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Selon la Cour de cassation le propriétaire d’un bien qui, par un fait non<br />

fautif, rompt l’équilibre existant entre deux propriétés, en imposant à un<br />

propriétaire voisin un trouble excédant la mesure des inconvénients ordinaires<br />

du voisinage, lui doit une juste et adéquate compensation rétablissant<br />

l’égalité rompue (11).<br />

Ainsi, les prérogatives du propriétaire sont sauvegardées.<br />

Toutefois, si l’exercice de ces prérogatives rompt l’équilibre entre les<br />

deux propriétés, il sera dû au voisin victime de cette rupture, une compensation.<br />

Une telle compensation peut être octroyée soit en nature, soit par équivalent.<br />

Toutefois, la juste et adéquate compensation rétablissant l’équilibre<br />

rompu ne peut consister en l’interdiction absolue de ce fait, même si,<br />

l’interdiction absolue est la seule manière de rétablir l’équilibre rompu<br />

(12). Les juridictions de fond ne respectent pas toujours cette réserve.<br />

III. — LA PROPRIÉTÉ DES VOLUMES<br />

C’est au doyen R. Savatier que revient le mérite d’avoir mis en lumière<br />

la notion de propriété immobilière d’un volume qui permet de dissocier<br />

et de juxtaposer la pleine propriété du tréfonds et la pleine propriété du<br />

sol et des volumes situés au-dessus de celui-ci (13).<br />

La notion technique et juridique du volume permet de rencontrer les<br />

réalités immobilières d’aujourd’hui où doivent être juxtaposées, superposées<br />

ou imbriquées des propriétés privées et des propriétés publiques,<br />

des espaces à usage professionnels et d’autres destinés au logement ou<br />

aux loisirs.<br />

Les investisseurs soucieux, à juste titre, d’acquérir un droit en pleine<br />

propriété sur les constructions à ériger, ne trouvent aucun secours dans<br />

les lois du 10 janvier 1824 qui ont réintroduit en droit belge le droit de<br />

superficie et d’emphytéose.<br />

En effet, le législateur a imposé une durée maximale de 50 ans pour le<br />

droit de superficie (art. 4) et de 99 ans pour le droit d’emphytéose<br />

(art. 2).<br />

La solution peut être trouvée dans les articles 552 et 553 du Code civil<br />

(14) qui établissent une présomption — iuris tantum selon une doctrine<br />

(11) R.C.J.B., 1960, p. 257, note Jean Dabin; R.G.A.R., 1960, 6557, note<br />

R.O. Dalcq.<br />

(12) Cass., 14 déc. 1995, J.L.M.B., 1996, p. 966, note P. Henry; Pas., 1996, I. ;<br />

Pour une bibliographie, voy. N. Verheyden-Jeanmart, Ph. Coppens et<br />

C. Mostin, « Examen de jurisprudence (1989 à 1998) - Les biens », Rev. crit.<br />

jur. b., 1 er trim. 2000, pp. 59 à 215 (1 re partie) - 2 e trim. 2000, pp. 291 à 480 (2 e<br />

partie), pp. 308 et 309, n o 105; C. Mostin, Les troubles de voisinage, Kluwer,<br />

1998. J. Kokelenberg, Th. Van Sinaye et H. Vuye, « Overzicht van rechtspraak<br />

- Zakenrecht (1994-2000) », T.P.R., 2001, pp. 837 à 1199.<br />

(13) R. Savatier, « La propriété de l’espace », D., 1965, chron. 213 et « La propriété<br />

des volumes dans l’espace et la technique juridique des grands ensembles<br />

immobiliers », D., 1976, chron., pp. 103 à 110.<br />

(14) L’article 552 dispose que : « La propriété du sol emporte la propriété du<br />

dessus et de dessous.<br />

» Le propriétaire peut faire au-dessus toutes les plantations et constructions<br />

qu’il juge à propos, sauf les exceptions établies au titre “ Des servitudes et services<br />

fonciers ”.<br />

» Il peut faire au-dessous toutes les constructions et fouilles qu’il jugera à propos,<br />

et tirer de ces fouilles tous les produits qu’elles peuvent fournir, sauf les<br />

modifications résultant des lois et règlements relatifs aux mines, et des lois et<br />

règlements de police ».<br />

L’article 553 dispose que : « Toutes constructions, plantations et ouvrages sur<br />

un terrain ou dans l’intérieur sont présumés faits par le propriétaire à ses frais<br />

et lui appartenir, si le contraire n’est pas prouvé; sans préjudice de la propriété<br />

