12.07.2013 Views

Le Graal tome 6 - Perceval Le Gallois

Le Graal tome 6 - Perceval Le Gallois

Le Graal tome 6 - Perceval Le Gallois

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

me sera une consolation, puisque je n’ai pas eu l’homme que j’aimais le plus. – Qui était donc l’homme<br />

que tu aimais le plus ? – Etlym à l’épée rouge, comte des marches de l’est. Je ne l’ai jamais rencontré,<br />

mais mon amour pour lui s’est déclaré quand j’ai entendu raconter les exploits qu’il avait accomplis(28).<br />

– Certes, répondit <strong>Perceval</strong>, voilà une chose bien surprenante. Car, sache-le, Comtesse, Etlym à l’épée<br />

rouge n’a jamais été plus proche de toi : c’est le cavalier qui m’accompagne. <strong>Le</strong> voici. Et c’est par amitié<br />

pour lui que j’ai jouté contre tes trois cents chevaliers. Il aurait pu le faire mieux que moi s’il l’avait<br />

voulu. Je te donne à lui. » Aussi, cette nuit-là, Etlym et la comtesse dormirent-ils ensemble.<br />

<strong>Le</strong> lendemain matin, <strong>Perceval</strong> se mit en route pour le Mont Douloureux. Mais au moment même où il<br />

franchissait la porte, Etlym le rattrapa et lui dit : « Seigneur, par la foi que je te dois, je pars avec toi. Je<br />

n’ai pas oublié que je suis ton homme lige. – Eh bien, soit, dit <strong>Perceval</strong>. Sache que j’éprouve grand<br />

plaisir à cheminer en ta compagnie. » Ils chevauchèrent de la sorte pendant une grande partie de la<br />

journée avant d’apercevoir le Mont Douloureux et les pavillons dressés tout autour par les chevaliers<br />

désireux de s’approprier la pierre que le serpent conservait en sa queue. <strong>Perceval</strong> s’arrêta et dit à Etlym :<br />

« Ami, va trouver ces gens, là-bas, et commande-leur de venir me faire hommage. » Etlym piqua des deux<br />

et, à peine arrivé près des chevaliers, leur dit, sans même prendre le temps de mettre pied à terre :<br />

« Venez faire hommage à mon seigneur. – De quel seigneur parles-tu ? demandèrent-ils. – De <strong>Perceval</strong> à<br />

la Longue Lance, fils d’Evrawc ! déclara fièrement Etlym à l’épée rouge. – Par Dieu tout-puissant !<br />

s’écrièrent les chevaliers, s’il était permis de mettre à mort un messager aussi insolent que toi, tu ne<br />

retournerais certes pas vivant auprès de ton maître ! Jamais demande plus arrogante n’a été faite à des<br />

rois, des comtes et des barons ! Estime-toi heureux de t’en tirer à si bon compte, retourne vers ton maître<br />

et dis-lui qu’il est un insensé ! »<br />

Etlym revint auprès de <strong>Perceval</strong> et, après lui avoir transmis le message, se vit ordonner de retourner<br />

auprès des chevaliers et de leur donner le choix soit de lui faire hommage, soit de le combattre. Il se<br />

rendit donc à nouveau vers les pavillons, mais les chevaliers répondirent qu’ils préféraient se battre. Et,<br />

ce jour-là, <strong>Perceval</strong> fit mordre la poussière à cent d’entre eux. De même en renversa-t-il cent autres le<br />

lendemain. Tant et si bien que, le troisième jour, les cent qui n’avaient pas encore combattu se résignèrent<br />

à lui faire hommage.<br />

Alors, <strong>Perceval</strong> leur demanda ce qu’ils faisaient là tous autour du Mont Douloureux. « Seigneur,<br />

répondirent-ils, nous montons la garde autour du tertre où se terre le serpent dont la queue renferme une<br />

pierre merveilleuse. Cette pierre a la vertu suivante : celui qui la tient dans une main peut obtenir dans<br />

l’autre autant d’or qu’il le désire. Or, aucun de nous n’oserait affronter le serpent. Aussi attendons-nous<br />

que quelqu’un vienne pour le combattre et le tuer. Alors, nous disputerons la pierre au vainqueur et, s’il<br />

le faut, nous nous battrons entre nous, puisque aussi bien la pierre ne peut revenir qu’au vainqueur. – Fort<br />

bien, dit <strong>Perceval</strong>. Attendez-moi ici. – Que veux-tu faire, seigneur ? demandèrent-ils. – Je veux aller<br />

rendre visite au serpent et le tuer, répondit calmement <strong>Perceval</strong>. – Permets-nous de t’accompagner, dirent<br />

les chevaliers. – Cela ne peut être, répliqua <strong>Perceval</strong>. Voilà des semaines et des mois que vous êtes là à<br />

attendre que quelqu’un combatte le serpent. Il ne vous appartient pas d’y aller, puisque vous n’avez<br />

jusqu’à présent pas eu le courage de l’affronter. Demeurez ici, j’irai seul, car si je tuais le serpent et que<br />

vous fussiez là, on pourrait toujours croire que c’est l’un d’entre vous qui en a accompli l’exploit, et j’en<br />

retirerais bien peu de gloire ! » Il s’approcha donc seul du tertre et, après en avoir dûment repéré<br />

l’entrée, s’y risqua, le poing toujours serré sur la pierre que lui avait donnée la femme aux cheveux noirs.<br />

Et là, parmi les ténèbres où se complaisait le serpent, il tua celui-ci d’un seul coup d’épée.<br />

Sur ce, il s’empara de la pierre que recelait la queue du monstre et sortit du tertre. <strong>Le</strong>s chevaliers<br />

l’attendaient tous près de l’entrée mais, comme ils lui avaient juré hommage, ils ne pouvaient rien faire<br />

contre lui. Alors, il leur dit : « Il est juste que vous obteniez quelque compensation à votre longue attente.<br />

Évaluez votre dépense depuis votre arrivée en ces lieux, je vous la rembourserai largement. » Chacun fit

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!