le</strong> la voûte cé<strong>le</strong>ste. Le ciel est piqué d'étoi<strong>le</strong>s comme un linceul<br />

bouffé par <strong>le</strong>s mites. Il y en a tel<strong>le</strong>ment que la grande obscurité en est<br />

toute troublée. Une marmite en fonte noire est posée sur la braise. C’est<br />

<strong>le</strong> souper qui mijote : légumes divers, sauce tomate et pap, une purée<br />

épaisse préparée avec de la farine de maïs blanc. Un effluve appétissant<br />

de sauce qui mijote éveil<strong>le</strong> l’appétit des garçons. C’est une nuit calme et<br />

chaude. Des clameurs angoissantes résonnent au loin. Les garçons se<br />

tiennent debout sur la véranda et boivent une bière. Un chacal crie et<br />

Olivier tremb<strong>le</strong> de peur. Bill est assis à côté du feu et remue <strong>le</strong>s braises.<br />

Le bois crépite. Les flammes caressent la peau noire de la marmite avec<br />

ses doigts de sorcière. Des étincel<strong>le</strong>s fusent dans la nuit pâteuse.<br />

120<br />

« Venez donc vous asseoir auprès du feu ! Invite Marc.<br />

«Oui tonton…, bredouil<strong>le</strong>nt plusieurs voix anxieuses »<br />

Les aînés se méfient terrib<strong>le</strong>ment de tout contact avec <strong>le</strong> sol. Il y a trop<br />

de repti<strong>le</strong>s, de scorpions et d’araignées dans <strong>le</strong>urs imaginations. Ils<br />

tâtonnent l’obscurité et cherchent où s’asseoir. Une petite plate forme de<br />

pierres et de ciment court <strong>le</strong> long du chemin. C’est un reste des petits<br />

canaux d’irrigation qui alimentaient la maison et <strong>le</strong> potager autrefois. Les<br />

aînés s’y instal<strong>le</strong>nt. Raphaël va squatter à côté de Bill et reprend la<br />

conversation entamée la veil<strong>le</strong> dans son anglais qu’il améliore chaque<br />

jour.<br />

Le si<strong>le</strong>nce s'amplifie avec toute sa <strong>le</strong>nte mélancolie, rompu parfois par<br />

<strong>le</strong> cri du chacal ou <strong>le</strong> bois qui crépite et qui éclate. Marc Dutoit suce sa<br />

pipe. Les aînés n’ont rien à dire.<br />

Le si<strong>le</strong>nce s’impose.<br />

Cédric aspire la bière de sa canette.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!