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Bill allume <strong>le</strong> feu avec Raphaël qui n’arrête pas de baragouiner en<br />
anglais et de rire. Marc s’est rafraîchi et revient avec sa pipe et une<br />
bouteil<strong>le</strong> de bière. Il prend place dans sa chaise pliab<strong>le</strong> au bord du feu.<br />
Gonzague quitte la véranda et s’approche <strong>le</strong>ntement du brasier. Il s’assied<br />
sur un tabouret.<br />
« Où sont <strong>le</strong>s fil<strong>le</strong>s ? Demande-t-il avec la même intonation de voix<br />
que s’il demandait si <strong>le</strong>s moutons sont parqués dans <strong>le</strong>ur enclos.<br />
-Je <strong>le</strong>s ai déposées à Graaf Reinet, répond Marc en bourrant sa pipe.<br />
-El<strong>le</strong>s sont en vil<strong>le</strong> pour quelques jours ?<br />
-Non, el<strong>le</strong>s y sont pour continuer <strong>le</strong>urs études. Albane rentre au collège<br />
et Natacha commence des études d’esthétique »<br />
Gonzague ricane comme une hyène dans la nuit tropica<strong>le</strong>.<br />
« C’est pour la faire maigrir ou pour lui apprendre à maquil<strong>le</strong>r sa<br />
sœur ? »<br />
Marc tire une longue bouffée sur sa pipe en guise de réponse, souff<strong>le</strong> la<br />
fumée b<strong>le</strong>utée qui monte vers <strong>le</strong> firmament puis il porte un regard neutre<br />
sur la tenue de l’aîné.<br />
« Je te remercie de t’habil<strong>le</strong>r comme un lord anglais pour <strong>le</strong> souper mais<br />
ce n’est vraiment pas nécessaire ici. Nous ne sommes pas des<br />
aristocrates.<br />
-C’est loin d’ici, ‘Gave Reinette’ ? Demande Gonzague en ignorant la<br />
remarque.<br />
-Cent trente kilomètres.<br />
-Putain! Encore une tui<strong>le</strong> pour ma tronche, marmonne Gonzague. Il<br />
fallait encore que ça m’arrive. J’en ai marre. Je sens que je vais al<strong>le</strong>r me<br />
suicider…<br />
-Pourquoi n’ava<strong>le</strong>s-tu pas tous tes cachets de Viagra en une fois ? Lui<br />
demande Marc. Tu rendras service à l’humanité. On te fera une jolie<br />
tombe ici, sous un eucalyptus. Tu auras tout <strong>le</strong> si<strong>le</strong>nce du monde pour toi.<br />
-J’en veux pas de ton si<strong>le</strong>nce de merde ! Hur<strong>le</strong> l’aîné, hors de lui. Je<br />
veux la vil<strong>le</strong>, <strong>le</strong> bruit, <strong>le</strong>s activités, <strong>le</strong>s fil<strong>le</strong>s…. »<br />
Cédric connaît la chanson du désespoir fictif de son frère. Les autres ont<br />
accueilli <strong>le</strong> monologue de l’aîné dans un si<strong>le</strong>nce circonspect. Mais Cédric<br />
veut faire diversion car il a compris que son onc<strong>le</strong> n’apprécie plus <strong>le</strong>s<br />
menaces de suicide de son frère.<br />
« Natacha et Albane sont tes nièces ? Lui demande-t-il.<br />
-El<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>s fil<strong>le</strong>s d’une amie très chère. Leur mère s’est mariée par<br />
désespoir avec un homme que lui rendu la vie inferna<strong>le</strong>. El<strong>le</strong> est morte, il<br />
y a six mois. Le père des gamines a abusé d’el<strong>le</strong>s après la mort de <strong>le</strong>ur<br />
mère. La police des mœurs est venue l’arrêter. Il s’est éclaté la cervel<strong>le</strong><br />
avec son fusil de chasse.