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«Salut Olivier, marmonne l’ami de Sandrine. Ça gaze ?<br />
- Ouais Etienne ! Pas mal et toi ? »<br />
Etienne, <strong>le</strong> copain à Sandrine, sent la cire et l’eau bénite. Sa peau est<br />
blanche et froide comme un cierge éteint. Il zézaye un peu, surtout quand<br />
il veut avoir raison.<br />
« Comment était ta rentrée au lycée ? Demande Sandrine.<br />
-Comme d’habitude ! Répond lascivement Olivier en furetant dans une<br />
pi<strong>le</strong> de courrier de son père. Toujours <strong>le</strong>s mêmes têtes de con. Juste un<br />
nouveau pion et un nouveau prof de math.<br />
-Arrête de lire <strong>le</strong> courrier de papa ! Ordonne Sandrine.<br />
-Je n’regarde que <strong>le</strong>s enveloppes et <strong>le</strong>s timbres.<br />
-C’est indiscret !<br />
-El<strong>le</strong>s ne sont pas ouvertes. El<strong>le</strong>s sont toutes pour El Senior Sanchez»<br />
Sandrine hausse <strong>le</strong>s épau<strong>le</strong>s et se tourne vers Etienne pour lui bécoter <strong>le</strong>s<br />
lèvres.<br />
La porte du bureau s’ouvre. Trois regards se tournent dans la direction<br />
de la porte. C’est Raphaël qui entre.<br />
« Et cousin, quel<strong>le</strong> surprise ! S’exclame Olivier. T’es pas allé au Lycée<br />
aujourd’hui ? T’as pas pu t’acheter des nouvel<strong>le</strong>s fringues et des <strong>livre</strong>s ?<br />
-Bonjour, dit Raphaël en cherchant une chaise pour s’asseoir et en<br />
évitant de répondre à la question embarrassante»<br />
Sandrine et son copain continuent à se dévorer comme s’ils étaient seuls.<br />
« Qu’est-ce qui nous vaut ta visite ? Demande Olivier en louchant de<br />
dégoût sur <strong>le</strong>s habits communs de son cousin pauvre. Tu viens pas<br />
chercher un repas gratuit au restau de maman, j’espère ?<br />
-T’inquiètes Olivier ! Je viens pour par<strong>le</strong>r à ton père »<br />
Julio s’est arrêté de chanter. Le si<strong>le</strong>nce envahit <strong>le</strong> bureau ou <strong>le</strong>s bruits<br />
de ventouse des amoureux fait hausser <strong>le</strong>s épau<strong>le</strong>s d’Olivier et sourire<br />
Raphaël. La porte du bureau s’ouvre et <strong>le</strong> maître de danse paraît,<br />
essoufflé, s’essuyant <strong>le</strong> front et <strong>le</strong> cou avec une petite serviette b<strong>le</strong>ue.<br />
Etienne a aussitôt délaissé <strong>le</strong>s lèvres de Sandrine et lâché sa main.<br />
« Buenas noche Olivier ! Come va Sandrine ? Tiens, Raphaël, quel<strong>le</strong><br />
surprise ! On t’a pas vu de tout l’été !?<br />
-Papa, ça fait trente ans que t’es en France, dit Sandrine. Pourquoi tu<br />
nous par<strong>le</strong>s pas en français ?<br />
-Ta mère te par<strong>le</strong> en français et moi en espagnol. Comme ça vous<br />
connaissez deux langues et ça n’vous coûte rien »<br />
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