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Le Graal tome 6 - Perceval Le Gallois

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elles les unes que les autres, vêtues d’or et de soie. En le voyant paraître, elles se levèrent et le<br />

saluèrent, et il leur répondit avec beaucoup d’amabilité. Puis il s’assit au milieu d’elles, en compagnie de<br />

la demoiselle brune, et tous devisèrent jusqu’au moment de passer à table. Ils dînèrent de bon appétit.<br />

Cette nuit-là, la demoiselle à la chevelure noire vint rejoindre <strong>Perceval</strong> en son lit. Ils y demeurèrent,<br />

côte à côte et bouche à bouche, jusqu’aux premiers rayons du soleil levant. Aussitôt debout, <strong>Perceval</strong> ne<br />

découvrit, par tout le château, ni valet ni servante ni jeune fille. La demoiselle aux cheveux noirs se leva<br />

elle aussi, et il la pria de faire apprêter son cheval et ses armes. « Où veux-tu aller, de si bon matin ? lui<br />

demanda-t-elle. – Douce amie, répondit-il, lorsque le chevalier prisonnier du tombeau m’a parlé de<br />

certaine Colonne de Cuivre dressée au sommet d’une montagne, je n’y ai pas autrement prêté attention.<br />

Mais je sais maintenant que je dois m’y rendre, et que quelque chose m’attend là-bas, – <strong>Perceval</strong> !<br />

<strong>Perceval</strong> ! n’es-tu pas las de ces aventures que tu rencontres sans cesse ? – Il est des choses que je dois<br />

mener à leur terme avant de découvrir le chemin qui mène à la cour du Roi Pêcheur.<br />

— J’admire ton courage et ta détermination, beau <strong>Perceval</strong>, repartit-elle. Sache que tu pourras revenir<br />

ici chaque fois que tu le désireras et que je serai toujours, si tu le veux, ton amie. Quant à moi, je sais que<br />

si je te priais de rester près de moi, tu refuserais. Aussi vais-je t’aider, car je connais la route qui mène à<br />

la Colonne de Cuivre. Si tu y consens, je vais te l’indiquer. – Bien volontiers, douce amie », répondit<br />

<strong>Perceval</strong>.<br />

Elle alla donner des ordres pour qu’on préparât les armes et le cheval de <strong>Perceval</strong>, ainsi que le sien<br />

propre, car elle entendait l’accompagner jusqu’à certain lieu où elle lui ferait traverser la rivière. <strong>Le</strong>s<br />

valets vinrent donc armer le <strong>Gallois</strong> et, quand la demoiselle brune fut prête, ils descendirent tous deux<br />

dans la cour où piaffaient déjà leurs chevaux sellés. Ils sortirent du château à vive allure, suivirent une<br />

large voie et parvinrent à la rivière qui était tumultueuse et rapide. Là, <strong>Perceval</strong> vit une grande barque<br />

fermée, dont la clef se trouvait suspendue à la branche d’un grand chêne. <strong>Perceval</strong> descendit de cheval<br />

tandis que la jeune fille prenait la clef et détachait la barque.<br />

« Entre, dit-elle, et prends ton cheval avec toi. La barque vous portera très bien tous deux, n’en doute<br />

pas. Quand tu seras de l’autre côté, prends le chemin qui part sur la droite : il te conduira tout droit où tu<br />

désires aller. Quant à la barque, ne te fais pas de souci pour elle : elle reviendra ici toute seule. – Douce<br />

amie, dit <strong>Perceval</strong>, je ne sais que faire pour te remercier ! – Reviens quand tu veux », dit-elle simplement.<br />

Ils s’embrassèrent tendrement et se recommandèrent à Dieu mutuellement. Alors <strong>Perceval</strong> monta dans<br />

la barque, entraînant son cheval à sa suite. La barque navigua plus vite qu’un trait d’arbalète et, en un rien<br />

de temps, atteignit l’autre rive, où <strong>Perceval</strong> mit le pied sur une plage de sable fin. Après un dernier geste<br />

pour saluer son amie, il sauta en selle et s’éloigna dans le chemin qui s’en allait à droite, tandis que la<br />

barque retraversait la rivière et venait accoster devant la demoiselle brune. Celle-ci l’amarra<br />

soigneusement, remit la clef à sa place, remonta sur son cheval et s’en revint à son château. Là, elle<br />

s’assit sur le lit, en face du jeu d’échecs, et, tandis que le brachet se couchait à ses pieds, elle se mit à<br />

rêver.<br />

Quant à <strong>Perceval</strong>, il chevauchait sur le chemin qui longeait la rivière. Comme il s’engageait dans un<br />

bois, il remarqua un enfant, perché si haut dans un arbre immense qu’on n’aurait sûrement pas pu<br />

l’atteindre d’un jet de lance. Et, sur sa branche, cet enfant vêtu de velours rouge tenait à la main une<br />

pomme. Il paraissait avoir tout au plus cinq ans. Après l’avoir regardé attentivement, <strong>Perceval</strong> dirigea<br />

son cheval vers lui, s’arrêta sous l’arbre, et le salua. L’enfant lui rendit simplement son salut. Et <strong>Perceval</strong><br />

eut beau le prier de descendre, il répondit qu’il n’en ferait rien, dût-on le menacer.<br />

« Je ne suis pas de ton pays, ajouta-t-il, et, bien que tu sois chevalier, je ne dépends nullement de toi.<br />

D’ailleurs, si je te dois quelque chose, je m’en tiens quitte. Beaucoup de paroles vaines me sont venues<br />

bourdonner aux oreilles sans que je m’en soucie. – Ton discours ne me peine en rien, dit <strong>Perceval</strong>. De<br />

toute façon, je sais que je me trouve dans le bon chemin. – Tu es bien sûr de toi ! répliqua l’enfant. Mais

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