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La ferme Boesmanfountein s’épau<strong>le</strong>, au sud, contre deux chaînes de<br />
petites montagnes érodées par 200 millions d’années d’intempéries et<br />
d’accidents géologiques. L’une fut nommée Loots, du nom de la première<br />
famil<strong>le</strong> qui s’y aventura et l’autre Naude, du nom de la seconde famil<strong>le</strong>.<br />
La rivière Groot qui est sèche quatre vingt dix neuf ans par sièc<strong>le</strong> fait<br />
sinuer son oued un kilomètre plus loin. Le contrefort des montagnes<br />
Baviaanskloof défer<strong>le</strong> ses vagues fossilisées derrière Loots et Naude.<br />
Puis, devant eux, vers <strong>le</strong> nord, c’est l’étendue infiniment plate du Karoo<br />
qui s’allonge jusqu'à l’horizon sa plaine de désolation. En décembre, la<br />
terre est d’un brun sec et brûlé comme cel<strong>le</strong> d’un paysage lunaire. Les<br />
montagnes sont ternes et ridées comme une vieil<strong>le</strong> peau d’éléphant. C’est<br />
un paysage barbouillé de boue sèche ! Un vent chaud hur<strong>le</strong> souvent dans<br />
l’oreil<strong>le</strong> ; il grise et saou<strong>le</strong>. Il court comme un excité dans l’immense<br />
platitude du Karoo, sans rencontrer aucun obstac<strong>le</strong> pendant des centaines<br />
de kilomètres, jusqu’au moment ou il est enfin confronté par la large<br />
chaîne de montagnes qui borde l’Océan Indien. Le ciel sans nuage est<br />
généra<strong>le</strong>ment d’un b<strong>le</strong>u gris délavé, usé par la cha<strong>le</strong>ur continuel<strong>le</strong>.<br />
Chez Marc Dutoit, <strong>le</strong>s vieux hangars en ruine témoignent des activités<br />
passées de cette ferme. Un hangar abrite des tracteurs et outils rouillés<br />
ainsi que des rou<strong>le</strong>aux de barbelés rouillés.<br />
Derriere, <strong>le</strong> paysage est brûlé, empreint de désolation et de solitude.<br />
Deux eucalyptus d’un vert poussiéreux amorcent <strong>le</strong> contour de la rivière<br />
sèche au lit rocail<strong>le</strong>ux.<br />
Des jacarandas et quelques sau<strong>le</strong>s p<strong>le</strong>ureurs qui ombragent <strong>le</strong> petit<br />
étang derrière la maison créent une sensation d’oasis au milieu d’un semidésert.<br />
Cet étang est alimenté par une éolienne. Quelques enclos abritent<br />
des chèvres aux longues oreil<strong>le</strong>s brunes, des moutons Dorper, des<br />
Caraculs et quelques Springbok albinos rares. Parfois une grosse tortue<br />
s’aventure dans la fraîcheur de l’oasis pour venir brouter un peu de<br />
gazon. Des canards sauvages la survo<strong>le</strong>nt occasionnel<strong>le</strong>ment en perforant<br />
l’air sec et cassant de <strong>le</strong>ur bec orangé. La marre est <strong>le</strong>ur oasis et ils s’y<br />
posent avec timidité. La végétation se fait rare dès que l’on dépasse <strong>le</strong><br />
périmètre des bâtiments de la ferme. Entre buissons desséchés et cailloux<br />
s’éta<strong>le</strong>nt des taches de terre nue, quelques épineux et plantes grasses, que<br />
seu<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s chèvres tenaces broutent, et parfois, une touffe d’herbe oubliée<br />
par <strong>le</strong>s moutons. Puis ce sont des rangées de cactus Algarve dont <strong>le</strong>s<br />
f<strong>le</strong>urs montent comme des pins parasol, des buissons d’épineux dont <strong>le</strong>s<br />
épines sont aussi longues que <strong>le</strong>s doigts de la main et plus nombreuses<br />
que <strong>le</strong>s feuil<strong>le</strong>s. L’arbuste lui-même a du se créer un système de défense<br />
contre <strong>le</strong>s herbivores à la recherche de feuil<strong>le</strong>s tendres. On y trouve<br />
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