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Le Graal tome 6 - Perceval Le Gallois

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La Vengeance de <strong>Perceval</strong><br />

Au sortir de la vallée s’étendait une de ces belles campagnes moirées de froment et d’avoine telles<br />

qu’on en voit autour des abbayes. Et <strong>Perceval</strong> qui, de longtemps, n’avait vu champs si fertiles ni si<br />

peuplés, se demandait en quel pays son cheval galopait avec autant d’entrain. Là-bas se dressait une<br />

superbe forteresse dont les remparts, bâtis en pierre plus blanche que neige fraîche un matin d’hiver,<br />

étaient munis de cinq tours solides. Flanquée de quatre tours jumelles toutes blanches dont les toitures<br />

d’ardoise fine étincelaient au soleil, la tour centrale était vermeille, et le <strong>Gallois</strong>, émerveillé, n’en croyait<br />

pas ses yeux. La mer battait la base des murailles.<br />

Il franchit un pont qui enjambait la rivière là où celle-ci devenait plus large. Sur les rives, des<br />

pêcheurs guettaient les saumons, les bars et les esturgeons. À l’intérieur des murs se pressait une grande<br />

ville richement peuplée de chevaliers et de sergents, de bourgeois et de marchands à l’étal desquels<br />

abondaient les fourrures, les lainages rouges, les soieries bleues, les velours, les vaisselles d’or et<br />

d’argent, ainsi que des coupes et maintes pièces d’orfèvrerie. Pullulaient aussi les marchands d’épices<br />

précieuses et chères, les changeurs, cloutiers, cordonniers, chaudronniers, forgerons…<br />

Apercevant le château qui lui parut plaisant et bien tenu, <strong>Perceval</strong> pressa l’allure de son cheval et,<br />

après avoir passé le pont-levis, s’engagea sous un large portail et pénétra dans la cour. Des valets venus<br />

à sa rencontre l’aidèrent à descendre de son cheval, le débarrassèrent de sa lance et de son bouclier puis<br />

le menèrent dans une salle qui était vaste et richement décorée. Une jeune fille vint l’accueillir, qui était<br />

d’une grande beauté, de sorte qu’à sa vue un trouble infini pénétra <strong>Perceval</strong>. Elle était escortée de vingt<br />

chevaliers qui le saluèrent, le désarmèrent et le revêtirent d’un manteau de soie fourré d’hermine. « Par<br />

Dieu tout-puissant, murmura la jeune fille à l’une de ses suivantes, jamais je n’ai vu en ce monde un<br />

homme qui ressemblât davantage à <strong>Perceval</strong>, mon doux ami que j’aime tant, qui pour moi se mit en si<br />

grande peine, et qui me rendit mon domaine en triomphant de mes ennemis ! – Dame, répondit la suivante,<br />

je n’ai aucun doute quant à moi, c’est <strong>Perceval</strong> lui-même qui est devant nous ! »<br />

Alors, la jeune fille prit le <strong>Gallois</strong> par la main et, le menant vers une riche courtepointe émaillée de<br />

rosaces d’argent, l’y fit asseoir à côté d’elle. Ne sachant plus où il en était, <strong>Perceval</strong> pria son hôtesse de<br />

lui révéler son nom et le nom de la ville où il se trouvait. « À Dieu ne plaise que je te le cache, seigneur,<br />

répondit-elle, sache que je me nomme Blodeuwen et que cette cité s’appelle Kaerbeli. » À ces mots, le<br />

chevalier changea de couleur. Il regarda plus attentivement la jeune fille assise à ses côtés, reconnut son<br />

visage clair, ses pommettes rouges et ses sourcils noirs, ainsi que sa luxuriante chevelure d’or.<br />

« Blodeuwen, douce amie ! s’écria-t-il en tremblant d’émotion. Je suis <strong>Perceval</strong>, fils du comte<br />

Evrawc ! »<br />

En entendant cela, Blodeuwen ne put se retenir ; elle se précipita dans les bras de son ami, le cœur<br />

bondissant de joie, et tous les gens présents dans la salle dévisagèrent alors le nouveau venu et le<br />

reconnurent aisément. Et si leur surprise fut extrême, leur joie le fut bien davantage encore. Ainsi, par la<br />

ville, en quelques instants, la nouvelle se répandit-elle : <strong>Perceval</strong>, qui avait sauvé Kaerbeli du désastre et<br />

de la servitude, était de retour auprès de sa douce amie Blodeuwen. Dames et jeunes filles accoururent en<br />

foule le saluer, les cloches se mirent à sonner, l’encens brûla de toutes parts, et l’allégresse n’eut de<br />

cesse que la lune ne se fût montrée dans le ciel. Alors, tous se retirèrent et laissèrent tête à tête les deux<br />

amants.<br />

<strong>Perceval</strong> croyait rêver. Il ne pouvait croire que devant lui se tenait en personne son amie, la douce

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