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-C’est la panne d’essence ! On est beau tiens, Indiana Jones !<br />
-Merde ! Doub<strong>le</strong> merde ! Gémit Gonzague en tapant des poings sur <strong>le</strong><br />
volant.<br />
-Pourquoi t’as pas vérifié <strong>le</strong> niveau ? Répète Cédric abasourdi »<br />
Gonzague est si<strong>le</strong>ncieux et broie du noir. Un long moment s’écou<strong>le</strong>. Il<br />
commence à faire très chaud. Pas un arbre pour s’abriter du so<strong>le</strong>il dans<br />
cette immensité de consternation. Le temps a changé de rythme. Il cou<strong>le</strong><br />
doucement, trop doucement.<br />
« Si Gonzague pissait dans <strong>le</strong> réservoir ? Suggère Olivier. J’ai lu<br />
quelque part que ça peut marcher.<br />
-Arrête tes conneries !<br />
-Gonzague, t’as bu cinq cannettes de bière hier soir, ajoute-t-il. Il doit y<br />
avoir assez d’alcool dans ton urine pour arriver au village.<br />
-Mais t’es vraiment ouf Sanchez ! Beug<strong>le</strong> l’aîné »<br />
Un mirage paraît dans <strong>le</strong> rétroviseur. Les yeux de Gonzague<br />
s’écarquil<strong>le</strong>nt et grandissent.<br />
« C’est quoi ce truc ? »<br />
Ils se retournent tous subitement.<br />
« C’est une charrette à ânes ! » S'applaudit Cédric qui a <strong>le</strong>s meil<strong>le</strong>urs<br />
yeux.<br />
Trois portières s’ouvrent en un élan et ils descendent pour gesticu<strong>le</strong>r au<br />
milieu de la route et arrêter la carrio<strong>le</strong>. Le conducteur est un vieillard à la<br />
peau ridée comme cel<strong>le</strong> des cuisses d’un éléphant. Il <strong>le</strong>s fait monter à<br />
bord. Et voilà Indiana et ses acolytes, sans chapeaux, sous <strong>le</strong> so<strong>le</strong>il de<br />
plomb, assis sur une petite charrette en partance pour la Terre Promise.<br />
« On va jouer à Ben Hur, lance Cédric qui trouve l’aventure excitante.<br />
-Tape sur <strong>le</strong> cul des ânes pour al<strong>le</strong>r plus vite, crie Olivier à l’Africain<br />
édenté qui <strong>le</strong>s conduit.<br />
-Hé ! Ja boss… »<br />
De fortes odeurs d’alcool s’échappent de son gosier avec ses éclats de<br />
rire et sa toux de phtisique. Il se rou<strong>le</strong> une cigarette avec un papier qui a<br />
col<strong>le</strong>cté toutes <strong>le</strong>s poussières du coin et l’offre aux garçons. Olivier fait<br />
une grimace de dégoût et place une main devant son visage.<br />
*<br />
Une demi-heure plus tard, la carrio<strong>le</strong> entre dans un hameau d’une<br />
centaine de maisonnettes construites comme des cubes chapeautés par un<br />
toit de tô<strong>le</strong>. El<strong>le</strong>s s’alignent dans un paysage stéri<strong>le</strong>. Personne n’a pensé à<br />
planter des arbres ou des jardins. Des détritus s’amoncel<strong>le</strong>nt partout, des<br />
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