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Le Graal tome 6 - Perceval Le Gallois

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il sauta dans la fosse, et la dalle de marbre retomba si brutalement que toute la terre en trembla.<br />

« Mais qui es-tu donc ? et comment sais-tu ce que je cherche ? cria <strong>Perceval</strong> assez fort pour que<br />

l’autre, de sous la dalle, pût l’entendre. – Tu n’en sauras pas davantage aujourd’hui, mais je t’affirme que<br />

tu en auras connaissance avant que trois ans ne se soient écoulés ! » répondit la voix du chevalier.<br />

<strong>Perceval</strong> comprit qu’il n’en tirerait pas davantage. Très perplexe, il revint vers le cheval et lui replaça la<br />

tête du cerf sur la selle. Puis il prit le brachet dans ses bras, remonta sur la mule, et celle-ci reprit son<br />

trot, non sans quitter la grande route pour s’engager dans un chemin qui était herbeux, pénible et envahi de<br />

ronces.<br />

Elle allait déjà depuis un certain temps quand <strong>Perceval</strong> aperçut une jeune femme assise sur un tronc<br />

d’arbre renversé. Vêtue d’une robe fraîche et neuve de soie bleue, elle portait en guise de coiffure un<br />

gracieux chapeau de feuilles qui dissimulait son visage. <strong>Le</strong> <strong>Gallois</strong> vint tout droit à elle et la salua. Alors,<br />

elle se leva et se découvrit. « <strong>Perceval</strong> ! dit-elle, je t’avais prévenu que je te redemanderais ma mule lors<br />

de notre prochaine rencontre. Rends-la-moi donc, ainsi que mon anneau. Ainsi en étions-nous convenus,<br />

ce me semble. »<br />

<strong>Perceval</strong> descendit et alla s’asseoir auprès d’elle. Sans hésiter, il retira l’anneau de son doigt et le lui<br />

tendit. Elle le prit et l’enfila à son propre doigt. « <strong>Perceval</strong>, reprit-elle, es-tu allé à la cour du Roi<br />

Pêcheur ? As-tu demandé ce qu’il en était de la Lance qui saigne et du <strong>Graal</strong> que porte entre ses mains<br />

blanches la jeune fille aux cheveux blonds ? – Hélas ! répondit-il, je dois t’avouer que je n’en ai pas<br />

encore trouvé le chemin. Quand j’eus passé le Pont de Verre que tu m’avais indiqué, je fus reçu par un<br />

seigneur courtois et généreux qui m’hébergea pour la nuit et qui, le lendemain, me conduisit à un pont que<br />

personne jamais n’avait franchi. Il me dit que si je pouvais le passer, je trouverais sur l’autre rive le<br />

chemin qui mène à la cour du Roi Pêcheur. J’ai passé le pont mais n’ai pas trouvé le chemin.<br />

— Si tu as passé le pont que nul n’avait pu franchir auparavant, c’est que tu es sur la bonne voie,<br />

<strong>Perceval</strong>. Voilà tout ce que je puis te dire. » Et, sans ajouter un seul mot, sans même prendre congé, la<br />

jeune femme remonta sur sa mule, la pressa vivement et disparut dans le bois que l’obscurité commençait<br />

à envahir. <strong>Perceval</strong> demeura si stupéfait et déconcerté qu’il se tint longtemps immobile au même endroit.<br />

Toute la lassitude du monde l’envahissait, et peu s’en fallut qu’il ne se mît à pleurer. Et comme il n’avait<br />

aucun espoir de trouver où s’héberger cette nuit-là, il décida de s’allonger au pied d’un arbre et de s’y<br />

reposer en attendant le jour. <strong>Le</strong> brachet se blottit contre lui, et le <strong>Gallois</strong> s’endormit, le cœur lourd, d’un<br />

sommeil que peuplèrent d’étranges visions.<br />

Quand la lumière du jour l’éveilla, il se leva et remonta sur son cheval, le brachet toujours dans ses<br />

bras. Il se disposait à reprendre sa route quand il entendit tout à coup une voix qui semblait venir de la<br />

cime de l’arbre en dessous duquel il avait passé la nuit. « <strong>Perceval</strong> ! disait la voix, <strong>Perceval</strong> ! il te reste<br />

encore bien des choses à accomplir avant de découvrir le chemin qui mène à la cour du Roi Pêcheur ! –<br />

Qui me parle ? » s’écria-t-il. Mais il eut beau lever la tête et tourner autour de l’arbre, il ne vit rien, ni<br />

homme ni bête, dans les hautes branches.<br />

« <strong>Perceval</strong> ! reprit la voix, tes yeux ne sont pas encore assez purs pour entrevoir le chemin qui mène à<br />

Corbénic. N’as-tu pas entrepris certaines affaires que tu n’as pas encore conduites à leur terme ? Qu’en<br />

est-il de la promesse que tu fis à celle qui te confia le brachet ? Qu’en est-il de la promesse que tu fis à<br />

Blodeuwen de revenir en sa demeure de Kaerbeli ? Qu’en est-il de la promesse que tu fis à ta mère de<br />

venger la mort de ton père et de reprendre les États qu’il avait injustement perdus ? Tant que tu n’auras<br />

pas tenu ces promesses, tu ne pourras jamais revenir en la cour où tu es déjà allé pour ta grande honte,<br />

n’y ayant pas posé les questions qu’on attendait de toi. – Mais, dit <strong>Perceval</strong>, comment sais-tu tout cela, toi<br />

qui me parles et que je ne vois pas ? – Je t’ai dit que tes yeux n’étaient pas encore assez purs. Il est donc<br />

naturel que tu ne puisses pas me voir. Je suis pourtant près de toi, mais comme je suis d’une essence<br />

aérienne, tu ne distingues pas mes traits. Pour que tu me voies, il me faudrait prendre une apparence qui te

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