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-Et puis t’es devenu couillon !<br />
-Mais non, monsieur Sanchez ! J’suis devenu malade.<br />
-Malade mental et on t’a enfermé six mois à l’hôpital psychiatrique à<br />
Cadillac.<br />
-C’était pour me soigner l’état parapsychologique.<br />
-N’empêche que t’es un couillon !<br />
-Malade !<br />
-Couillon malade ! Et comme ma fil<strong>le</strong> a un faib<strong>le</strong> pour <strong>le</strong>s malades, el<strong>le</strong><br />
est tombée amoureuse du couillon<br />
-El<strong>le</strong> m’aime monsieur Sanchez.<br />
-Tu lui as donné ta sa<strong>le</strong> maladie menta<strong>le</strong>, alors ? Quel avenir a-t-el<strong>le</strong><br />
avec toi ?<br />
-Faut pas vous en faire monsieur Sanchez. Le gouvernement me donne<br />
<strong>le</strong> SMIG parce que j’étais malade et un appart gratuit. J’ai de quoi vivre.<br />
J’ suis indépendant. Et ça m’ donne tout <strong>le</strong> temps d’al<strong>le</strong>r à la messe<br />
chaque matin.<br />
-Qu’est-ce que tu fais à la messe, toi, <strong>le</strong> couillon malade? Tu pries pour<br />
devenir intelligent ?<br />
-Non, je prie pour vous et vot’ famil<strong>le</strong>.<br />
-S’il y avait pas la messe, je t’aurais mis à la porte depuis longtemps !<br />
-Alors vous voyez monsieur Sanchez, poursuit Etienne avec un sourire<br />
de dévot, la vie est faci<strong>le</strong>. Il ne faut pas vous faire de souci. Le<br />
gouvernement s’occupe de moi, et moi, je vote pour lui.<br />
-T’es un socialiste à la con, alors ? Tu t’accroches à tes privilèges et<br />
moi, je travail<strong>le</strong> dur pour que mes impôts entretiennent ta fainéantise.<br />
-Je serais bête de refuser l’aide socia<strong>le</strong>.<br />
-Bien sur, tu préfères vivre comme une tapette !<br />
-Vous m’insultez !<br />
-… vivre comme une lavette, se reprend l’Argentin.<br />
-C’est la vie, monsieur …»<br />
Sanchez agrippe <strong>le</strong> bras d’Etienne de sa poigne de fer et l’entraîne vers<br />
<strong>le</strong> fond du studio.<br />
«Bon, alors viens travail<strong>le</strong>r avec moi pour payer ton souper ! On va<br />
nettoyer <strong>le</strong> studio»<br />
Raphaël sort du bureau et cherche son onc<strong>le</strong>. Il trouve Etienne au fond<br />
du studio, un aspirateur bruyant en main.<br />
« Oh ! Etienne où est mon onc<strong>le</strong> ? »<br />
Etienne lui indique la cuisinette derrière lui avec un geste vague du<br />
menton.<br />
« Tonton Pedro, est-ce que je peux <strong>le</strong> par<strong>le</strong>r ? Demande l’ado<strong>le</strong>scent.<br />
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