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2004<br />

236<br />

Cet aperçu sera limité à ces parties du Code civil qui sont entrées en vigueur<br />

en 1992. Ceci veut dire que le droit de la famille et des personnes,<br />

celui des personnes morales, le droit de la succession, une partie des<br />

contrats particuliers, la propriété industrielle et le droit international<br />

privé ne seront pas traités.<br />

II. — POURQUOI LES NÉERLANDAIS<br />

ONT-ILS RECODIFIÉ LEUR DROIT CIVIL?<br />

En 1947, le professeur E.M. Meijers s’est vu confier la charge de préparer<br />

une révision du Code civil néerlandais. Depuis des années,<br />

Meijers avait préconisé une telle révision; il n’était pas du tout content<br />

de la systématique du Burgerlijk Wetboek de 1838 (6). La grande<br />

majorité de la doctrine ne partageait pas ses opinions (7). En 1938 encore,<br />

à l’occasion du centenaire du Burgerlijk Wetboek, elle avait fait<br />

l’éloge du Code. Bien connues aux Pays-Bas sont les paroles de Paul<br />

Scholten, l’autre grand juriste de la première moitié du XX e siècle,<br />

selon lequel le Code est « een rustig bezit » (une possession tranquille)<br />

(8). C’est donc pour le moins surprenant que le gouvernement<br />

néerlandais ait confié cette commission à Meijers. Ce sont surtout<br />

des arguments politiques d’après-guerre qui peuvent expliquer ce développement<br />

(9). Meijers mourut en 1954, mais son travail fut continué<br />

par d’autres juristes. Le résultat en a été un nouveau code avec<br />

une nouvelle structure, comme par exemple une partie générale qui,<br />

d’après le BGB allemand, introduit l’acte juridique comme modèle.<br />

Le nouveau Code connaît un nombre de normes générales qui laissent<br />

une grande discrétion aux juges (10) . La division entre droit civil<br />

et droit commercial a été supprimée et une protection du consommateur<br />

a été intégrée dans le Code.<br />

La codification du droit a toujours fasciné les historiens du droit (11).<br />

Souvent, c’est à l’occasion d’un centenaire — ABGB (12), BGB (13),<br />

B.W. (14), Code civil (15) — ou même d’un bicentenaire (16), qu’ils<br />

sont appelés à se pencher sur l’origine du Code. Ce sera une étude<br />

des archives ou d’autres documents. Ces archives peuvent être détruites,<br />

comme l’illustrent les documents portant sur la codification<br />

japonaise (17). Mais même quand les archives sont disponibles, quel<br />

Gerlo, « Is hercodificatie van het familierecht wenselijk? », pp. 511-523 se déclare<br />

contre une recodification totale d’un régime qui est en train d’être révisé<br />

tout le temps.<br />

(5) Même en France, quelques auteurs audacieux préconisent l’élaboration<br />

d’un nouveau Code civil; voy., M. Grimaldi, L’exportation du Code civil, Pouvoirs<br />

n o 107, Paris, Seuil, 2003.<br />

(6) E.M. Meijers, Verzamelde privaatrechtelijke opstellen, I, pp. 93 et s., 109 et<br />

s.<br />

(7) P. Scholten, E.M. Meijers (éds.), Gedenkboek Burgerlijk Wetboek 1838-<br />

1938, Zwolle : W.E.J. Tjeenk Willink, 1938.<br />

(8) Paul Scholten, Verzamelde geschriften, III, 1951, p. 29.<br />

(9) Voy., P.C. Kop, « Motieven voor hercodificatie », in Liber memorialis<br />

François Laurent 1810-1887, Bruxelles, Story-Scientia, 1989, pp. 317-330.<br />

(10) H.C.F. Schoordijk, in Liber amicorum Jacques Herbots, Antwerpen :<br />

Kluwer, 2002.<br />

(11) Voy., Groninger Opmerkingen en Mededelingen, XII, Groningen 1995.<br />

(12) Festschrift zur Jahrhundertfeier am 1. Juni 1911, Wien, 1911.<br />

(13) Voy., sur le centenaire du Bürgerliches Gesetzbuch allemand : Mathias<br />

Schmoeckel, 100 Jahre B.G.B. : Erbe und Aufgabe, Neue Juristische Wochenschrift,<br />

1996, pp. 1697-1705; Hans Schulte-Nölke, « Die schwere Geburt des<br />

Bürgerlichen Gesetzbuchs », Neue Juristische Wochenschrift, 1996, pp. 1705-<br />

1709.<br />

(14) Gedenkboek Burgerlijk Wetboek 1838-1938, précité.<br />

(15) Le Code civil 1804-1904 - Livre du centenaire, Paris, 1904.<br />

(16) Voy. ce numéro spécial du Journal des tribunaux ainsi que Xavier Martin,<br />

