12.07.2013 Views

Le Graal tome 6 - Perceval Le Gallois

Le Graal tome 6 - Perceval Le Gallois

Le Graal tome 6 - Perceval Le Gallois

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

dit-il, quel voyage fais-tu ? – Celui que je veux ! répondit Érec d’un ton maussade. – Me diras-tu du<br />

moins qui tu es ? reprit Yvain, et m’accompagneras-tu auprès du roi Arthur ? Il se trouve tout près d’ici. »<br />

Érec, qui avait bien reconnu Yvain, sans qu’Yvain, lui, l’eût reconnu, s’exclama : « Laisse-moi<br />

tranquille ! Je n’irai pas voir Arthur. – Je saurai bien t’y obliger ! » s’emporta Yvain. Et, d’un coup de<br />

lance, il frappa le bouclier d’Érec si rudement que celui-ci vola en éclats. Puis, l’examinant avec<br />

davantage d’attention, il le reconnut. « Érec ! s’écria-t-il. Que t’est-il donc arrivé, cher compagnon ? – Je<br />

ne suis pas Érec et ne veux pas voir le roi Arthur ! » répéta Érec avec entêtement.<br />

Yvain se tourna alors vers Énide et la reconnut. « Belle amie, lui dit-il, que se passe-t-il donc ? – Il<br />

est blessé, malade et n’a pas tout son bon sens », répondit-elle. Yvain piqua des deux et s’en alla droit<br />

auprès d’Arthur. « Roi, dit-il, je viens de voir Érec, le fils d’Erbin, dans ce bois. Il est blessé, malade, et<br />

refuse de se présenter devant toi. – Qu’on mande des médecins, et qu’ils le soignent », dit le roi. Yvain<br />

alla donc quérir des médecins qu’il conduisit auprès d’Érec. Ceux-ci firent transporter le blessé, et on<br />

l’étendit dans le pavillon d’Yvain. Au bout de trois jours, Érec, qui allait beaucoup mieux et pouvait<br />

marcher, se rendit dans la tente d’Arthur et lui dit : « Seigneur roi, avec ta permission, je vais reprendre<br />

mon voyage. – N’en fais rien, répondit Arthur. Reste avec nous : nous allons à la recherche de <strong>Perceval</strong> et<br />

nous aurons besoin de toi. – Non, dit Érec, je n’irai pas à la recherche de <strong>Perceval</strong>. J’ai un voyage à faire<br />

et je veux aller jusqu’au bout. » Voyant bien que rien n’en ferait démordre Érec, Arthur lui fit porter des<br />

armes neuves, ainsi qu’une belle robe pour Énide. Et tous deux, ayant pris congé d’Arthur et de ses<br />

compagnons qui repartaient eux-mêmes en quête de <strong>Perceval</strong>, reprirent la route qu’Érec avait décidé de<br />

suivre.<br />

Érec ordonna à la jeune femme de prendre les devants et de maintenir l’intervalle ainsi qu’elle avait<br />

fait précédemment. Elle se mit donc en marche et suivit la grande route. Comme ils allaient ainsi, ils<br />

entendirent retentir non loin des cris d’une grande violence. « Arrête-toi, dit Érec à Énide, et attends-moi.<br />

Je vais voir de quoi il retourne. » Il s’enfonça dans le bois et atteignit une clairière dans laquelle<br />

piaffaient deux chevaux. À terre, gisait, mort, un chevalier revêtu de son armure, sur lequel une jeune<br />

femme se penchait en pleurant et en se lamentant. « Femme, demanda Érec, qu’est-il donc arrivé ? » La<br />

jeune femme se redressa et lui répondit au milieu de ses pleurs : « Seigneur, nous voyagions dans ces<br />

parages, l’homme que j’aimais le plus et moi, lorsque trois géants se sont précipités sur nous, férocement<br />

et, au mépris de toute justice, ont tué mon ami, hélas ! – Par où sont-ils partis ? demanda Érec. – Par la<br />

grande route », répondit-elle. Érec retourna vers Énide. « Va rejoindre la femme qui pleure, là-bas, lui<br />

dit-il, et attends-moi là, si toutefois je reviens. » Bien que pareil ordre la peinât fort, elle se rendit auprès<br />

de la jeune femme et tenta de la consoler. Et pourtant, elle était elle-même des plus chagrine, car elle était<br />

persuadée qu’Érec ne reviendrait jamais.<br />

Or lui, qui s’était mis à galoper sur la grande route, eut tôt fait de rattraper les trois géants. Chacun<br />

d’eux, plus grand que trois hommes, portait sur l’épaule une énorme massue. Sans plus attendre, Érec se<br />

précipita sur l’un d’eux et le transperça de sa lance, la retira du cadavre et en frappa le deuxième de<br />

même. Mais le troisième avait eu le temps de comprendre la situation. Il se retourna contre Érec et lui<br />

assena un tel coup de massue qu’il lui fendit son bouclier, lui rouvrit toutes ses blessures qui se reprirent<br />

à saigner d’abondance. Malgré cela, Érec tira son épée, fondit sur le géant et le frappa si violemment sur<br />

la tête qu’il la lui fendit jusqu’au cou. Après quoi, se remettant péniblement en selle, il rebroussa chemin<br />

jusqu’à l’endroit où l’attendait Énide. Seulement, au moment même où il arrivait près d’elle, il bascula<br />

de sa monture et tomba inanimé sur le sol.<br />

Énide se précipita pour le secourir en poussant des cris de douleur et de chagrin qui résonnèrent dans<br />

le bois, attirant l’attention du comte Limouris qui, avec ses gens, chassait par là. Tous accoururent et<br />

trouvèrent la jeune femme qui sanglotait sur le corps d’Érec. « Dame, dit le comte, que t’est-il donc<br />

arrivé ? » Énide répondit : « Hélas ! il a été tué, l’homme que j’aimais et que j’aimerai toujours ! – Et

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!