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Le Graal tome 6 - Perceval Le Gallois

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dressait un grand arbre dont une moitié brûlait depuis la racine jusqu’à la cime, tandis que l’autre<br />

arborait un feuillage vert(27). Tout ébahi d’un pareil spectacle, <strong>Perceval</strong> n’en poursuivit pas moins sa<br />

progression le long de la rivière.<br />

Il rencontra là-dessus un jeune homme qui, assis au pied d’un arbre, tenait en laisse deux limiers<br />

mouchetés, au poitrail blanc, lesquels étaient couchés à ses côtés. Jamais <strong>Perceval</strong> n’avait vu jeune<br />

homme d’aussi belle prestance et d’allure aussi royale. Dans le bois, en face, il entendit des chiens<br />

courants lever une harde de cerfs. Il salua le jeune homme, et celui-ci lui rendit son salut. Comme trois<br />

routes partaient de là, deux d’entre elles assez larges et la troisième fort étroite, <strong>Perceval</strong> demanda où<br />

elles conduisaient. « L’une, répondit le jeune homme, mène à ma demeure. Je te conseille de t’y rendre,<br />

car ma femme t’y recevra de grand cœur. Toutefois, s’il t’agrée, tu peux attendre ici en ma compagnie.<br />

Ainsi verras-tu les chiens courants pousser les cerfs fatigués du bois vers la plaine, puis les lévriers les<br />

meilleurs et les plus vaillants à la chasse que tu aies jamais vus, les mettre à mort près de l’eau, à côté de<br />

nous. Lorsqu’il sera temps de manger, mon valet viendra me rejoindre avec mon cheval, et je te conduirai<br />

moi-même jusqu’à ma demeure. Sois sûr que tu y trouveras bon accueil cette nuit. – Que Dieu te bénisse<br />

pour ta générosité, répondit <strong>Perceval</strong>, mais je ne saurais m’attarder. Il me faut poursuivre ma route. –<br />

Alors, celle-ci, la seconde, reprit le jeune homme, mène à une ville, non loin d’ici, où l’on trouve, contre<br />

espèces sonnantes, mets et boisson. – Et la troisième ? demanda <strong>Perceval</strong>. – La plus étroite ? Elle mène à<br />

la grotte où vit le dragon. – C’est donc elle que j’emprunterai, avec ta permission », dit <strong>Perceval</strong>. Et, sans<br />

plus attendre, il s’éloigna par la route étroite.<br />

Il eut bientôt atteint la grotte où guettait le dragon. Ayant pris dans sa main gauche la pierre que lui<br />

avait donnée la femme aux cheveux noirs, il entra hardiment, sa lance dans sa main droite, et aperçut le<br />

dragon tapi derrière le pilier, mais celui-ci ne le vit pas. Alors il le transperça d’un coup de lance et lui<br />

trancha la tête. En sortant, il rencontra les trois fils du Roi des Souffrances qui le saluèrent en lui révélant<br />

que, selon une ancienne prophétie, il avait été dit que le monstre serait tué par le fils de la Veuve Dame.<br />

Après qu’il leur eut donné la tête du dragon, ils lui offrirent de choisir parmi leurs trois sœurs celle qui<br />

lui plairait le mieux et de la prendre pour épouse, ainsi que la moitié de leur royaume. « Seigneurs, que<br />

Dieu vous bénisse, mais je ne suis pas venu ici pour cela. » Et, ayant pris congé des trois jeunes gens, il<br />

reprit sa route sans trop savoir où il allait.<br />

Alors qu’il traversait une forêt, il entendit du bruit derrière lui. Il se retourna et aperçut un homme<br />

monté sur un cheval rouge et revêtu d’une armure rouge. Celui-ci se rapprocha de lui et, sitôt à sa hauteur,<br />

le salua au nom de Dieu et des hommes. <strong>Perceval</strong> lui rendit son salut de manière fort amicale. « Seigneur,<br />

dit le cavalier, je suis venu vers toi te prier de m’octroyer un don. – Certes, si je le puis, je te l’octroie<br />

bien volontiers. De quoi s’agit-il ? – De me prendre avec toi comme ton homme lige. – Je le veux bien,<br />

mais dis-moi qui tu es. – Je ne te cacherai ni mon nom ni mes origines : on m’appelle Etlym à l’épée<br />

rouge, comte des marches de l’est. – Je m’étonne, dit <strong>Perceval</strong>, que tu te proposes comme homme lige à<br />

quelqu’un dont les domaines sont moins considérables que les tiens : je ne possède en effet rien d’autre<br />

qu’une mince terre en la Gaste Forêt. Mais si tu tiens tant à me suivre, je ne vois pas pourquoi je me<br />

priverais de ta compagnie. » Et ils s’en furent de conserve vers la cour de la comtesse des Prouesses.<br />

On leur y fit un accueil fort courtois. On leur dit qu’en les plaçant à table plus bas que la famille on<br />

n’entendait certes pas leur manquer de respect. Seulement, la coutume de la cour le voulait ainsi : seul<br />

celui qui terrasserait les trois cents hommes de la comtesse aurait le droit de s’asseoir à table le plus près<br />

d’elle et d’en être aimé par-dessus tout autre. Ils passèrent la soirée à deviser des prouesses qu’on leur<br />

conta, puis ils allèrent dormir.<br />

<strong>Le</strong> lendemain, <strong>Perceval</strong> jouta contre les trois cents chevaliers de la comtesse et les renversa tous<br />

successivement. Aussi, le soir, la comtesse le pria-t-elle à sa table en l’y plaçant à ses côtés. Et elle lui<br />

dit : « Je remercie Dieu pour m’avoir envoyé un jeune homme aussi beau et aussi vaillant que toi. Cela

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