Mythologie du Code Napoléon - Aux soubassements de la France moderne,<br />

Bouère, Martin Morin, 2003, 512 p.; par le même auteur, « Fondements politiques<br />

du Code Napoléon », R.T.D. civ., 2003, pp. 247-264.<br />

(17) Malcolm Smith, « The use and abuse of foresee ability : some observations<br />

on judicial law making in the common law system », in Wege zum japa-<br />

J.T. n° 6132 - 12/2004<br />

Larcier - © Groupe Larcier s.a.<br />

aopsomer@gbl.be / Groupe Bruxelles Lambert / aopsomer@gbl.be<br />

dommage qu’un Portalis, un Tronchet, un Napoléon ne soient plus en<br />

vie, afin qu’ils puissent répondre à nos questions. Dans le cas du<br />

Code civil néerlandais, l’histoire orale est toujours une solution.<br />

Quoique l’histoire du projet de codification date des années quarante<br />

du dernier siècle, il y a toujours des juristes qui ont participé aux travaux<br />

qui sont en vie. Dans sa thèse de doctorat soutenue à l’Université<br />

de Maastricht, Evert Florijn a retracé l’histoire de l’idée de recodification<br />

aux Pays-Bas depuis 1838 (18). Dans son étude, Florijn arrive<br />

à la conclusion qu’un projet tel que la recodification devrait être<br />

fini rapidement : « Studying too long simply means that the problems<br />

increase and that the original plan gets lost » (19). Cependant on peut<br />

également constater que la période de gestation extrêmement longue<br />

de la recodification néerlandaise a eu des avantages, comme j’espère<br />

le démontrer maintenant.<br />

III. — UNE NAISSANCE SANS PROBLÈMES<br />

L’introduction du nouveau Code civil a longtemps été une question discutée<br />

avec passion aux Pays-Bas. Des avocats et des juges espéraient à<br />

une retraite anticipée afin d’échapper aux cours de recyclage qui étaient<br />

organisés avec l’aide du ministère de la Justice. Une nouvelle revue juridique<br />

était fondée (20). Mais l’introduction du nouveau Code n’a pas<br />

été l’apocalypse, prévue par quelques auteurs (21). Au contraire, on<br />

peut dire que le droit civil est devenu plus accessible, plus compréhensible.<br />

Il n’est pas vrai qu’il n’y a pas eu des problèmes. Le remplacement<br />

du système des sûretés par un nouveau régime a causé des ennuis<br />

(22). De même, la protection de l’acquéreur de mauvaise foi a été fortement<br />

critiquée (23). Mais en général, l’entrée en vigueur s’est passée<br />

tranquillement.<br />

Ceci peut être attribué à la présence d’une infrastructure impressionnante<br />

en 1992. Les travaux parlementaires étaient accessibles facilement<br />

[1], les grands commentaires traitaient déjà du nouveau Code [2], la jurisprudence<br />

anticipait l’entrée en vigueur du Code [3] et une nouvelle<br />

génération de juristes recevait un enseignement sur le nouveau droit [4].<br />

Il faut ajouter que quelques articles innovateurs du nouveau Code n’ont<br />

guère été utilisés [5]. Le pouvoir discrétionnaire attribué aux juges a<br />

également été utilisé avec modération [6].<br />

1. — L’accessibilité<br />

Il s’est avéré important de rendre accessible à tous les travaux préparatoires.<br />

C’est ce que les fonctionnaires du ministère ont préparé (24). Un<br />

nischem Recht - Festschrift Kitagawa, Berlin : Duncker & Humblot, 1992,<br />

p. 523, 524.<br />

(18) E.O.H.P. Florijn, Ontstaan en ontwikkeling van het nieuwe Burgerlijk Wetboek,<br />

thèse de doctorat, Maastricht, Universitaire Pers, 1994, 583 p.<br />

(19) Florijn, op. cit., p. 570.<br />

(20) Kwartaalbericht Nieuw B.W., maintenant intitulé Nederlands Tijdschrift<br />

voor Burgerlijk Recht.<br />

(21) D’après J.M. van Dunné, E.A.A. Luijten, P.A. Stein, Kosten en tekortkomingen<br />

van het Nieuw Burgerlijk Wetboek (boeken 3, 5 en 6), Rapport uitgebracht<br />

aan de vaste Commissie voor justitie van de Tweede Kamer, Amhern,<br />

1990, p. 9; les coûts de l’introduction de l’ordre de 7 millions HFL (plus de<br />

3.000.000 €) pour les cinq premières années et de 15 million HFL (plus de<br />

6.500.000 €) pour les vingt premières années.<br />

(22) Hoge Raad, 19 mai 1995, N.J., 1996, n o 119, note W.M. Kleijn, N.T.B.R.,<br />

1995, p. 207, note E.B. Rank-Berenschot, Keereweer q.q. c. Sogelease.<br />

(23) C.J.H. Brunner, « Dief wordt eigenaar », in Quod licet - Mélanges Kleijn, Deventer,<br />

Kluwer, 1992, pp. 45-53; c. P. Neleman, « Thieves’ paradise revisited », in<br />

C.J.H.B. - Mélanges Brunner, Deventer, Kluwer, 1994, pp. 293-302.<br />

(24) Parlementaire Geschiedenis van het Nieuwe Burgerlijk Wetboek, édité par<br />

C.J. van Zeben, J.W. du Pon, M.M. Olthof et plus tard par W.H.M. Reehuis et<br />

E.E. Slob.

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