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Le Graal tome 6 - Perceval Le Gallois

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l’eau pour les mains, et les jeunes gens commencèrent à manger. Ils eurent viandes à foison et vin tant<br />

qu’il leur plut d’en boire puis, le repas terminé, la jeune fille brune prit le <strong>Gallois</strong> par la main droite et<br />

l’emmena vers la fenêtre qui surplombait l’étang.<br />

« Seigneur, dit-elle, il conviendrait que tu me dises ton nom et que tu me contes tes aventures depuis le<br />

jour où je te remis le brachet. – Certes, belle amie, je n’ai aucune raison de cacher mon nom : jadis,<br />

j’étais le Fils de la Veuve Dame, et je vivais alors chez ma mère, en la Gaste Forêt, mais, à présent, on<br />

m’appelle <strong>Perceval</strong> le <strong>Gallois</strong>, fils du comte Evrawc. – Beau <strong>Perceval</strong>, tu es d’un bon lignage et, je le<br />

vois, le sort te destine à maintes prouesses. Mais, je t’en prie, dis-moi sans mentir ce qui t’advint depuis<br />

ton départ de céans. »<br />

<strong>Perceval</strong> se lança dans un long récit où il n’omit aucun détail. Il raconta comment il avait poursuivi le<br />

cerf avec l’aide du brachet, comment la cavalière lui avait ravi le chien et la tête du cerf, comment il<br />

s’était battu contre l’homme noir, ainsi que toutes les épreuves qu’il avait subies avant de récupérer et le<br />

brachet et le trophée. Il n’oublia pas non plus de dire à la jeune fille brune ce que la voix de Merlin lui<br />

avait révélé du haut de l’arbre, ni de quelle manière il avait retrouvé le chemin qui menait à son château.<br />

« Vraiment ! dit-elle, tu as éprouvé grande peine et grande souffrance afin de tenir parole ! Vois-tu où t’a<br />

conduit la colère, qui te fit jeter l’échiquier dans l’étang ? Et moi j’ai eu bien du mal à l’en retirer, soisen<br />

sûr ! – Ah ! douce amie ! si je n’avais jeté l’échiquier dans l’étang, tu ne m’aurais certes pas demandé<br />

d’aller chasser le Blanc Cerf, mais tu ne m’aurais pas fait non plus certaine promesse ! Et puisque j’ai<br />

tenu la mienne, il te faudra tenir la tienne ! » La jeune fille brune se mit à sourire. « Beau <strong>Perceval</strong>, ditelle,<br />

je serais honnie si je ne tenais la promesse que je t’ai faite, mais j’aurais encore plus mauvaise<br />

grâce à ne la point tenir… »<br />

Au comble de la joie, <strong>Perceval</strong> attira la jeune fille contre lui et lui donna deux baisers ardents qu’elle<br />

lui rendit au centuple, et tous deux, semble-t-il, y puisèrent force liesse. « Il est une chose que je souhaite<br />

te demander, dit alors <strong>Perceval</strong>. C’est au sujet de l’échiquier et des échecs : j’aimerais savoir qui fait<br />

mouvoir les pièces de façon si surprenante et qui a pu façonner un échiquier si beau. – Ami, que me<br />

demandes-tu là ? <strong>Le</strong> conte ne serait achevé qu’avec la nuit fort avancée, et je craindrais de t’ennuyer. –<br />

Sûrement pas ! Je serai trop heureux d’entendre ce récit de ta bouche. – Dans ce cas, allons-nous asseoir<br />

sur ce lit, et je te conterai la vérité à ce sujet. – Comme tu voudras », répondit le <strong>Gallois</strong>. Ils s’éloignèrent<br />

de la fenêtre et, s’asseyant sur le lit où reposait encore le brachet, installèrent l’échiquier devant eux. Ils<br />

prirent les échecs dans leurs mains et, plus il les regardait, plus <strong>Perceval</strong> les trouvait fins et beaux.<br />

« Ami, dit alors la jeune fille brune, sache que jadis vécut une demoiselle qui savait bien la magie et<br />

l’art des enchantements, pour les avoir appris depuis son enfance. Elle était si savante qu’elle connaissait<br />

toutes les vertus des étoiles, de la lune et de tous les astres qui parcourent le firmament. Elle connaissait<br />

tout des vertus du soleil. Elle pouvait dire en toutes circonstances le temps qu’il ferait le lendemain. Elle<br />

prévoyait les tempêtes et, si celles-ci devenaient trop fortes et violentes, avait le pouvoir de les apaiser.<br />

Elle était de bonne naissance, et je t’assure qu’en nul pays on n’eût pu trouver une femme si sage ni plus<br />

aimable.<br />

« Un jour qu’elle avait longtemps chevauché seule dans la campagne, elle entra dans un verger et vint<br />

en un pré où elle rencontra Morgane, la fée, sœur du roi Arthur. En ce pré se délassait Morgane, assise<br />

sous un arbre en compagnie d’un chevalier, et tous deux jouaient aux échecs. Frappée tout de suite par<br />

l’extrême beauté de l’échiquier, par la somptuosité de ses pions d’ivoire la jeune fille descendit de son<br />

palefroi et salua Morgane et le chevalier. Ceux-ci se levèrent et lui souhaitèrent la bienvenue, manifestant<br />

grande joie de la voir. Tous trois ensuite prirent place et se mirent à deviser. Or, il advint que la<br />

demoiselle aventura ses doigts sur l’échiquier et saisit la tour en sa main elle la contempla longuement et<br />

remarqua sa taille parfaite et l’or qui, en trois endroits, en enluminait l’ivoire.<br />

« Morgane lui dit alors : « Douce amie, je te prie d’emporter ces échecs pour l’amour que je te porte.

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