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La Landcruiser poursuit son chemin. Il est à peine neuf heures trente<br />
du matin et <strong>le</strong> so<strong>le</strong>il tape déjà comme en p<strong>le</strong>in midi d’été. Le véhicu<strong>le</strong><br />
entre sur une nouvel<strong>le</strong> autoroute. Les jeunes sortent <strong>le</strong>urs casquettes de<br />
<strong>le</strong>urs sacs. A présent, la fatigue <strong>le</strong>s assomme. La nuit précédente fut trop<br />
courte. Ils bail<strong>le</strong>nt l’un après l’autre à se démettre la mâchoire. Dans la<br />
cabine, <strong>le</strong>s deux fil<strong>le</strong>s s’endorment el<strong>le</strong>s-aussi.<br />
«Bon sang, mais où est-ce qu’on va maintenant ? Demande Olivier avec<br />
une lueur d’angoisse dans <strong>le</strong> regard et une voix mal assurée.<br />
-J’sais pas, dit Cédric. Regarde <strong>le</strong>s panneaux :…. Bloemfontein…<br />
Kimber<strong>le</strong>y…<br />
-C’est quoi ces b<strong>le</strong>ds ? Demande son frère.<br />
-Des autres banlieues de Johannesburg, sans doute.<br />
-Putain de vil<strong>le</strong> ! S’exclame Gonzague. C’est méga immense, ici !»<br />
Le véhicu<strong>le</strong> dépasse bientôt <strong>le</strong>s terrils des mines d’or puis longe<br />
Soweto.<br />
« Tiens, voilà des bidonvil<strong>le</strong>s, s’exclame Cédric »<br />
Raphaël se prend d’un fou rire.<br />
«Pourquoi tu rigo<strong>le</strong>s, junior ? Demande Gonzague.<br />
-C’est peut-être ici qu’habite tonton, répond-il en indiquant <strong>le</strong>s rangées<br />
de maisonnettes »<br />
Sa remarque est reçue dans <strong>le</strong> si<strong>le</strong>nce et la consternation. Puis Gonzague<br />
réplique :<br />
« Au moins ici, Raphaël va se sentir chez lui. Ca ne l’changera pas de<br />
son HLM !<br />
-Moi, je voudrais quand même savoir où on va ? Répète Olivier. Les<br />
townships, c’est super dangereux !<br />
-Bill doit faire partie de la mafia du Nigeria, réplique Cédric. Il a du<br />
en<strong>le</strong>ver tonton et maintenant, c’est notre tour ! On va être enfermés dans<br />
un bidonvil<strong>le</strong> de merde, à manger du chien ou du rat, jusqu’à ce que <strong>le</strong><br />
père Sanchez paie la rançon !<br />
-Tes parents devront vendre <strong>le</strong> restau et <strong>le</strong> studio de danse, Olivier,<br />
insiste Gonzague.<br />
-T’en fait pas, cousin, ajoute Raphaël en lui tapotant l’épau<strong>le</strong>. Tu<br />
pourras toujours venir vivre dans mon HLM »<br />
Olivier broie du noir et jette un regard courroucé à ses cousins.<br />
« Ca y est, on a dépassé <strong>le</strong> bidonvil<strong>le</strong>, annonce Cédric.<br />
-On va où alors ? Questionne Olivier en regardant la campagne d’herbe<br />
rase et de monticu<strong>le</strong>s de rochers calcinés par <strong>le</strong> so<strong>le</strong>il.<br />
-Moi je commence à paniquer et j’vais sauter, dit Cédric en agrippant la<br />
rambarde.<br />
-T’es con ! Cédric, hur<strong>le</strong> son frère en <strong>le</strong> retenant. Fais pas ça ! Il faut<br />
qu’on reste solidaires. Me laisse pas seul…<br />
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