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-Au point ou on en est, on est quand même nase ! »<br />
Gonzague tape sur la vitre arrière du pick-up. Bill <strong>le</strong> regarde dans <strong>le</strong><br />
rétroviseur.<br />
« On va où ? Crie Gonzague… Where we go?”<br />
Bill montre la route devant lui avec son index et sourit de toutes ses<br />
dents blanches.<br />
« To your unc<strong>le</strong> ! Crie-t-il.<br />
-Putain de zoulou de ta mère ! Répond l’aîné. Tu commences à faire<br />
chier la ga<strong>le</strong>rie… »<br />
*<br />
Dix minutes plus tard, la Landcruiser traverse une campagne de prairies<br />
jaunes comme <strong>le</strong> poil d’un chien ga<strong>le</strong>ux des townships. Quelques lignes<br />
haute-tension s’enfuient vers l’horizon. Leurs pylônes ressemb<strong>le</strong>nt à des<br />
sque<strong>le</strong>ttes de sapins de Noël.<br />
« Quel<strong>le</strong> heure est-il ? demande Raphaël alors que <strong>le</strong>s autres sont à<br />
moitié assoupis »<br />
Gonzague tire machina<strong>le</strong>ment sa manche pour lire l’heure. Horreur !<br />
« Ma montre !? Merde où est ma Longines ! Putain, c’est pas vrai !<br />
C’est encore à moi que ça devait arriver ! »<br />
Cédric et Olivier ont aussitôt tâté <strong>le</strong>urs poignets.<br />
« Ma Rado ! S’écrie Cédric. Je l’ai perdue moi aussi.<br />
-Ma Tag ! S’exclame Olivier, horripilé. On me l’a volée »<br />
Raphaël éclate de rire.<br />
« Les vendeurs du feu rouge ! S’exclame Gonzague. C’est eux, …<strong>le</strong>s<br />
cons! Au vo<strong>le</strong>ur!<br />
-Au vo<strong>le</strong>ur ! S’écrient <strong>le</strong>s autres.<br />
-C’est trop tard ! Dit Raphaël. On est bien trop loin »<br />
Cédric se tâte <strong>le</strong>s poches.<br />
« Mon portab<strong>le</strong>… Mon portefeuil<strong>le</strong> !<br />
-Mon MP3 ! S’écrie Olivier.<br />
-Putain ! Ils nous ont tout volé.<br />
-Les salauds ! Fumiers !»<br />
Ils se lèvent tous trois pour crier <strong>le</strong>ur haine mais ils sont déjà bien trop<br />
loin. Ils retombent sur <strong>le</strong>s fesses, anéantis. Raphaël sait qu’il est<br />
préférab<strong>le</strong> de ne plus rien dire. Ils seraient capab<strong>le</strong>s de <strong>le</strong> jeter par-dessus<br />
bord. Ils ont des mines patibulaires.<br />
Gonzague se prend d’une crise de désespoir et crie comme un cochon<br />
qu’on égorge. De chaudes larmes lui tombent sur <strong>le</strong>s joues.<br />
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