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lérer la cadence. Chacun des comités prépare un projet d’articles accompagné<br />

de motifs explicatifs. Des travaux de recherche sont conduits.<br />

Il s’agit surtout de recherches en droit comparé, d’études confiées à des<br />

spécialistes des sciences sociales ou encore d’interviews et de sondages<br />

auprès de personnes et d’organismes préoccupés par les réformes envisagées.<br />

Au terme du processus, le comité soumet un rapport. Une fois<br />

diffusés, les rapports font l’objet de critiques parfois dans la presse et<br />

fréquemment dans les périodiques universitaires. Dans certains cas, des<br />

audiences publiques sont tenues. L’Office dépose son rapport final en<br />

octobre 1977. Il comprend deux volumes, le premier expose le projet de<br />

Code civil et le second fournit des commentaires explicatifs (9).<br />

Tout au long de ses travaux, l’Office cherche à atteindre plusieurs objectifs<br />

(10). Il entend régler les conflits nés des interprétations divergentes<br />

qui affectent le droit civil, en proposant des solutions « réalistes et<br />

conformes aux principes du droit civil » (11). Il s’efforce d’intégrer au<br />

Code la législation particulière en matière de droit civil, par exemple le<br />

droit de l’adoption. Il procède à un examen critique des fondements politiques<br />

sur lesquels avait été appuyé le Code de 1866. Cette orientation<br />

amène l’Office à repenser le droit privé québécois en prenant en compte<br />

le droit comparé et à considérer les changements survenus dans la société.<br />

Finalement, il porte une attention particulière à la qualité de la rédaction.<br />

Parallèlement à la préparation de son projet de Code, l’Office collabore<br />

à des réformes partielles du droit civil (12). Il s’ensuit qu’avant même<br />

le dépôt du rapport final de l’Office, des réformes substantielles transforment<br />

le Code civil du Bas-Canada. Des modifications sont ainsi apportées,<br />

bien avant la fin des travaux, dans les matières suivantes : le<br />

mariage civil (13) les régimes matrimoniaux (14), la déclaration judiciaire<br />

de décès (15), les assurances (16), les droits et libertés de la personne<br />

(17), les relations parents - enfants (18) et le louage de choses<br />

(19).<br />

Le gouvernement reçoit le rapport de l’Office mais décide de ne pas le<br />

soumettre à l’Assemblée nationale pour une adoption immédiate. Les<br />

raisons invoquées par le ministre de la Justice sont multiples ainsi qu’il<br />

le précise à l’Assemblée : « Il serait imprudent de l’adopter à la hâte et<br />

sans consultation suffisante. De plus, certaines des réformes qui sont<br />

proposées par l’Office de révision du Code civil sont d’une telle ampleur<br />

et d’une telle complexité et impliquent de tels coûts financiers et<br />

un immense support administratif que nous devons réaliser qu’il faudra<br />

sans doute plusieurs années avant que nous puissions les mettre toutes<br />

en œuvre » (20). En définitive, plusieurs années sont nécessaires avant<br />

que le projet soit mené à terme. D’autres raisons expliquent ce retard.<br />

Le gouvernement ne dispose pas, à cette époque, d’une grande expertise<br />

interne en droit civil puisque la réforme a été élaborée exclusivement à<br />

l’extérieur de l’appareil gouvernemental. Il lui est vraisemblablement<br />

difficile de mesurer l’impact qu’elle aurait. En outre, le manque de volonté<br />

politique fait défaut, d’autant que ce dossier demeure peu susceptible<br />

d’apporter du capital politique à son parrain.<br />

(9) Office de révision du Code civil, Rapport sur le Code civil, Québec, Éditeur<br />

officiel, 1978, 2 vol. en 3 tomes.<br />

(10) Paul-André Crépeau, « La révision du Code civil », [1977] Cours de perfectionnement<br />

du notariat, 335, 344-345.<br />

(11) Ibid., p. 344.<br />

(12) Ibid., p. 354.<br />

(13) Loi concernant le mariage civil, S.Q. 1968, c. 82.<br />

(14) Loi concernant les régimes matrimoniaux, L.Q. 1969, c. 77.<br />

(15) Loi concernant les jugements déclaratifs de décès, L.Q. 1969, c. 79.<br />

(16) Loi sur les assurances, L.Q. 1974, ch. 70.<br />

(17) Charte des droits et libertés de la personne, L.Q. 1975, ch. 6.<br />

(18) Loi modifiant le Code civil, L.Q. 1977, ch. 72.<br />

(19) Loi instituant la Régie du logement et modifiant le Code civil et d’autres<br />

dispositions législatives, L.Q. 1979, ch. 48.<br />

(20) Assemblée nationale du Québec, Commission permanente de la justice,<br />

« Présentation de mémoires sur la réforme du droit de la famille (1) », in Journal<br />

des débats - Commissions parlementaires, 31 e législature, 4 e sess., 13 mars<br />

