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<strong>le</strong>s oreil<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s yeux et la bouche. Ils mâcheront alors un plâtre mélangé<br />
de fine caillasse qui fait grincer <strong>le</strong>s dents.<br />
Deux jours passent et Olivier est complètement rétabli. Il traîne<br />
cependant une peur plus grande de tout ce qui a trait à la nature du karoo.<br />
Les aînés s’ennuient, Gonzague dépérit et se plaint sans cesse. Il promet<br />
de se couper <strong>le</strong>s veines si <strong>le</strong>s choses ne changent pas. Marc Dutoit écoute<br />
ses plaintes avec patience. Certes, ses neveux n’ont plus <strong>le</strong>s distractions<br />
des grandes vil<strong>le</strong>s et ne peuvent même plus écouter la musique de <strong>le</strong>urs<br />
MP3. Cédric et Olivier tournent en rond en cherchant à se distraire.<br />
Raphaël sait trop bien qu’ils s’en prendront tous à lui quand <strong>le</strong><br />
désœuvrement aura fait déborder <strong>le</strong> vase de <strong>le</strong>ur oisiveté.<br />
Les aînés adoptent <strong>le</strong> rythme infernal de se coucher très tard et se<br />
réveil<strong>le</strong>r très tard. Quand ils se lèvent, la maison est vide et ils y<br />
déambu<strong>le</strong>nt comme des zombis. La forte cha<strong>le</strong>ur et la sécheresse<br />
contribuent à <strong>le</strong>s rendre impatients et couramment à bout de nerfs.<br />
*<br />
C’est <strong>le</strong> <strong>le</strong>ndemain après-midi que la première crise a éclaté.<br />
Marc Dutoit venait à peine de rentrer de ses longues tournées dans <strong>le</strong><br />
semi-désert et Gonzague a commis la maladresse de l’accueillir en<br />
proférant une nouvel<strong>le</strong> menace de suicide. Le tic a repris soudain sur <strong>le</strong>s<br />
paupières de l’onc<strong>le</strong>.<br />
Il va chercher son fusil dans <strong>le</strong> coffre et glisse deux cartouches dans la<br />
poche de sa chemise.<br />
« Gonzague ! Crie-t-il. Viens avec moi ! »<br />
L’aîné <strong>le</strong> regarde, surpris.<br />
« On va chasser, tonton ?<br />
-Suis-moi ! »<br />
Gonzague obtempère et marche derrière son onc<strong>le</strong> comme s’il partait<br />
pour une ballade amica<strong>le</strong>. Ils parviennent derrière <strong>le</strong> hangar interdit.<br />
« Arrête ! Ordonne Marc. Reste-la et ne bouge plus»<br />
Il s’éloigne d’une dizaine de pas, se retourne, prend une cartouche dans<br />
sa poche et l’introduit dans <strong>le</strong> canon.<br />
« Gonzague, puisque tu n’arrives pas à te décider, je vais <strong>le</strong> faire pour<br />
toi.<br />
-De quoi tu par<strong>le</strong>s, tonton ? Demande l’aîné avec sa mine hautaine.<br />
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