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Le Graal tome 6 - Perceval Le Gallois

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celles-ci pour les mener aux écuries, le <strong>Gallois</strong> leur recommandant de prendre grand soin de la mule<br />

blanche. Là-dessus, son hôte et lui furent désarmés, et on leur apporta deux manteaux richement tissés et<br />

ornés.<br />

D’une chambre sortit alors une dame vêtue d’étoffe écarlate, qui vint saluer son seigneur et témoigna<br />

grande joie à <strong>Perceval</strong>. Tous trois s’assirent ensuite sur un drap de soie, mais Briol s’éloigna bientôt pour<br />

ordonner d’apprêter le repas. Cela fait, il s’en fut dans une chambre au pavement d’ambre et de marbre.<br />

Brodant une ceinture, s’y trouvait une jeune fille si belle qu’on l’eût prise pour une sirène ou pour une<br />

fée. Elle se leva et salua gracieusement son père, lequel la prit par la main et l’emmena dans la salle afin<br />

de la présenter à <strong>Perceval</strong>. Dès qu’il la vit, celui-ci se leva et la salua. Elle-même s’inclina devant lui<br />

avant de s’asseoir à ses côtés. « Ma fille, dit Briol, je te prie de faire grande fête à ce seigneur, car il est<br />

preux et courtois. »<br />

Il n’ajouta rien, car les valets et les servantes entrèrent, dressèrent les tables et présentèrent l’eau.<br />

Après s’être lavé les mains, tous quatre prirent place et se mirent à manger. La jeune fille se trouvait près<br />

de <strong>Perceval</strong> et lui tint agréable compagnie pendant tout le repas qui fut aussi abondant que divers. Ils<br />

parlèrent de tout et de rien puis, comme, leur faim rassasiée, il ne faisait pas encore nuit, ils allèrent se<br />

promener au-dehors. Depuis le pont, ils contemplèrent l’eau où nageaient de beaux poissons, et la prairie<br />

fleurie au-dessus de laquelle s’ébattaient mille oiseaux. Enfin, lorsque, la nuit venue, on leur annonça que<br />

leurs lits étaient prêts, ils rentrèrent au manoir et y poursuivirent leur entretien dans la salle où l’on avait<br />

allumé des flambeaux. <strong>Perceval</strong>, qui tenait la jeune fille par la main gauche, lui demanda si elle avait un<br />

ami. « Seigneur, répondit-elle, avoir un ami ne me convient pas, je suis encore beaucoup trop jeune !<br />

Cependant, si mon cœur se mêlait d’aimer, je sais bien que rien ne m’empêcherait d’avoir un ami, beau et<br />

généreux, preux et courtois. » <strong>Perceval</strong> sourit en entendant ces paroles. « Certes, dit-il, si nous en avions<br />

le temps, j’aurais aimé te parler de ces choses. » Sur ce, les valets ayant apporté du vin et des fruits, ils<br />

mangèrent et burent à leur guise tout en continuant à parler jusqu’à l’heure où l’on conduisit <strong>Perceval</strong><br />

dans une chambre agréable. Il y trouva un lit moelleux et, comme il commençait à être très las, s’endormit<br />

aussitôt.<br />

<strong>Le</strong> lendemain matin, avant même qu’il ne fût levé, son hôte vint le saluer et l’avertir que, sur son<br />

ordre, un valet préparait la mule et les chevaux. Quand tout fut en ordre, les deux hommes se mirent en<br />

selle. La dame et la jeune fille vinrent les saluer, et tous deux partirent. Ils traversèrent d’abord un bois<br />

dense et feuillu et, après une lande, parvinrent bientôt au pont que personne n’avait jamais franchi. Celuici<br />

était bâti d’étrange façon, en bois, et coupé en deux ; un pilier de cuivre le soutenait à la cassure. Il<br />

était long d’une portée d’arbalète, et l’eau qui bruissait dessous était rapide, profonde et noire. <strong>Perceval</strong><br />

pria son hôte de lui parler du pont et de celui qui l’avait construit.<br />

« Je vais te le dire, répondit Briol, et ne te cacherai rien. Autrefois se dressait dans ces bois un manoir<br />

où résidait une dame de grande beauté qui connaissait les livres des Anciens et était plus que quiconque<br />

experte en l’art des enchantements. C’est par magie qu’elle avait construit son manoir, et elle y vivait<br />

paisiblement en compagnie de jeunes filles qu’elle instruisait en son art. Or, un jour, elle s’éprit d’un<br />

chevalier qui s’était arrêté chez elle alors qu’il poursuivait un sanglier. La bête s’était jetée dans la<br />

rivière et, la traversant, s’était réfugiée sur l’autre rive. Comme le chevalier avait juré d’atteindre le<br />

sanglier, il pria la dame de lui indiquer un point de passage sur la rivière. Elle répondit qu’il n’en existait<br />

pas.<br />

« Toutefois, la dame, qui sentait croître son désir pour le chevalier, ajouta que s’il lui octroyait un<br />

don, elle lui ferait passer, sous trois jours, cette eau sauvage et profonde. <strong>Le</strong> chevalier lui octroya le don<br />

et, le soir même, elle l’accueillit en son lit. <strong>Le</strong> lendemain matin, le chevalier lui rappela qu’elle avait<br />

promis de lui faire passer l’eau, et elle répondit que sous trois jours il passerait, pourvu qu’il demeurât<br />

avec elle. Il accepta bien volontiers, et la dame s’en vint à la rivière. Par son art, elle entreprit de

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