J.T. n° 6132 - 12/2004<br />

Larcier - © Groupe Larcier s.a.<br />

aopsomer@gbl.be / Groupe Bruxelles Lambert / aopsomer@gbl.be<br />

et une jurisprudence constantes — aux termes de laquelle la propriété<br />

du sol emporte la propriété du dessus et du dessous.<br />

L’article 553 in fine vise, du reste, explicitement le renversement de la<br />

présomption, au cas où un tiers aurait acquis par prescription la propriété<br />

d’un souterrain sous le bâtiment d’autrui ou d’une autre partie du bâtiment.<br />

Il est, dès lors, possible de dissocier la pleine propriété du tréfonds et la<br />

pleine propriété du sol et des volumes qui le surplombent.<br />

Une telle dissociation trouve un appui tant en législation qu’en doctrine<br />

et en jurisprudence (15).<br />

En droit français également, le découpage de la propriété en divers volumes<br />

est admis depuis longtemps (16).<br />

Les principes contenus dans les articles 552 et 553 du Code civil ne<br />

constituent donc que le quod plerumque fit et doivent céder le pas devant<br />

la preuve contraire, peu importe la forme ou l’importance du bien<br />

dont les parties ont entendu dissocier la propriété de celle du sol (17).<br />

N. VERHEYDEN-JEANMART<br />

qu’un tiers pourrait avoir acquise ou pourrait acquérir par prescription, soit<br />

d’un souterrain sous le bâtiment d’autrui, soit de toute autre partie du<br />

bâtiment ».<br />

(15) Les lois du 21 avril 1810 et du 15 septembre 1919 sur les mines illustrent<br />

à suffisance pareille dissociation. Les arrêts du 4 février 1847 (Pas., 1847, I,<br />

467), du 26 juin 1890 (Pas., 1890, I, 233) et du 28 novembre 1969 (Cass., Pas.,<br />

1970, I, 294) en sont une application. F. Laurent, Principes du droit civil, t. VI,<br />

3 e éd., pp. 323-324, n os 246-247; H. De Page, Traité élémentaire de droit civil<br />

belge, t. V, 2 e éd., p. 846, n o 951.<br />

(16) R. Savatier, « La propriété des volumes dans l’espace et la technique juridique<br />

des grands ensembles immobiliers », D., 1976, chron., 103, n o 6; Enc.<br />

Dalloz, civ., 1987, « Accession », n o 18, n os 33 et s.; R. Savatier, « La propriété<br />

de l’espace », D., 1965, chron., 213.; Cass. civ., 1 er août 1866, D.P., 1866, I,<br />

406 : « le dessous peut être détaché du sol par fractions qui forment à leur tour,<br />

et par elles-mêmes, une chose essentiellement distincte et susceptible d’appropriation<br />

particulière ».; C.E., 15 avril 1857, S., 1858, II, 1434 : à propos de la<br />

construction d’un tunnel; J. Cumenge, « Urbanisation dans l’espace des propriétés<br />

privées et publiques », cité par P. de Besombes-Singla, « Droit de superficie<br />

et construction en volumes », in Pratique et évolution de la copropriété,<br />

73 e congrès des notaires de France, Strasbourg, 1976, p. 597.<br />

(17) R.P.D.B., « Propriété », n o 130. Pour de plus amples développements,<br />

voy. N. Verheyden-Jeanmart et C. Mostin, « Jouissance d’immeuble : bail et<br />

conventions voisines », in Aspects récents du droit des contrats, Bruxelles, éd.<br />

Jeune barreau, 2001, pp. 139 et s.<br />

2004<br />

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