Le Graal tome 6 - Perceval Le Gallois
Le Graal tome 6 - Perceval Le Gallois
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chevauchèrent tant et à si grande allure par la forêt qu’ils atteignirent bientôt leur manoir. Quoique la nuit<br />
fût très avancée, néanmoins les valets accoururent pour les accueillir, déposèrent à terre la jeune fille et<br />
emmenèrent les chevaux vers les écuries. Une fois dans la maison, Lawri commanda qu’on servît le<br />
repas. Après que <strong>Perceval</strong> se fut désarmé en un tournemain, les valets apportèrent de l’eau pour que leurs<br />
maîtres pussent se laver les mains ; puis ceux-ci s’assirent et commencèrent à manger. Ils eurent<br />
abondance de barbeaux, brochets, saumons et perches que les pêcheurs avaient pris dans la rivière. <strong>Le</strong><br />
repas terminé, ils se délassèrent un moment pendant qu’on apprêtait à <strong>Perceval</strong> un lit de paille battue<br />
recouvert d’une étoffe moelleuse et aussi belle que chaude. On y ajouta un traversin et des oreillers puis,<br />
venant chercher <strong>Perceval</strong>, on le déchaussa et le coucha.<br />
<strong>Perceval</strong> s’endormit aussitôt, car il était fort las. Quant à sa sœur, qui l’aimait de tout son cœur, elle<br />
entra dans sa chambre et se coucha sans plus rien dire. Ils se reposèrent ainsi toute la nuit et, dès qu’on<br />
put voir le jour et que le soleil se leva, illuminant le monde de ses splendides rayons, <strong>Perceval</strong> se leva et<br />
se prépara. Nombreux furent ceux qui vinrent l’aider. Son haubert lui fut apporté, et il enfila ses chausses.<br />
Il allait mettre ses éperons quand sa sœur arriva et se précipita vers lui, le prenant dans ses bras et lui<br />
disant : « Frère, que veux-tu faire ? Mon cœur est plein d’angoisse à la pensée que tu veux partir. Il ne me<br />
restera qu’à mourir de douleur, si je ne t’accompagne. Je t’assure qu’à moins de partir, ma vie sera bien<br />
courte, car tu me laisseras affligée et solitaire en ces bois. Pourquoi tiens-tu tellement à partir, mon frère,<br />
en me laissant plongée dans l’affliction ?<br />
— Ma sœur, répondit <strong>Perceval</strong>, ne te trouble pas. Je suis sûr que nous nous reverrons bientôt, soit que<br />
je revienne ici, soit que tu me rejoignes où je serai. Je ne puis tarder davantage à poursuivre la tâche que<br />
j’ai entreprise. Sois donc sage et patiente et, au lieu de t’abandonner à ta douleur, aie confiance en moi. »<br />
Là-dessus, malgré les pleurs de Lawri, il bondit en selle et, passant le pont, s’engagea sur une route qui<br />
traversait la Gaste Forêt(36).