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vanche, une série de défauts sont encore bien là et, on s’en doute, la langue<br />

des nouvelles dispositions n’est pas toujours impeccable. Donnons<br />

quelques précisions.<br />

Des archaïsmes subsistent. Des dispositions rédigées avec inversion du<br />

sujet ou employant des mots vieillis, comme compéter ou ès (cf. supra),<br />

ou des expressions comme si mieux n’aime, n’ont pas été modifiées.<br />

Des termes ou des significations, qui n’étaient pas archaïques en 1804,<br />

mais qui le sont devenus, survivent : dettes actives, au lieu de créances<br />

(art. 531), recelé, au lieu de recel (art. 801), retour, au lieu d’ajout ou<br />

de supplément (art. 833), modifications, au lieu de restrictions<br />

(art. 1091), événement, au lieu de réalisation (art. 1182), en minorité et<br />

en majorité, au lieu de pendant sa minorité et de devenu majeur<br />

(art. 1311). Parfois, une loi récente use elle-même d’archaïsmes : « Le<br />

consentement mutuel des époux ne sera point admis si l’un d’eux a<br />

moins de vingt ans » (art. 275), « Le préciput n’est point regardé comme<br />

une donation, mais comme une convention de mariage » (art. 1458,<br />

al. 1 er ), le conjoint « n’est point comptable de ceux [les fruits] qui ont<br />

été consommés jusqu’alors » (art. 1467) (26), « l’usage commun de<br />

deux ou plusieurs héritages distincts appartenant à des propriétaires<br />

différents » (art. 577-2) (27), « Les congés, ... doivent à peine d’inexistence,<br />

être signifiés par exploit d’huissier de justice » (art. 57 de la section<br />

relative aux baux à ferme) (28).<br />

De nouvelles dispositions recourent allégrement à l’inversion du sujet<br />

(art. 170, 224, 319, 378, 397, 398, 487ter, 488bis-b, 577-4, 1322, 1399,<br />

1400, 1401, 1405, 1407, 1408, 1414, 1690, 1952, 1954ter; art. 4, 35 et<br />

135 de la loi hypothécaire; art. 1 er , al. 2, de la section II du chapitre II<br />

du titre VIII du livre III [baux relatifs à la résidence principale du preneur];<br />

art. 2 de la section IIbis du même chapitre [baux commerciaux];<br />

art. 1 er , 2, 7, 9, 10, 12, 20, 28, 30, 37, 53 et 56 de la section III du même<br />

chapitre [baux à ferme]).<br />

Des expressions nouvelles sont peu heureuses (minorité prolongée) (29)<br />

ou éléphantesques (personne mise sous statut de minorité prolongée).<br />

On constate aussi des escamotages injustifiés de l’article : empêchement<br />

à mariage (art. 63, § 3, al. 2, 313, § 2, 314, al. 2, 321, 325; comp.<br />

art. 370, § 1 er , al. 2, et § 4), pour raisons graves (art. 165, § 2, al. 1 er ),<br />

sur base (art. 1728bis, § 1 er , al. 1 er , et art. 37, § 2, de la section relative<br />

aux baux à ferme) (30).<br />

Le déclin du latin n’empêche pas le tuteur ad hoc de s’enraciner<br />

(art. 232, al. 2, 331sexies, 348, §§ 1 er et 2, 378, al. 3, 404, 480, al. 2;<br />

comp. art. 355, al. 3, et 410, § 1 er , 12 o ).<br />

On relève l’une ou l’autre redondance. Ainsi, il est bien inutile, de préciser<br />

qu’un héritier peut être tenu de donner caution bonne et solvable<br />

(art. 807, modifié en 1967, avec conservation de la redondance). De<br />

même, quand l’on donne des exemples, précédés par tels que, il est superflu<br />

d’en faire suivre la liste par etc. (art. 7 de la section relative aux<br />

baux à ferme) (31).<br />

Des constructions sont ambiguës, maladroites ou peu rigoureuses.<br />

Quand nous apprenons que « Le juge de paix tutélaire est immuable »<br />

(art. 390, al. 2), nous comprenons que c’est le for tutélaire qui est im-<br />

(26) Quand il n’est ni littéraire ni régional, point, au sens de pas, est<br />

aujourd’hui archaïque (Hanse, Nouveau dictionnaire des difficultés du français<br />

moderne, v o «Pas»).<br />

(27) En ce sens, héritage est vieilli (voy. Grand Robert, éd. 2001) et incompréhensible<br />

du profane.<br />

(28) Exploit constitue un terme technique, c’est entendu. Mais, dans ce sens, il<br />

est vieilli et surtout comique. L’on fait mieux d’utiliser simplement acte, que<br />

tout le monde comprend. Voy. aussi les art. 7, 10 et 21 de la section relative aux<br />

baux commerciaux.<br />

(29) La minorité prolongée débute la plupart du temps bien avant que l’intéressé<br />

atteigne l’âge de la majorité et le statut dit de minorité prolongée, caractérisé<br />

par une incapacité plus étendue que celle du mineur, débute dès que la mise<br />

sous ce statut a été décidée.<br />

(30) Bien que sur base soit très répandu, c’est « sur la base » qu’il faut écrire<br />

(voy. Hanse, op. cit., v o «Base»).<br />

(31) Voy. aussi l’art. 915bis, § 2, al. 2 (contre sa volonté empêché).<br />

J.T. n° 6132 - 12/2004<br />

Larcier - © Groupe Larcier s.a.<br />

aopsomer@gbl.be / Groupe Bruxelles Lambert / aopsomer@gbl.be<br />

muable, mais la formulation légale ne fait pas moins sourire. On sourit<br />

aussi quand on lit que le bailleur peut mettre fin au bail « au cours de<br />

chacune des périodes successives de bail, à l’exclusion de la première<br />

et de la deuxième » (art. 8, § 1 er , de la section relative aux baux à ferme)<br />

