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Il va prendre un verre d’eau dans la cuisine. Un instant plus tard, la<br />
porte s’ouvre dans un grand éclat de colère.<br />
« Alors connard, depuis quand tu te permets de cogner Gonzague ?<br />
S’exclame Cédric. Tu te crois <strong>le</strong> chef ici ou quoi ?<br />
-Je me suis excusé. Je n’l’ai pas fait exprès!<br />
-Mon cul, brail<strong>le</strong> Gonzague depuis <strong>le</strong> couloir avec une voix de soprano<br />
qui a mangé trop de poivre. Ca fait des jours que tu me cherches,<br />
morpion…<br />
-On va t’apprendre <strong>le</strong> respect, ajoute Cédric en lui assenant un coup de<br />
poing »<br />
Raphaël parvient à esquisser deux autres coups et s’échappe vers la<br />
cours arrière.<br />
« Je vais préparer <strong>le</strong> petit-dej, lance-t-il en espérant faire diversion »<br />
Mais <strong>le</strong>s aînés <strong>le</strong> poursuivent et Olivier est sorti de sa chambre pour<br />
voir ce qui se passe. Il y a trop d’é<strong>le</strong>ctricité dans l’air pour modérer la<br />
hargne des aînés. Depuis la chasse, <strong>le</strong>urs yeux ont pris une teinte<br />
différente, cel<strong>le</strong> d’un feu incandescent.<br />
Raphaël s’en est rendu compte lorsqu’il <strong>le</strong>s a vu débou<strong>le</strong>r dans la<br />
cuisine. Le sang a giclé dans <strong>le</strong>urs mains. Ce ne sont plus ses cousins, ni<br />
des humains pondérés qui lui font face. Ce sont des bêtes sauvages en<br />
quête de sang.<br />
Raphaël comprend vite que <strong>le</strong>s choses ont changé durant <strong>le</strong>s trois<br />
derniers jours. Le grincement métallique de l’éolienne harcè<strong>le</strong> comme si<br />
on passait un râteau sur la tô<strong>le</strong> ondulée du toit. Le vent fait claquer la<br />
porte rouillée d’un hangar. Raphaël se sent acculé et une frayeur sauvage<br />
lui noue brusquement l’estomac.<br />
Ses cousins <strong>le</strong> harcè<strong>le</strong>nt d’injures tout en <strong>le</strong> suivant.<br />
« Pédé ! Pourquoi tu passes ton temps avec Bill ?<br />
-Tu médis sur notre compte, salaud…<br />
-On a trop vu ta gueu<strong>le</strong> de limace. On va t’apprendre à lécher <strong>le</strong>s bottes<br />
du tonton !<br />
-Viens ici !<br />
-Cédric ! Attrape-<strong>le</strong> qu’on <strong>le</strong> passe au cirage !<br />
-T’as beau courir, on va t’attraper et ça va être ta fête !<br />
-Laissez-moi tranquil<strong>le</strong>. J’ai jamais essayé de par<strong>le</strong>r contre vous ! C’est<br />
pas vrai !<br />
-Menteur ! »<br />
Raphaël s’enfuit vers <strong>le</strong> hangar aux pans ouverts. Il n’a pas vu que<br />
Gonzague s’est encouru de l’autre coté et tombe en p<strong>le</strong>in dans ses bras.<br />
« Je l’ai ! Crie-t-il. Je <strong>le</strong> tiens. Venez m’aider »<br />
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