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sacs plastique s’envo<strong>le</strong>nt au moindre coup de vent : <strong>le</strong> nouveau drapeau<br />
national ! Quelques poteaux téléphoniques et panneaux publicitaires<br />
rouillés sont barbouillés par la poussière jaune des rues ou deux où trois<br />
chiens faméliques se grattent <strong>le</strong>s puces.<br />
Le vieillard <strong>le</strong>s dépose devant un petit magasin, une maisonnette doub<strong>le</strong>,<br />
toute en profondeur, un ‘shebeen’ où l’on vend alcool, cigarettes,<br />
préservatifs et boites de conserves. Ils entrent avec précaution. Olivier<br />
craint l’obscurité où se cachent <strong>le</strong>s microbes. Il reste dehors. Des enfants<br />
à moitié nus ou en guenil<strong>le</strong>s sortent en riant.<br />
« Asseblief my bassie ! !» disent-ils en tendant la main pour recevoir<br />
une pièce.<br />
-Voilà <strong>le</strong> futur de l’Afrique » ricane Gonzague tandis qu’Olivier se<br />
pince <strong>le</strong> nez pour ne pas respirer <strong>le</strong>s virus de la pauvreté.<br />
Au fond de la minuscu<strong>le</strong> boutique, une femme a <strong>le</strong> dos tourné et range<br />
des boites de conserve, des cigarettes, des lampes-tempête et des cadenas:<br />
choses simp<strong>le</strong>s et bon marché, chinoiseries pour <strong>le</strong> tiers-monde. Un<br />
mélange d'effluve de renfermé, de bière, d’urine et de vieil<strong>le</strong> pomme de<br />
terre qui pourrit vient <strong>le</strong>s heurter au visage.<br />
« Good morning ! Lance joyeusement Gonzague a la marchande qui a<br />
une longue queue de cheval noire. Il se barre <strong>le</strong>s mâchoires d’un grand<br />
sourire de représentant de commerce.<br />
-C’est l’après midi! Murmure Cédric en lui donnant un coup dans <strong>le</strong>s<br />
cotes.<br />
-Je m’en fous ! Répond son frère »<br />
La marchande se retourne, <strong>le</strong> visage curieux et stupéfait. Les fils<br />
Lemaître sont tout aussi surpris.<br />
« Mais c’est un mec ! S’exclame Cédric. Un mec chinois !<br />
-Can I help you ? Demande l’asiatique.<br />
-Me want send courriel, répond Gonzague.<br />
-What ? »<br />
Le petit chinois a des petits yeux rieurs et curieux, d’épais cheveux noirs<br />
tirés en queue de cheval.<br />
« Me want send courriel to France, insiste Gonzague »<br />
Le chinois glousse grassement puis crache par terre. Gonzague en reste<br />
la bouche bée.<br />
« Courriel ! Internet! Insiste-t-il. Tu sais pas c’que c’est, connard des<br />
rizières de Pékin? T’as jamais mis <strong>le</strong>s pieds en vil<strong>le</strong>? Non? Pas étonnant<br />
que t’as une gueu<strong>le</strong> de guêpe en deuil!<br />
-Il se fout de ton accent, dit Cédric.<br />
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