(32). Autre exemple, les deux dernières phrases de l’article 1395, § 1 er ,<br />

alinéa 1 er , sont rédigées comme suit : « Les époux comparaissent ensemble<br />

et en personne. Lorsque ceux-ci doivent être établis, ils produisent<br />

les actes contenant inventaire de leurs biens et dettes et règlement<br />

de leurs droits respectifs ». On se doute que ceux-ci renvoie aux actes<br />

qui vont être cités et non aux époux. Il n’empêche que la rédaction est<br />

malencontreuse. Elle l’est tout autant à l’article 1395, § 4, où nous lisons<br />

qu’« En cas de liquidation ou de transfert des biens immeubles<br />

d’un patrimoine à un autre, il convient de constater ceci par acte devant<br />

notaire. » Que vise ceci? Sans doute la liquidation et le transfert des<br />

biens. La formulation aurait néanmoins pu être plus claire, d’autant que<br />

ceci annonce ce qui va suivre (33)(34). Maladresse encore à l’article 10,<br />

alinéa 5, de la section relative aux baux commerciaux : « Le preneur<br />

peut, à peine de forclusion, se pourvoir dans les quinze jours de<br />

l’opposition ». Les termes à peine de forclusion eussent été mieux placés<br />

à la fin de la phrase (comp. d’ailleurs les art. 16 I, 4 o , et 18, al. 1 er .<br />

de la même section). De son côté, l’article 19 de la loi hypothécaire<br />

commence par : « Les créances privilégiées sur la généralité des meubles<br />

sont celles ci-après exprimées, et s’exercent dans l’ordre suivant »,<br />

après quoi certains termes de l’énumération sont rédigés sous forme de<br />

phrases indépendantes, ne s’enchaînant pas avec le début de la disposition<br />

(voy. le 4 o quater et le 4 o octies). Et la construction devient carrément<br />

incorrecte quand un que remplaçant un si est suivi de l’indicatif et<br />

non du subjonctif : « s’il y a plusieurs adoptants de nationalité différente<br />

et que le statut personnel de chacun d’eux reconnaît la filiation<br />

adoptive,... » (art. 344, § 1 er , b) (35).<br />

Aux lecteurs qui affectionnent les textes lourds, l’on recommandera la<br />

lecture des articles 826, alinéa 1 er , du Code, 19, 20 et 27, 5 o , alinéa 1 er ,<br />

de la loi hypothécaire, ainsi que de nombre de dispositions des sections<br />

consacrées aux baux relatifs à la résidence principale du preneur, aux<br />

baux commerciaux et aux baux à ferme.<br />

Pour en terminer avec les critiques, relevons encore : le belgicisme que<br />

constitue l’emploi de pension pour retraite (36); l’emploi de l’affreux<br />

«et/ou» (art.64, §1 er , 5 o ), pourfendu par Etiemble ainsi que, dans ces<br />

colonnes, par Tertius (37); le recours à la locution à concurrence de,<br />

alors qu’il faut écrire jusqu’à concurrence de (art. 1432, 1434, 1437,<br />

1438, 1440 à 1442; comp. les art. 113 de la loi hypothécaire, 26 et 45 de<br />

la section relative aux baux à ferme) (38).<br />

Il serait toutefois injuste de laisser croire que rien n’est convenable dans<br />

l’œuvre du législateur depuis 1804. Nous avons d’ailleurs déjà signalé ce<br />

qui peut être mis à son actif. Il n’empêche que, si Stendhal revenait parmi<br />

nous, il ne lirait sans doute pas deux ou trois pages du Code version 2004<br />

avant de se mettre à l’écriture.<br />

RHADAMANTHE<br />

(32) C’est comme ce restaurant qui affichait : « Ouvert tous les jours. Fermé le<br />

lundi ».<br />

(33) Girodet, Pièges et difficultés de la langue française, v o «Ceci», Hanse,<br />

op. cit., v o « Ceci, cela ».<br />

(34) Voy. aussi les art. 1402, où il aurait gagné à être remplacé par cet époux,<br />

et 1436, où elles aurait été utilement remplacé par les récompenses.<br />

(35) Le subjonctif est en revanche injustifié dans la construction suivante : « ...la<br />

décision judiciaire par laquelle l’adoption est révoquée sans qu’il soit décidé que<br />

l’enfant mineur soit replacé sous l’autorité parentale... » (art. 50, § 2, al. 2).<br />

(36) « Si le preneur ayant atteint l’âge de la pension, ... » (art. 8bis de la section<br />

relative aux baux à ferme). D’autres textes, extérieurs au Code, parlent au contraire<br />

très justement d’âge de la retraite (voy. notam., art. 383, C. jud. et l’A.R.<br />

12 mai 1927 sur l’âge de la mise à la retraite).<br />

(37) J.T., 1982, p. 805, et 1986, p. 65. On doit à l’objectivité de signaler que<br />

d’aucuns, et non des moindres, ne critiquent pas cet usage (Hanse, op. cit.,<br />

v o «Et»; Grevisse, Le Bon Usage, 13 e éd., par Goosse, § 1030).<br />

(38) Voy. Grand Robert, éd. 2001, v o « Concurrence », et Hanse, op. cit.,<br />

v o « Concurrence ».<br />

2004<br />

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