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Le Graal tome 6 - Perceval Le Gallois

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de le servir et de prendre soin de lui. Ceux-ci le conduisirent dans une chambre basse mais somptueuse et<br />

richement ornée de tentures. En son centre se trouvait un lit drapé d’une étoffe de soie aux couleurs<br />

lumineuses. Fixées aux murs, des torches et des chandelles rivalisaient d’éclat avec la luminosité<br />

naturelle du teint de <strong>Perceval</strong>. Quand il vit qu’un seul lit occupait cette chambre, il congédia ses guides et<br />

s’assit sur une banquette placée devant le lit.<br />

Alors entrèrent quatre servantes, toutes plus jeunes et plus belles les unes que les autres, qui<br />

s’inquiétèrent de savoir s’il se trouvait assez bien logé et si son lit lui paraissait suffisamment moelleux.<br />

Elles portaient chacune un chandelier d’argent qui nimbait d’une douce lumière leurs formes gracieuses.<br />

En les voyant, <strong>Perceval</strong>, qui venait de se dévêtir, se glissa prestement sous la couverture, mais elles<br />

avaient eu le temps d’apercevoir sa nudité. Elles en furent émerveillées, tant le corps du jeune homme<br />

était souple et imberbe. Et sa bouche vermeille avait jeté dans leur esprit un trouble qu’elles réprimaient<br />

difficilement. « Seigneur, dirent-elles, demeure un moment éveillé par égard pour nous. – Certes,<br />

répondit-il, rien ne me ferait un plus grand plaisir. »<br />

Et, de fait, il était dans le ravissement de se voir ainsi entouré. Trois des jeunes filles portaient dans<br />

leurs blanches mains un plateau chargé de coupes, ainsi que des flacons d’eau fraîche et de sirops aux<br />

senteurs agréables. La quatrième tenait un linge blanc qu’elle étendit sous la nuque de <strong>Perceval</strong>. Or,<br />

lorsqu’elle se pencha vers lui et qu’il entrevit les deux globes qui tendaient son corsage, il ne put résister<br />

au désir qui le tenaillait et la pria de s’allonger près de lui. « Que non ! riposta-t-elle. N’essaie pas de me<br />

troubler, sans quoi je serais incapable de te servir au gré de mon seigneur. » <strong>Perceval</strong> n’insista pas. Il se<br />

sentait un peu las. Il but quelques coupes d’un breuvage exquis tout en bavardant aimablement avec les<br />

charmantes jeunes filles. Puis elles prirent congé et sortirent de la chambre en lui souhaitant un bon repos,<br />

mais en déplorant au fond d’elles-mêmes de devoir quitter si tôt ce jeune homme qui les faisait rêver.<br />

Alors, <strong>Perceval</strong> prit ses aises et, sans plus penser à rien, il s’endormit profondément.<br />

Ce n’est pas à l’aube que se réveilla le jeune <strong>Gallois</strong>, mais alors que le soleil brillait déjà haut dans le<br />

ciel. Quand il ouvrit les yeux et qu’il vit la lumière du jour, il commença par se demander où il se<br />

trouvait. Puis, la mémoire lui revenant, il appela à haute voix les valets. Mais personne ne répondit.<br />

Alors, se soulevant sur sa couche, il aperçut, sur le tapis qui couvrait le sol, ses armes et l’épée que<br />

l’envoyée de la Dame du Lac avait apportée et que le Pêcheur lui avait remise. Aussi lui parut-il qu’il<br />

devrait s’habiller et s’armer tout seul, sans l’aide de quiconque, et sitôt qu’il fut en tout point équipé, il<br />

sortit de la chambre et se retrouva dans la grande salle où le Pêcheur l’avait reçu avec tant de<br />

magnificence.<br />

Celle-ci était vide, et on l’eût crue inhabitée depuis des années. Une poussière épaisse jonchait les<br />

meubles et le plancher. <strong>Perceval</strong> se dirigea vers la porte d’où il avait vu surgir la jeune fille blonde qui<br />

portait la coupe d’émeraude et, l’ayant ouverte, découvrit une espèce de cave ténébreuse d’où émanait<br />

une horrible odeur de moisi. Il appela néanmoins, et bien que l’écho de sa voix se répercutât longuement<br />

de mur en mur, il n’obtint aucune réponse. Poussait-il une porte ? Elle ne révélait que de sombres réduits.<br />

Où était donc la brillante compagnie qu’il avait vue la veille au soir ? Où était donc le mystérieux<br />

Pêcheur qui lui avait procuré une hospitalité digne d’un prince ? Où étaient donc les gracieuses jeunes<br />

filles qui l’avaient entouré et pour lesquelles il s’était subitement senti tant d’attrait ? Il se demandait s’il<br />

n’avait pas rêvé, s’il ne s’était pas endormi dans une demeure déserte, comme en un refuge ultime à sa<br />

détresse avant la nuit profonde. Mais non, l’épée qu’il portait à son flanc lui confirmait la réalité de ce<br />

qu’il avait vécu. Il tira celle-ci de son fourreau, la brandit fièrement et sortit dans la cour, prêt à fondre<br />

sur quiconque se dresserait contre lui.<br />

Mais la cour était elle-même déserte et, au lieu du gazon superbe qui la parait la veille au soir, elle<br />

était encombrée d’herbes folles qui poussaient à travers des pavés disjoints. « Qu’est-ce donc que cette<br />

tromperie ! s’écria <strong>Perceval</strong>, dont l’angoisse ne cessait de croître sourdement. Apercevant près du

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