1979 (fasc. 8), p. B-349-B350.<br />

J.T. n° 6132 - 12/2004<br />

Larcier - © Groupe Larcier s.a.<br />

aopsomer@gbl.be / Groupe Bruxelles Lambert / aopsomer@gbl.be<br />

Le gouvernement décide de scinder l’étude du Code en sections et de<br />

présenter chacune de ces sections à l’Assemblée nationale sous forme<br />

de projets ou d’avant-projets de loi qui font l’objet d’une étude en commission<br />

parlementaire et donnent lieu à des audiences publiques. Le<br />

processus choisi entraîne une mise en vigueur du Code civil du Québec<br />

par tranches. Un premier livre – celui de la famille – est adopté par l’Assemblée<br />

en décembre 1980 (21) et est partiellement mis en vigueur l’année<br />

suivante. Par la suite, l’étude du reste du Code est poursuivie et les<br />

livres sur les personnes, les successions et les biens sont adoptés, sans<br />

toutefois être mis en vigueur. Le reste des livres est étudié et le gouvernement<br />

présente un projet consolidé en 1990. Ce projet, qui donne lieu<br />

à une étude globale, y compris pour le droit de la famille, est adopté en<br />

décembre 1991 (22) et entre en vigueur le 1 er janvier 1994.<br />

Une loi ayant pour objet d’assurer l’application de la réforme vient<br />

compléter le Code (23). Cette loi prévoit des dispositions de droit transitoire<br />

qui visent à résoudre les inévitables conflits entre l’ancien et le<br />

nouveau droit. De plus, cette même loi apporte des modifications au<br />

Code de procédure civile et à une centaine de lois particulières afin de<br />

les rendre compatible avec le nouveau Code. Finalement, elle abroge<br />

une dizaine de lois.<br />

Tout au long du processus de recodification, plusieurs composantes de<br />

la communauté juridique prendront part à ce vaste chantier. Les professeurs,<br />

et dans une moindre mesure les praticiens (juges, avocats et notaires),<br />

joueront un rôle de premier plan à la rédaction du projet de Code<br />

élaboré par l’Office de révision. Par la suite, les juristes de l’Etat se<br />

chargent du dossier. Des professeurs viennent épauler, à l’occasion,<br />

l’équipe des rédacteurs, surtout dans les dernières phases. Il est indéniable<br />

qu’une certaine concurrence s’est développée entre les différents intervenants<br />

chargés de la recodification.<br />

2. — Les sources<br />

Tout au cours du long processus de recodification du droit québécois, de<br />

nombreuses sources furent utilisées. Le Code est en grande partie bâti<br />

sur des relations textuelles faites d’emprunts et souvent de transformations<br />

de textes antérieurs.<br />

A. — L’ancien Code<br />

La source première du Code civil du Québec demeure sans doute le<br />

Code civil du Bas-Canada. On n’est donc guère étonné que le ministre<br />

de la Justice, dans ses commentaires introductifs au nouveau Code, ait<br />

reconnu la parenté qui rapproche les deux Codes : « [...] cette réforme<br />

s’inscrit [...] dans la continuité du droit antérieur; elle en constitue le<br />

prolongement, la bonification, la consolidation » (24). Des tables de<br />

concordance, constituées par les rédacteurs du Code ou par des éditeurs<br />

privés, permettent de voir la filiation directe qui lie plusieurs articles du<br />

nouveau Code à ceux de l’ancien. Aussi complètes que soient ces tables,<br />

elles ne peuvent avoir la prétention de présenter tous les rapprochements<br />

existants entre les deux Codes. Il revient à chacun dans sa lecture<br />

des dispositions d’identifier la relation d’hypertextualité (25) qui se cache<br />

derrière le libellé du nouveau Code. L’ancien Code est donc appelé<br />

à jouer un rôle majeur dans la compréhension et l’interprétation du<br />

Code civil du Québec (26).<br />

(21) Loi instituant un nouveau Code civil et portant réforme du droit de la famille,<br />

L.Q. 1980, c. 39.<br />

(22) Code civil du Québec, L.Q. 1991, c. 64.<br />

(23) Loi sur l’application de la réforme du Code civil, L.Q. 1992, c. 57.<br />

(24) Commentaires du ministre de la Justice, Québec, Les Publications du Québec,<br />

1993, p. vi.<br />

(25) Gérard Genette, Palimpsestes : la littérature au second degré, Paris, Le<br />

Seuil, 1992, pp. 7 et 12-16. (coll. Points, n o 257).<br />

(26) Maurice Tancelin, « Les silences du Code civil du Québec », (1994) 39,<br />

Rev. droit de McGill, 747-760.<br />

2004<br />

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