12.07.2013 Views

Le Graal tome 6 - Perceval Le Gallois

Le Graal tome 6 - Perceval Le Gallois

Le Graal tome 6 - Perceval Le Gallois

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

cour, la pénitence que tu avais imposée à ton amie et à quelle misère tu l’as condamnée. Cela fait, tu<br />

prieras la reine de mander le nain et la naine qui sont à la cour, et tu leur diras, je te l’ordonne, que je ne<br />

reviendrai auprès d’Arthur que je les aie vengés de l’outrage que leur a infligé l’Homme Long. »<br />

Après que l’Orgueilleux de la Lande eut promis de s’exécuter en tout point, ils se séparèrent. <strong>Le</strong><br />

<strong>Gallois</strong> s’en fut seul à travers la forêt. L’Orgueilleux mena la jeune fille à son plus proche manoir, l’y fit<br />

baigner et se reposer. Puis il la fit vêtir et parer très richement, et il l’entoura de tels soins qu’elle ne<br />

tarda pas à recouvrer toute sa beauté. Enfin, au bout de quelques jours, tous deux partirent pour Kaerlion<br />

sur Wysg où, selon la rumeur, séjournait pour lors le roi Arthur.<br />

Dès leur arrivée à Kaerlion, l’Orgueilleux de la Lande, toujours suivi de son amie, vint trouver Arthur.<br />

« Seigneur roi, dit-il, je suis ton prisonnier, fais de moi ce qu’il te plaira. Ainsi me le commanda le jeune<br />

chevalier aux armes vermeilles qui m’a vaincu en combat loyal. » Arthur comprit aussitôt de qui parlait<br />

l’Orgueilleux. « Désarme-toi, beau seigneur, répondit-il, et que Dieu donne joie et bonne aventure à celui<br />

qui t’envoie, car je ne connais meilleur chevalier que ce valet gallois. Quant à toi, sois aussi le bienvenu.<br />

Tu seras aimé et honoré parmi les miens.<br />

— Seigneur roi, reprit l’Orgueilleux de la Lande, il m’a commandé autre chose, mais je ne puis<br />

m’exécuter qu’en présence de la reine et du nain et de la naine qui sont à la cour. » Arthur fit appeler<br />

Guenièvre, et celle-ci vint accompagnée du nain et de la naine. Et quand elle eut pris place aux côtés du<br />

roi, l’Orgueilleux conta comment il avait traité son amie, puis il termina en s’adressant au nain et à la<br />

naine : « Celui qui m’a envoyé ici m’a commandé de vous saluer et de vous dire qu’il ne reparaîtra à la<br />

cour du roi Arthur qu’après vous avoir vengés de l’affront que vous a infligé l’Homme Long. » À ces<br />

mots, le nain ne se tint plus de joie. « Ah ! Kaï ! s’écria-t-il, c’est pour le coup que tu vas payer ta dette,<br />

et tu n’attendras pas longtemps ! » Quant au roi, il regarda Kaï et lui dit d’un ton sévère : « Kaï, tu as été<br />

fort mal inspiré quand tu t’es moqué du valet gallois ! Tes railleries me l’ont fait perdre. Cependant,<br />

puisqu’il en est ainsi, je jure de ne pas me reposer deux nuits de suite en un manoir jusqu’à ce que j’aie<br />

retrouvé ce valet gallois qui me fait tant d’honneur. Et je n’attendrai pas un instant de plus pour partir à sa<br />

recherche. »<br />

Cependant, <strong>Perceval</strong> chevauchait toujours sur des chemins qu’il ne connaissait pas. Comme le soir<br />

tombait, il parvint à proximité d’une forteresse sise sur une éminence qui dominait, en une vallée, le<br />

confluent de deux rivières. Il alla jusqu’à la porte et la heurta de sa lance. Aussitôt, celle-ci fut ouverte<br />

par un homme brun qui, malgré des manières accomplies et une stature de guerrier, n’en avait pas moins<br />

l’air d’un adolescent. « Entre, seigneur, dit l’homme, et sois le bienvenu parmi nous. »<br />

La forteresse recelait de nombreuses maisons. <strong>Perceval</strong> se dirigea vers la plus vaste. En entrant dans<br />

la salle, il aperçut une grande femme qui, majestueusement assise sur une banquette recouverte de velours<br />

rouge, était entourée de plusieurs suivantes toutes jeunes et fort belles. La dame se leva pour l’accueillir<br />

et le pria de s’asseoir près d’elle. Ils devisèrent un long moment puis, l’heure venue, passèrent à table.<br />

Néanmoins, le repas terminé, la dame dit à <strong>Perceval</strong> : « Seigneur, tu ferais sagement d’aller coucher<br />

ailleurs. »<br />

<strong>Perceval</strong> en fut grandement étonné. « Pourquoi ne coucherais-je pas ici ? » demanda-t-il. La dame lui<br />

répondit : « Mon garçon, neuf des sorcières de Kaerloyw(21) logent ici avec toute leur famille. Elles vont<br />

et viennent dans la forteresse toute la nuit, maltraitant ceux qu’elles rencontrent, et quiconque essaie de<br />

leur échapper vers le lever du jour, celui-là, elles le tuent aussitôt. Elles se sont déjà emparées du pays et<br />

l’ont entièrement dévasté, à l’exception de cette seule maison. Voilà pourquoi, je te le dis, tu ferais mieux<br />

d’aller coucher ailleurs, car je serais navrée qu’il t’arrivât malheur.<br />

— Eh bien ! répondit <strong>Perceval</strong>, si les sorcières jettent le trouble dans cette demeure, il convient de les<br />

en chasser. Quant à moi, je ne vois pas pourquoi je ne resterais pas cette nuit. S’il survient un danger, je<br />

vous secourrai de mon mieux. En tout cas, soyez-en sûre, je ne vous causerai aucun tort. » Là-dessus,

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!