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Le Graal tome 6 - Perceval Le Gallois

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dérobé tous nos biens et qui nous harcèle sans trêve afin de supprimer tout témoignage de sa forfaiture. –<br />

Mon oncle ! s’écria <strong>Perceval</strong>. Eh quoi ! Suis-je victime d’un sortilège ? Pas plus tard que ce matin, j’ai<br />

rencontré un homme qui, lui aussi, s’est prétendu mon oncle ! – Du côté de ta mère, il se peut, commenta<br />

le vieillard. Quant à moi, je suis le frère unique de ton père, le comte Evrawc, que j’aimais tendrement.<br />

Mais puisque tu sembles ignorer tout cela, je puis t’apprendre que ta mère avait quatre frères. L’un<br />

Garlan le Roux, possédait un redoutable pouvoir : lorsqu’il était armé et sur son cheval, personne ne<br />

pouvait le voir, aussi longtemps du moins qu’il préférait se dérober aux regards des autres. Il fut tué par<br />

le chevalier Balin, et telle est l’origine du Coup Douloureux qui frappa un autre frère de ta mère, Pellès,<br />

qu’on appelle maintenant le Riche Roi Pêcheur. Quant aux deux derniers, ils ont eu des destinées fort<br />

diverses. Après bien des aventures en terre lointaine, l’un s’est fait ermite en la Gaste Forêt, l’autre ne<br />

pense qu’à s’accaparer les possessions d’autrui : on le nomme le Roi du Château Mortel, car il n’est<br />

forfait qu’il ne se plaise à perpétuer. – Et c’est lui, dit <strong>Perceval</strong> d’un ton maussade, que j’ai combattu ce<br />

matin. Je l’ai mis en fuite.<br />

— Tu aurais dû le tuer, dit froidement l’homme aux cheveux gris. Il n’est pas de bête plus malfaisante<br />

que lui, hormis <strong>Le</strong> Hellin, qui a poursuivi ton père et moi-même de sa haine et s’est emparé de nos biens.<br />

C’est ce dernier qui a infligé à ton père la blessure fatale dont il est mort. Et c’est par traîtrise qu’il l’a<br />

attaqué, sache-le, alors que ton père l’avait vaincu en combat loyal. La vérité vraie, la voici, mon enfant :<br />

<strong>Le</strong> Hellin se trouvait à terre et criait grâce ; ton père la lui accorda et lui permit de se relever, mais alors<br />

le maudit <strong>Le</strong> Hellin le frappa, par-derrière, avec son épée. La liste est longue de ses crimes, car il tua bon<br />

nombre, hélas, de nos chevaliers, ainsi que trois de mes propres fils. »<br />

À ce moment, par une porte qui s’ouvrait sur l’un des côtés de la salle, entra un jeune homme blond<br />

qui portait un plateau d’argent sur lequel <strong>Perceval</strong> distingua nettement une tête d’homme coupée qui<br />

baignait dans son sang. « Qu’est-ce donc que ceci ? s’écria <strong>Perceval</strong>. Suis-je encore en proie au<br />

cauchemar qui me hante depuis des semaines ? Quelle est cette tête, et pourquoi se trouve-t-elle sur ce<br />

plateau ?<br />

Sans un mot, le garçon blond repassa devant lui et disparut par où il était venu. Là-dessus, l’homme<br />

aux cheveux gris prit la parole : « Je vais te le dire. La tête que tu viens de voir est celle de ton cousin,<br />

l’un de mes cinq fils, qui n’a pas été tué par ce maudit <strong>Le</strong> Hellin mais par les sorcières de Kaerloyw qui<br />

secondent celui-ci dans ses entreprises maléfiques. C’est en effet grâce à leur magie et à leur science<br />

qu’il a pu mettre la main sur nos domaines à ton père et à moi. Quant au jeune homme blond qui portait ce<br />

plateau, il est mon cinquième fils, le seul survivant, que je voudrais sauver au péril de ma vie. Mais,<br />

vois-tu, <strong>Perceval</strong>, seul un chevalier d’un courage éclatant pourra venger tous ces meurtres, et depuis<br />

longtemps on nous a prédit que cette tâche te reviendrait. Tu es libre de refuser, mais l’honneur de ton<br />

père ainsi que de ta famille pâtirait d’une dérobade. – Aussi ne me déroberai-je point, mon oncle, dût-il<br />

m’en coûter la vie. »<br />

<strong>Le</strong> repas fut modeste, car l’oncle de <strong>Perceval</strong> était démuni de tout, puis ils allèrent s’allonger sur des<br />

paillasses étendues à même le sol, dans des chambres ouvertes à tous les vents. <strong>Le</strong> lendemain matin,<br />

<strong>Perceval</strong> se leva et, stupéfait, aperçut dans la cour son cheval à l’attache près du montoir. Il alla trouver<br />

Gauvain qui venait de se réveiller, et tous deux convinrent de la conduite à adopter. Gauvain fut d’avis de<br />

demander l’aide d’Arthur et de ses compagnons contre les sorcières de Kaerloyw, et <strong>Perceval</strong>, après<br />

avoir longuement réfléchi, acquiesça. On envoya donc un messager prévenir le roi, et celui-ci vint avec<br />

ses gens au rendez-vous que leur avaient fixé <strong>Perceval</strong> et Gauvain.<br />

Sans plus tarder, ils allèrent à Kaerloyw et engagèrent la lutte contre les sorcières. L’une d’elles<br />

prétendit tuer l’un des hommes d’Arthur en présence de <strong>Perceval</strong>, et celui-ci l’en empêcha. À nouveau, la<br />

sorcière prétendit tuer un autre homme d’Arthur en présence de <strong>Perceval</strong>, et celui-ci l’en empêcha. Mais,<br />

la troisième fois, n’ayant pu empêcher la sorcière de tuer l’un de ses compagnons, <strong>Perceval</strong> tira son épée

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