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tente des accords de diversion. Le garde des sceaux pousse sa voix de<br />
terminer son pensum... « car si en 1804 il fallait résumer le droit, en<br />
1904, il faut l’élargir ». Cependant que les pandores expulsent la criarde,<br />
en la morigénant : « Comment pouvez-vous, devant le président? »<br />
qui — disons-le à sa décharge — avait souri avec sa bonté coutumière,<br />
on entend, dominant le ministre et les agents, le dernier cri de la<br />
protestataire : « eh va donc,! c’est pas mon père! ».<br />
N’en faites pas trop M e Hennebicq!<br />
Après les cérémonies de Paris, M e Hennebicq, avait écrit avec un peu<br />
de précipitation, un zeste de goujaterie et beaucoup de forfanterie, sans<br />
oublier sa grandiloquence naturelle : « c’est dans l’indifférence de ce<br />
Paris, qui n’a jamais pensé qu’à jouir, que s’accomplit la commémoration<br />
d’un passé dont il n’a même plus la reconnaissance... Nous sommes<br />
les seuls à en (le Code) comprendre le sens, la portée, la gravité religieuse,<br />
de même que nous avons été les premiers à le célébrer ».<br />
Le sic s’impose, non? M e Auclair qui tient dans le Journal la « Chronique<br />
de Paris » et qui n’est autre que M e Claro du barreau de Paris, ancien secrétaire<br />
de la Conférence du stage, s’en émeut. Avec raison.<br />
... « Les premiers... non pas, s’il vous plaît, les seconds. On sait assurément<br />
à Bruxelles que, chaque jour, le soleil brille pour les Nippons avant de consentir<br />
à éclairer les plaines wallonnes et flamandes. Or, le 21 mars 1904,<br />
date astronomique, une manifestation avait lieu à Tokyo en l’honneur du<br />
Code Napoléon. Cinq discours y furent prononcés, quatre en japonais, un en<br />
français par M. Bridel, professeur à l’Université impériale ».<br />
Il démontre ensuite, documents à l’appui (Gazette des tribunaux du<br />
3 novembre 1904) « que les fêtes du centenaire ont eu à Paris un éclat et<br />
un retentissement que certains esprits timorés se refusaient à prévoir ».<br />
Et pour effacer l’affront fait à Paris qui ne songerait qu’à jouir, M e Auclair<br />
consacre sa chronique au monumental ouvrage que l’un de ses confrères<br />
au barreau de Paris, M e Clunet, a édifié, soit les trente et un volumes du<br />
J.T. n° 6132 - 12/2004<br />
Larcier - © Groupe Larcier s.a.<br />
aopsomer@gbl.be / Groupe Bruxelles Lambert / aopsomer@gbl.be<br />
Journal de droit international privé agrémentés de tables de recherche et<br />
de références, à ce point novatrices que le nom Tables du Clunet est<br />
aujourd’hui encore familier..., aux rats de bibliothèque en tout cas.<br />
Il conclut : « D’hommes comme Clunet, d’œuvres comme la sienne, la<br />
France peut être fière. Elle l’est. Et quand nous entendons certains airs<br />
de guitare, “ les Français ne sont maintenant que des amuseurs, incapables<br />
de comprendre même les grandeurs passées et ne songeant qu’à<br />
jouir ” (Tu quoque, Hennebicq!) c’est par du Corneille que nous répondons<br />
en son nom :<br />
Belgique, si mon visage<br />
A quelques traits un peu vieux,<br />
Dites-vous bien qu’à mon âge<br />
Vous ne vaudrez guère mieux.<br />
Cependant j’ai des charmes<br />
Qui sont assez éclatants<br />
Pour n’avoir pas trop d’alarmes<br />
De ces ravages du temps.<br />
Songez-y, jeune Belgique,<br />
Quoiqu’en grison fasse effroi,<br />
A tort on lui fait la nique,<br />
Quand il est fait comme moi ».<br />
Par curiosité, j’ai ouvert la Gazette du Palais du 3 novembre, qui relate<br />
les fêtes du centenaire. J’y ai trouvé ces mots qui semblent mettre un<br />
terme aux excès des uns et des autres : ... « ... ce sont peut-être les voix<br />
des savants étrangers qui ont été les plus élogieuses pour la grande œuvre<br />
de nos législateurs de 1804 ».<br />
Le journaliste pensait, on peut l’espérer, au discours de Jules Lejeune.<br />
Tout à la fois le plus approprié, le plus limpide et le plus profond de ceux<br />
qui ont été prononcés.<br />
Pierre BAUTHIER<br />
2004<br />
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